La présentation du trésor de la célèbre cathédrale Sainte-Cecile d’Albi (Tarn) posait, depuis quelques années, des difficultés portant à la fois sur la conservation et la sécurité des œuvres. La chape de chaux créée dans la salle médiévale ans les années 1990, se dégradait sous l’action répétée du passage des visiteurs, et générait un fort empoussièrement dans les vitrines, par ailleurs non étanches. L’électricité, devenue obsolète, posait des problèmes de maintenance, et les vitrines ne répondaient plus aux normes de sûreté conseillées par le ministère de la Culture.
Désormais, le site respecte “toutes les exigences en termes de normes de conservation : éclairage, étanchéité des vitrines, sûreté, contrôle du climat” dans certaines vitrines contenant des œuvres fragiles. Coût des travaux : 1 013 440,95 €, financé en intégralité par l’État, dont 730 000 euros dans le cadre de France Relance.
Le nouveau mobilier muséographique permet aux visiteurs de, à la fois, “se reposer en contemplant les œuvres et aussi d’aller plus loin dans la connaissance des objets par le biais de fiches ou de contenus numériques”, qui seront enrichis tout au long de l’année 2023.
De plus, les personnes à mobilité réduite ne pouvant se rendre dans les salles bénéficieront, dès le printemps, d’une médiation spécifique sur une borne installée dans la chapelle du Saint-Sépulcre, située près de la billetterie.
La nouvelle scénographie des deux salles du trésor se veut élégante et intemporelle, mais surtout, “respectueuse de l’architecture, tel un dialogue.” Le travail mené “sublime les courbes des niches de la salle médiévale et souligne les volumes bruts de la salle moderne.”
On redécouvre maintenant ces deux salles sous un jour nouveau, entre noir profond et or sacré des vitrines, du mobilier et du graphisme. Ce dernier, épuré, jouant de contrastes minimalistes, accompagne le visiteur dans sa déambulation et sa lecture. “Les objets liturgiques sont ainsi magnifiés dans leurs nouveaux écrins, attestant de leur pouvoir esthétique et historique…”
Philippe MOURET
A propos du “trésor” :
De l’ancien trésor de la cathédrale, on sait peu de choses par les sources. Aucun texte médiéval n’atteste en effet d’un trésor ni de son emplacement dans la cathédrale. Ce n’est qu’à l’époque moderne que l’on mentionne des actes du chapitre conservés dans la salle audessus de la sacristie.
Dans cette pièce, huit niches maçonnées et munies autrefois de portes pouvaient être fermées afin de sécuriser les objets qu’elles contenaient. Ces observations ont été rendues possibles par les travaux d’aménagement du trésor.
Débutées en 1993, les études commandées par l’État (Drac) à Patrice Calvel, architecte en chef des monuments historiques, visaient à réutiliser cet espace alors à usage de chapelle mariale. Son décor et ses dispositions du XIXe, qu’il était prévu de conserver, furent finalement déposées pour restituer les aménagements d’origine.
Le projet proposé par Marie-Anne Sire, inspectrice des monuments historiques, visait à rassembler et montrer nombre d’objets alors conservés pour la plupart dans la sacristie et provenant tous de la cathédrale et appartenant à l’État. Cette première salle du trésor, appelée salle médiévale en raison de ses dispositions, fut inaugurée en 1997.
Dès l’origine, le projet visait à réutiliser également l’ancien appartement du sacristain comme deuxième salle du trésor. Cet espace contigu n’a été construit qu’en 1880 à cet effet, audessus de la chapelle de semaine. Débarrassée des aménagements anciens, cette salle fut inaugurée en 2010 pour accueillir principalement des objets provenant des paroisses du Tarn en un “trésor de regroupement.”
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