Castres : L’avenir de la seule Maison de naissance d’Occitanie se joue en octobre

Photo ©Ministère des Solidarités et de la Santé

Les « Maisons de naissance » sont des structures autonomes qui, sous la responsabilité exclusive de sages-femmes, accueillent les femmes enceintes dans une approche personnalisée du suivi de grossesse jusqu’à leur accouchement.

Une nouvelle forme de prise en charge de la grossesse et de l’accouchement, proposant donc une moindre technisation, une médicalisation “raisonnée” de la grossesse et une approche plus physiologique de l’accouchement. Une structure gérée par des sages-femmes exerçant en libéral, mais réunies autour d’une philosophie commune. Ici, pas de péridurale, de monitoring ou de position imposée. Pas d’épisiotomie non plus…

“Ces maisons de naissance (…) sont contiguës à un établissement de santé avec lequel elles passent convention, ce qui garantit une meilleure qualité et sécurité des soins en cas de complication ou de nécessité de transfert”, précise le ministère des Solidarités et de la Santé qui a défini un cahier des charges très précis.

Une seule “Maison” en Occitanie : Doumaïa à Castres

Photo D.-R.

Ainsi la Maison de naissance Doumaïa, de Castres, dont les locaux sont situés dans l’enceinte de l’Hôpital Pays d’Autan, juste à côté de la maternité du Centre hospitalier intercommuna Castres-Mazamet. Unique en Occitanie, la Maison de naissance Doumaïa (dont le nom associe la Domus latine à l’aînée des Pleïades, Maïa) fait partie des neuf structures autorisées à fonctionner de manière expérimentale pendant 5 ans en France (une seule a finalement renoncé, à Vitry-sur-Seine).

De nombreux pays (Allemagne, Suède, Suisse, Belgique ou encore Québec) développent de plus en plus de maisons de naissance qui deviennent les structures les plus prisées des parents.

Depuis le 10 mars 2017, Doumaïa offre donc un espace d’accueil pour les femmes enceintes et leur partenaire. Un lieu autonome et physiquement distinct du domicile et de la maternité, “uniquement dédié aux grossesses et naissances physiologiques et prévue pour accueillir un nombre raisonnable de naissances par année, afin de lui conserver un caractère intime et familial” précisent les sages-femmes qui partagent l’expérience.

Le 100e bébé est né le 14 septembre

Une fête pour Louise, 100e bébé né à Doumaïa… Photo D.-R.

Le 14 septembre dernier, la petite Louise a été le 100e bébé né dans l’une des deux chambres de naissance de cet établissement réparti sur 140m², avec un espace d’accueil et une salle de consultation, ainsi qu’une cuisine pour les parents.

“Cette année, 35 bébés sont nés chez nous”, souligne l’une des sages-femmes de l’expérience, Juliette Dassonville-Leroy, qui précise que “les familles ont des profils socio-culturels très différents. Et il y en a qui viennent de Saint-Pons, Béziers,lbi, de Dordogne… Ce qu’elles apprécient, c’est que l’accompagnement est global et réalisé par une seule et même sage-femme, même si le jour de l’accouchement, nous sommes deux.”

Sur le site de Doumaïa, on précise que “après la naissance, votre sage-femme s’assurera que vous et votre bébé allez bien. Elle vous laissera un temps de repos pour faire connaissance avec votre enfant et vous conseillera pour ses premiers soins. L’allaitement (au sein ou au biberon) sera également initié à ce moment-là. Dans les heures qui suivent la naissance vous retournerez à votre domicile. Afin de poursuivre votre accompagnement, la sage-femme viendra à votre domicile les jours suivants la naissance, en fonction des besoins… (Lire la suite)”

Dans l’attente d’une décision ministérielle le 3 octobre

Cet accompagnement personnalisé et humain de la grossesse jusqu’au suivi du bébé après la naissance, séduit les parents. D’autant que “les tarifs de tous les actes des sages-femmes de l’association sont ceux des honoraires conventionnés, remboursés par la sécurité sociale.” Mais si ce type de “maison” est déjà très bien perçu à l’étranger (l‘Allemagne en compte environ 120 !), la France reste quelque peu frileuse. Et si tout semble aller pour le mieux à Castres, les sages-femmes de Doumaïa attendent tout de même avec quelque anxiété la décision qui sera prise le 3 octobre prochain, sur les suites à donner à l’expérience.

“Des évaluations trimestrielles sont réalisées”, précise Juliette Dassonville-Leroy “qui permettent de déterminer ce qui peut être amélioré et qui abordent les différentes problématiques. Mais nous n’avons encore aucune idée de l’avenir. Nous avons essayé de faire intervenir des députés, mais leurs questions à l’Assemblée sont demeurées sans réponse. Aujourd’hui nous restons dans l’expectative, avec bien sûr l’espoir d’une pérennisation” et l’épée de Damoclès d’une décision d’arrêt brutal, peu probable mais toujours possible.

Difficile d’obtenir le témoignage des 100 bébés déjà nés à Doumaïa, mais ils constituent tout de même un bel argument, non ? Et le groupe de Castres espère donc une confirmation de son existence, mais aussi que l’expérience puisse se développer.

Philippe MOURET