Pour 2025, Carole Delga annonce que la Région arrêtera de pallier aux désengagements de l’Etat. “En accélérant les économies de fonctionnement”. Les agences régionales passeront de 7 à 3, les autres effectifs resteront stables ; certains projets qui ne sont pas encore engagés seront “réinterrogés“. Carole Delga et sa majorité ont décidé de maintenir un même niveau d’investissement dans trois axes principaux : le pouvoir d’achat, l’emploi et la santé.
“La situation budgétaire de la France est dégradée et extrêmement préoccupante.” Présidente PS de la région Occitanie, Carole Delga a résumé ce matin la crise des finances publiques pour laquelle le Premier ministre a prévu 20 milliard d’euros d’impôts nouveaux et 40 milliards d’euros d’économies pour pallier une fuite en avant de l’endettement du pays passant de 2 258 milliards d’euros à 3 200 milliards d’euros en 7 ans. Le gouvernement s’apprête ainsi à réclamer 5 milliards d’euros aux collectivités dont “un effort disproportionné de 1,4 milliard d’euros aux régions ; il en va de la souveraineté de la France”.
“Les régions prendront leur part mais dans de justes proportions”
Carole Delga, également présidente des Régions de France le redit, avant que les 158 conseillers ne se réunissent en visio ce jeudi après-midi pour une assemblée plénière qui aurait dû valider le budget qui le ne sera, situation exceptionnelle, qu’en début 2025 : “Les régions prendront leur part mais dans de justes proportions. L’échelon régional est le plus touché…”
La Région a déjà subi près de 210 M€ de baisses imposées et non compensées en 2023 et 2024 : 73 M€ de recettes en moins en 2023 auxquels s’ajoutent 106 M€ en 2024 ainsi que 30 M€ de non compensation des surcoûts énergétiques contrairement aux autres collectivités. Pour 2025, l’Occitanie devrait subir une nouvelle perte estimée à 187 M€ à laquelle s’ajoute l’impact des décisions antérieures de l’État. Cet effort est disproportionné, alors que la Région Occitanie connaît une forte dynamique démographique impliquant de nécessaires investissements (lycées, formations, transports routiers et ferroviaires) et un revenu par habitant plus faible que la moyenne.
En 2025, la Région arrêtera de pallier les désengagements de l’État, notamment en matière de rénovation énergétique et d’investissements ferroviaires pour un réseau dont l’État est propriétaire…”
“Pour autant, a-t-elle argumenté, les Régions ont largement contribué à la solidarité financière en faisant preuve d’un engagement inédit lors de la crise sanitaire et économique. Face au choc inflationniste, nous sommes la seule collectivité à n’avoir reçu aucune compensation financière. Le compte n’y est pas… C’est pourquoi, en 2025, la Région arrêtera de pallier les désengagements de l’État, notamment en matière de rénovation énergétique et d’investissements ferroviaires pour un réseau dont l’État est propriétaire…”
Mieux : “(…) Les Régions ont fortement contribué aux efforts de solidarité nationale. Elles ont été sollicitées pour participer à la gestion de la crise sanitaire, investir pour la relance de l’économie ainsi que dans le développement des mobilités décarbonées. Dans ce cadre, entre 2019 et 2023, les Régions ont augmenté de 26 % leurs dépenses d’investissements au niveau national. Dans le même temps, elles ont subi une forte hausse de leurs dépenses de fonctionnement, en raison du choc inflationniste (surcoûts énergétiques dans les lycées et dans les transports routiers et ferroviaires en
particulier). Pour autant, les Régions ont été le seul échelon à ne pas bénéficier de compensations de la part de l’État.”
“Chasse aux doublons avec l’État”
Parmi les économies, Carole Delga, qui a expliqué que le choix s’est porté sur “l’accélération des économies de fonctionnement”, a cité la réduction du nombre d’agences régionales, de 7 à 3 grandes agences régionales (économie, climat et culture) pour près de 17 M€ économisés d’ici 2028. Le travail avait été engagé dès 2016 avec la diminution de 17 à 7 agences pour un gain déjà engagé de 22,5 M€. “La collectivité gèlera également la création de nouveaux postes en 2025 et nous procédons actuellement à une large revue de nos politiques et de nos projets dans la construction de notre prochain budget.”
Revoir les péages ferroviaires en hausse de 8 %
Pas question d’embaucher évidemment alors que la masse salariale représente 17, 8 % du budget contre 19,1 % en moyenne dans les régions françaises. Carole Delga a annoncé la “chasse aux doublons avec l’État comme par exemple entre Rénov’Occitanie et ma Prim’Rénov (2 M€ par an d’économie) ; rationalisation des participations aux organismes extérieurs (ex : EID, pour 2,3 M€)”. Et ne plus pallier les désengagements de l’Etat : rationaliser là aussi les participations régionales dans les organismes d’État, ainsi que ses participations au bénéfice de l’État. Une demande a été faite à Bercy de revoir le modèle hyper inflationniste de SNCF Réseau sur les coûts des péages ferroviaires en refusant la progression de + 8 % en 2025. “Plus il y a de trains, plus on doit payer…”
Tous les engagements pris ou les subventions validées seront honorés mais nous allons devoir réinterroger tous les projets d’avenir. Sur les mobilités, par exemple”
La présidente de la Région Occitanie a ajouté que “tous les engagements pris ou les subventions validées seront honorés mais nous allons devoir réinterroger tous les projets d’avenir. Sur les mobilités, par exemple.” Surtout si l’Etat se désengage en tout ou partie, notamment en dessous du seuil habituel de 50 %. “De notre côté, nous allons continuer à privilégier l’aménagement du territoire : continuer les travaux sur la voie ferrée de la rive droite du Rhône ; celle de Luchon et Alès-Bessèges. Quant à celle reliant Rodez à Séverac, on va voir.”
La LGV ? “Maintenue“. Que ce soit le Toulouse-Bordeaux ou Montpellier-Béziers. “En revanche, nous suspendons la commande de nouveaux trains, comme la région Aquitaine avec laquelle nous formons un consortium d’achats de rames…” Carole Delga a aussi annoncé une pause dans certains volets du contrat plan Etat-Région au moins le temps de réunir une nouvelle conférence des financeurs. Ce qui fait craindre des recherche d’économies substantielles dans la recherche, l’enseignement supérieur et la culture.
Comme Jean-Luc Moudenc “qui ne veut et ne peut plus financer enseignement supérieur et recherche… On va donc devoir refaire une conférence des financeurs avec l’État en janvier. Sur ces thèmes-là mais aussi sur le volet culture et ensuite on devra faire des choix sur la question des mobilités dont certains projets ne pourront pas se réaliser ; déjà, l’Etat, par exemple ne s’est toujours pas engagé sur le financement de la RN 88 en Aveyron et Lozère. On attend depuis un an et demi…Normalement c’est 50 %. Si le premier financeur ne le fait plus, ce ne sont pas les régions et les départements qui vont pouvoir le faire.”
“Travailler sur les nouvelles modalités d’aide financière auprès des communes”
“Nous allons également travailler sur les nouvelles modalités d’aide financière auprès des communes. Certains présidents de département, comme ceux de l’Hérault et des Hautes-Pyrénées ont déjà annoncé arrêter les aides aux communes. D’autres sont sur la même ligne. Bien sûr, a laissé entendre Carole Delga, les aides aux départements de l’Aude et des P.-O., notamment sur la question de l’eau, des ouvrages hydrauliques, mais aussi pour soutenir la viticulture et l’agriculture, devraient être maintenues.”
Même niveau d’investissement dans trois axes principaux : le pouvoir d’achat, l’emploi et la santé
Carole Delga et sa majorité ont décidé de maintenir un même niveau d’investissement dans trois axes principaux : le pouvoir d’achat, l’emploi et la santé. “Nous avons d’ores et déjà fait le choix de maintenir nos aides comme la rentrée scolaire la moins chère de France avec l’ordinateur portable pour les lycéens, nous allons continuer à faire en sorte que les salariés paient 1 € maximum le trajet les trains à 1 € pour les salariés, la gratuité d’usage des trains et des cars liO pour les 12 ans à 26 ans et le recrutement de médecins dans les déserts médicaux.” Et de maintenir les aides aux entreprises.
Carole Delga demande à ce que les institutions nationales baissent, elles aussi, drastiquement leurs dépenses ; elle a recommandé des pistes d’économie, notamment via la réduction du nombre d’agences (“Plus de 400 !”) souvent redondantes, ainsi que la suppression d’un certain nombre de doublons entre l’État et les Régions, notamment sur l’accompagnement des entreprises ou l’orientation scolaire. Ce n’est pas tout.
“Revisiter le modèle de financement des grandes infrastructures de transport”
La présidente des régions de France a aussi demandé à l’État de “revisiter le modèle de financement des grandes infrastructures de transport : Sociétés de Grands Projets”, péages ferroviaires, versements mobilités, taxes sur les cartes grises et réallocation des concessions autoroutières ; et à ce que l’État lance une nouvelle étape de décentralisation. Sans oublier de demander, long serpent de mer, à Michel Barnier “de travailler sur la fin des concessions d’autoroutes” qui dégagent de juteux bénéfices, de l’ordre 4 milliards d’euros par an, “alors que les investissements sont très largement amortis”...
“L’État maintient certains de ses services aux entreprises
D’autres pistes ont été évoquées comme la hausse du forfait mobilité pour des futurs transports supplémentaires ; de celle du pourcentage sur les cartes grises, “seule ressource fiscale à hauteur de seulement 6 % de nos recettes, le reste dépend du bon vouloir du gouvernement”… Carole Delga et les autres présidents de Région ne comprennent pas pourquoi l’Etat “maintient certains de ses services aux entreprises, notamment dans l’accompagnement, qui font là aussi doublon avec ceux des régions. Idem pour le service public de l’orientation : nous avons été étonnés avec les réseaux consulaires qu’il y avait eu plus de 1 000 recrutements par l’Education nationale pour le bureau des entreprises dans les lycées professionnels alors que ceux qui font le lien entre le monde de l’entreprise et celui de l’éducation, ce sont les régions. Les CCI et les chambres des métiers auraient pu y être associées…”
Et Carole Delga de conclure : “J’ai donné les grands axes mais les élus régionaux vont me présenter dix jours leurs propositions et je commencerai à arbitrer. Nous aurons le débat sur les orientations budgétaires le 19 décembre. La finalisation du budget aura lieu en janvier.”
Olivier SCHLAMA
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