La filière laine en Occitanie représente plus de 6 000 emplois, dont 72 % d’emplois salariés, et plus de 4 000 établissements, dont 220 en Aveyron. Une ressource très présente dans la région avec un tiers du cheptel ovin national. Le coût de la tonte étant supérieur au prix de la laine, cette dernière était devenue un déchet pour les éleveurs. Cependant, des entreprises régionales ont choisi de transformer la laine et perpétuent ce savoir-faire.
Jadis industrie florissante, la filière laine des Pyrénées n’existe presque plus. 80% de la laine collectée était, jusqu’à la crise Covid, exportée en Chine. Aujourd’hui les débouchés se ferment et les éleveurs n’en tirent aucun revenu. Ce qui fait dire que “la laine française, riche en histoire et en savoir-faire, se trouve à un tournant décisif de son développement.”
Pour redynamiser cette filière, les Chambres d’Agriculture ont engagé, dès 2022, un état des lieux de la ressource (La laine : Une filière qui a de l’avenir – 2022). Objectif : en faire la promotion auprès de potentiels partenaires et d’autre part, mettre en place des formations pour améliorer les qualités de laines produites dans les Pyrénées. Cette démarche n’est pas passée inaperçue. Notamment auprès du collectif Tricolor.
La philosophie et les ambitions du collectif Tricolor
Le collectif Tricolor (né en 2019), c’est un programme qui rassemble éleveurs ovins, transformateurs industriels, acteurs de la création et de la distribution et territoires pour structurer et relancer la filière de la laine en France. “Nous aspirons à faire des laines françaises non seulement un gage de qualité, mais également un symbole de respect de l’environnement, d’équité envers les éleveurs, et d’engagement envers notre patrimoine artisanal” souligne-t-on chez Tricolor.
“Le Collectif Tricolor offre l’opportunité unique de réinventer un système local, vertueux, écoresponsable et juste à l’échelle de toute une filière. L’élevage ovin est sans aucun doute le plus ancien modèle d’économie circulaire : depuis 10 000 ans, l’homme a appris à valoriser l’ensemble des co-produits de l’élevage ovin (lait, viande, laine, peaux, lanoline…). Conjuguant les savoir-faire et les expertises croisées de l’ensemble des maillons, de la génétique à la distribution en passant par les nombreux métiers qui concourent à la transformation de cette matière noble et naturelle, le Collectif Tricolor permet de remettre du sens au cœur d’un système de production malmené par plusieurs décennies de désindustrialisation et de globalisation“ souligne Pascal GautrandD, Initiateur du Collectif Tricolor.
Les 3es Journées Tricolor, à Lourdes du 14 au 16 novembre
En effet, et pas seulement dans les Pyrénées, la laine est désormais un produit qui présente un potentiel sous utilisé (4% de laine valorisée en France) que les éleveurs ont de plus en plus de mal à écouler. Le collectif vise à mieux la valoriser, à développer ou réactiver les différents maillons de la filière et à mieux rémunérer les éleveurs. Temps fort de cette dynamique : les Journées Tricolor, dont les troisième édition aura lieu à Lourdes (Hautes-Pyrénées) ces 14, 15 et 16 novembre 2024.
Programme : https://www.collectiftricolor.org/les-3emes-journees-tricolor
Pour cette troisième édition, les Journées Tricolor mettront en lumière “le rôle crucial des territoires dans la structuration de l’écosystème, tout en favorisant des échanges constructifs et des collaborations innovantes. Durant ces journées (…) nous explorons des thématiques essentielles comme l’articulation entre les différentes échelles territoriales et les dynamiques transfrontalières, tout en mettant en lumière les enjeux européens, les avancées nationales et les initiatives locales.”
L’Occitanie est déjà engagée dans une démarche active avec un contrat de filière régional Textiles, Laine et Cuir, adopté en 2021 pour une durée de cinq ans. La Région soutient fortement la relocalisation de cette activité stratégique sur son territoire et accompagne les entreprises régionales dans cet effort. Objectif : “Construire un nouveau modèle favorisant la relocalisation d’activités sur le territoire, l’émergence de nouvelles pratiques plus écoresponsables comme le recyclage, et maintenir les compétences.”
Recyclable, biodégradable, thermorégulatrice, isolante, fongicide… La laine présente de nombreuses qualités naturelles, mais répond aussi à la nouvelle tendance en faveur des circuits courts, à la faible empreinte carbone. Si certaines entreprises régionales historiques perpétuent ces savoir-faire depuis des siècles, d’autres ont choisi de travailler la laine plus récemment, d’autant que les utilisations de la laine sont multiples : vêtements, déco, literie, mais aussi BTP, jardinage, cosmétique, énergie…
La filière laine française n’attend donc pas un miracle lors de son passage à Lourdes, mais elle veut affirmer sa conviction qui tient en un ver de La Fontaine : “Aide toi et le ciel t’aidera” (in Le Chartier embourbé).
Philippe MOURET
Original : Par leur soutien à l’activité pastorale et en tant qu’acteur du territoire, les Parcs naturels régionaux se mobilisent aussi dans le programme Tricolor avec diverses initiatives. A titre d’exemple, dans le Haut-Languedoc, le Parc naturel régional, avec un co-financement de la Région Occitanie, teste sur les laines locales l’industrialisation de teinture à base de plantes envahissantes ou invasives connues pour leurs propriétés colorantes. Plus d’infos : https://www.parcs-naturels-regionaux.fr/les-enjeux/agriculture-et-alimentation/tricolor-un-collectif-pour-la-renaissance-de-la-laine-en
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