Le moins que l’on puisse dire c’est que le double rendez-vous (masculins et féminines) des équipes de France avec leurs homologues anglaises, samedi dernier à Warrington. n’a pas tourné à l’avantage des formations tricolores. 64-0 en faveur des anglais chez les hommes, et même déroute (64-0, encore) pour les féminines ! Deux corrections, pour mesurer l’écart entre la France et les grandes nations du Rugby à XIII. Manifestement, le XIII en France ne va pas bien. Alors, que faire pour éviter une humiiation lors de la Coupe du Monde qui sera disputée en France en 2025 ? Le président de la FFR XIII, Luc Lacoste a son idée….
Que retenez-vous des deux matchs qui ont eu lieu le week-end dernier à Warrington ?
Luc Lacoste : Les résultats sévères enregistrés par nos équipes de France ne sont finalement que le reflet d’une réalité conjoncturelle, spécifique à ces deux matches. Il faut comprendre que ce week-end est un cas particulier qui ne peut être représentatif. Ces deux matchs sont la confirmation des enseignements déjà faits suite à la Coupe du Monde et la réunion du Club France du 19 décembre dernier, dirigée par Trent Robinson.
Comment expliquez-vous la défaite du XIII Féminin ?
Concernant les féminines, la très large défaite est finalement assez simple à comprendre, alors que les derniers matchs contre l’Angleterre étaient encourageants. Il manquait douze filles, qui ont participé à la dernière Coupe du Monde dont cinq qui ont définitivement arrêté leur carrière internationale et sept, qui sont des Bleues en puissance, qui n’ont pu rejoindre la sélection pour diverses raisons (blessures, contraintes professionnelles, et une en Australie au club des Roosters).
Il s’agissait donc d’une équipe “orpheline”, en pleine reconstruction. Alors oui, il y a une histoire à nécessairement reconstruire, où des leaders naturelles devront se dégager dans les mois à venir. Il faut aussi que chacune des filles comprenne la nécessité d’intensifier les efforts, pour être au rendez-vous de 2025. Enfin, nous avons identifié la nécessité de répartir les joueuses dans plus de clubs et pourquoi pas, parfois et pour le court terme, à l’étranger.
A Warrington, il y a eu également une lourde défaite de l’équipe masculine…
La défaite est effectivement trop large. Je crois qu’expliquer cet échec relève d’un constat factuel assez simple à comprendre. Notre effectif était amputé de ses meilleurs joueurs de Super League. Nous avions malheureusement quinze joueurs sélectionnables absents, dont dix joueurs blessés et cinq non disponibles comme Garcia, Bousquet, Navarrete, Séguier et Belmas.
A l’arrivée, l’équipe était composée essentiellement par huit joueurs évoluant en Championship et Elite 1. Nous savons tous combien le fossé qui sépare le très haut niveau de nos pratiques habituelles est profond. Les Anglais, quant à eux, jouaient avec 100% de joueurs en Super League dont 80% de titulaires incontestables, répartis dans de nombreux clubs.
Sur ce point, c’est loin d’être le cas de l’équipe de France
En effet, il faut constater une trop forte dépendance de l’équipe nationale aux Dragons Catalans et au Toulouse Olympique, qui font en interne un travail remarquable. Mais la dépendance face à ces deux clubs ne peut permettre d’aligner facilement la meilleure équipe pour des raisons que chacun comprendra.
Face à toutes ces contraintes, quelles solutions pensez-vous mettre en place pour les futures générations ?
Pour le moyen et court terme, des travaux sont en cours. Depuis la Coupe du Monde en Angleterre et en prévision de la prochaine, la Fédération a mis en place un plan sportif pour améliorer ses performances et ses résultats. Celui-ci s’étend bien sûr sur plusieurs années (2023-24-25), avec notamment : la mise en place d’un suivi individuel des joueurs à fort potentiel à partir des U17, des U19 et la création d’une transversalité jusqu’aux équipes de France.
Signalons également l’arrivée de Rémi Casty et Adam Innes dans le staff en charge de ce suivi au sein du Club France, comme souhaité par le Directeur du Rugby. Nous intensifions la recherche de nouveaux joueurs en capacité d’être éligibles aux équipes de France en 2025 (donc jouant en France depuis 2020). Nous portons une attention toute particulière sur les joueurs et joueuses de Nouvelle-Calédonie, qui évoluent pour certains en Australie, Nouvelle-Zélande… Enfin, nous entendons faciliter les départs vers l’étranger (Super League voire Hémisphère Sud) de joueuses et joueurs, pour parfaire leur niveau sportif.
Pour accompagner toutes ces propositions, quel cadre opérationnel pensez-vous déployer ?
Depuis maintenant plus d’un mois, en soutien des staffs, une cellule de veille, pilotée par la commission “de la Technique et Formation” sous la houlette de Robert Cousty, a été créée. Cette instance utilisera tous les moyens connus à ce jour et à notre disposition pour évaluer la performance (data, vidéos, etc …) pour faire émerger de manière “scientifique” les standards actuels du haut niveau. Certains sont envisageables d’autres plus complexes à atteindre.
Pour cela, à nous de réinventer la spécificité française. Tout ceci doit permettre aux équipes de France de retrouver leur joie, leur envie de jouer conformes aux ambitions affichées. Les équipes de France sont et restent une priorité. L’ensemble du système, de nos clubs pro à nos clubs de l’Elite et bien au-delà, doit se mobiliser et faire les efforts nécessaires pour que notre Club France conserve son indispensable statut fédérateur.
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