Méditerranée : Un rorqual de 25 tonnes repêché à Agde !

"Chez nous, ce mammifère marin se nourrit de krills (petites crevettes), de petits poissons, de crustacés et de calmars. "Avec une population de 3 000 à 5 000 individus en Méditerranée, c'est une espèce vulnérable très sensible à la pollution par métaux lourds, pesticides, aux plastiques, aux perturbations sonores mais surtout aux collisions avec les gros navires, principale cause de sa mortalité non naturelle", explique Renaud Dupuy de la Grandrive. Photos : Renaud Dupuy de la Grandrive.

Le cadavre d’un mammifère marin de 25 tonnes a été autopsié pour connaître les raisons de son décès. Ce n’est pas le premier de ce type en Méditerranée française. Le point avec  Renaud Dupuy de la Grandrive, directeur du milieu marin de l’Aire marine protégée d’Agde.

“C’est le deuxième plus gros animal du monde ; ce spécimen mesure 17 mètres et pèse dans les 25 tonnes…” Cet animal que décrit Renaud Dupuy de la Grandrive, directeur du milieu marin de l’Aire marine protégée d’Agde, a été repêché vendredi, à deux kilomètres de la côte, et ramené à terre grâce à la vedette de la SNSM. Les services du milieu marin d’Agde, ceux de la plage et la voirie de la commune ont pu traiter ce mammifère marin une fois celui-ci à terre.

Cette espèce de baleine croise au grand large de nos côtes, plutôt vers le Sud où il peut descendre dans les canyons sous-marins catalans profonds de 500 mètres pendant 20 minutes.”

Renaud Dupuy de la Grandrive
Des prélèvements ont été effectués. Photos : Photos : Renaud Dupuy de la Grandrive.

C’est un rorqual commun (la vidéo ICI). Il est surnommé aussi “Lièvre des mers, à cause de sa vitesse de pointe de 40 km/heure ! “Cette espèce de baleine croise au grand large de nos côtes, plutôt vers le Sud où il peut descendre dans les canyons sous-marins catalans profonds de 500 mètres pendant 20 minutes. Il peut atteindre 25 mètres de long et 50 tonnes. En termes de masse, le rorqual arrive juste derrière la baleine bleue (30 mètres, 170 tonnes !)”, précise Renaud Dupuy de la Grandrive.

Une espèce vulnérable et très sensible

Chez nous, ce mammifère marin se nourrit de krills (petites crevettes), de petits poissons, de crustacés et de calmars. “Avec une population de 3 000 à 5 000 individus en Méditerranée, c’est une espèce vulnérable très sensible à la pollution par métaux lourds, pesticides, aux plastiques, aux perturbations sonores mais surtout aux collisions avec les gros navires, principale cause de sa mortalité non naturelle.

 

Il y a au moins déjà eu un cas semblable à Marseillan-plage il y a quelques mois et d’autres à Leucate et Port-la-Nouvelle il y a quelques années.”

Photos : Renaud Dupuy de la Grandrive.

“Ce n’est pas le premier cadavre de rorqual que l’on repêche dans les eaux de la Méditerranée française. Il y a au moins déjà eu un cas semblable à Marseillan-plage il y a quelques mois et d’autres à Leucate et Port-la-Nouvelle (Aude) il y a quelques années”, précise encore directeur du milieu marin de l’Aire marine protégée d’Agde. Ce dernier bénéficie d’une “carte verte”, une autorisation délivrée par les autorités compétentes pour pouvoir effectuer des prélèvements et pratiquer une autopsie pour tenter de connaître les raisons de ce décès.

Pas de traces de collision

“Il n’y a pas de traces évidentes ni d’hématomes, laissant imaginer qu’il y a eu une collision avec un navire, par exemple. Après avoir prélevé des morceaux de foie, d’estomac, de peau, d’un peu de lard, de langue, etc., nous les avons congeler avant de les envoyer à l’observatoire Pelagis de la Rochelle pour analyses. Les rorquals peuvent mourir à la suite d’une collision, à cause d’une présence de métaux lourds ou d’un taux anormalement élevé de pesticides. Sans oublier les innombrables morceaux de plastique.” Un virus ou une maladie complètent le tableau des possibilités.

Contactés, les scientifiques de l’observatoire Pélagis du CNRS sont restés injoignables.

Olivier SCHLAMA