Caisses d’Épargne : Alain Di Crescenzo : “Je suis un convaincu de l’épargne de proximité”

Etude sur les jeunes au Sénat ©FNCE

Le Toulousain Alain Di Crescenzo, élu en mai président de la Fédération des Caisses d’Épargne, fervent défenseur de ce modèle coopératif, porte une “ambition : que les Caisses d’Épargne soient la référence en matière d’épargne.”

Alain Di Crescenzo, qui a grandi dans le quartier du Panier, à Marseille, et a présidé la CCI de Toulouse, est le nouveau président de la Fédération nationale des Caisses d’épargne depuis le 24 mai 2023 jusqu’en 2026. Âgé de 61 ans, il est diplômé de l’École nationale supérieure des Arts et Métiers (Ensam) et titulaire d’un DEA de mathématiques appliquées. Il est également président du conseil d’orientation et de surveillance de la Caisse d’Épargne de Midi-Pyrénées depuis le 30 avril 2020 et président de CCI France depuis le 25 janvier 2022, le réseau consulaire français, unique, qui fédère les 121 chambres de commerce et d’industrie du territoire.

S’occuper de la stratégie et de la marque

Alain di Crescenzo, président de la Fédération des Caisses d’Épargne. Ph. Pierre Louis Drouere

Alain Di Crescenzo est un fin connaisseur du monde économique et un interlocuteur privilégié des pouvoirs publics. Il dit : “L’ancienne présidente, Dominique Goursolle-Nouhaud, a dû partir, touchée par l’âge de la retraite. J’étais déjà membre du conseil de surveillance. Les collègues ont déterminé que ce serait bien que j’occupe cette fonction de président de la Fédération des Caisses d’Épargne”, où il va s’occuper de “la mise en place de la stratégie et de la marque”.

“Je vais apporter ma connaissance du milieu des institutions et de ce qui est important : le faire savoir”

Quelle est sa feuille de route, sa patte ? “Je vais apporter ma connaissance du milieu des institutions et de ce qui est important : le faire savoir. Les Français ont une constante : c’est 10 % de faire et 90 % de faire savoir. Dans un autre pays, cette proportion s’inverse. Il faut arriver au juste milieu : faire savoir ce que l’on fait et renforcer le travail collaboratif au sein de la fédération“, élabore-t-il.

“L’épargne permet de faire tout ce qui existe en France”

Etude sur les jeunes ©FNCE

Justement, comment se porte l’épargne en France ? “Mon ambition, c’est que les Caisses d’Épargne soient la référence en matière d’épargne. C’est mon rêve, ça… L’épargne, c’est ce qui permet de faire tout ce qui existe en France.” L’épargne des Français est très convoitée. Notamment pour la réindustrialisation de proximité, comme Carole Delga et… Alain Di Crescenzo, ex-président de la CCI régionale, l’avaient imaginé, comme Dis-Leur vous l’avez expliqué ICI. C’est de l’argent placé issu tout droit des bas de laine bien remplis, qui a du sens, et qui rapporte entre 4 % et 6 %.

Il avait impulsé avec Carole Delga la création de la première plate-forme d’épargne solidaire

En 2021, pour la première fois en France, la région Occitanie s’est associée avec la CRCI et la société toulousaine Wiseed pour créer la plate-forme d’épargne solidaire, EpargneOccitanie. Un crowdfunding régional avec l’objectif de réunir 20 M€ en cinq ans. Dans six secteurs principaux : environnement, énergies renouvelables, santé, numérique, alimentation et mobilité. Il était aussi question, en filigrane, de vouloir, étape d’après, “relancer les bourses locales. Je suis convaincu qu’il y a un véritable projet à travailler : l’épargne de proximité. Je suis un convaincu de l’épargne de proximité”, dit aujourd’hui Alain di Crescenzo.

Les Français ont rempli leur bas de laine

L’épargne protègerait de tout. À propos du choléra, Benjamin Delessert, fondateur de la Caisse d’Épargne, en 1832, n’a-t-il pas dit, visionnaire, que “cette épidémie a peu attaqué les personnes qui ont des livrets à la Caisse d’épargne” ? Ah ! Le Français et l’argent… Une épopée avec laquelle veut renouer, deux siècles plus tard, l’institution. À la faveur d’une autre épidémie, le covid-19, les Français ont réagi exactement de la même manière : pour se prémunir d’un avenir incertain, ils ont rempli leur bas de laine. Et leur livret A qui rémunère à 4 % mais qui est plafonné à 22 950 €. Avec un encours qui s’est étoffé de 20 milliards d’euros au premier trimestre 2023.

“Comment utiliser au mieux cette épargne des Français”

La Banque de France a estimé à 157 milliards d’euros le surplus cumulé d’épargne financière des ménages depuis le début de 2020, dont 101 milliards rien que la première année ! Massif. Épargne de précaution doublée, dans la foulée, d’une épargne d’anticipation face à des crises qui se sont, depuis, matérialisées, y compris la guerre en Ukraine. L’inflation, elle, ne l’a pas siphonnée, cette épargne.

Les Américains, par exemple, ont, eux, abondamment pioché dans leur cagnotte dans les moments difficiles. Pas les Français. Ce n’est pas leur culture. “On pourrait re-router une partie de cette épargne, vers les infrastructures, par exemple. C’est un argent essentiel pour nous, pour investir dans des projets durables”, savoure d’avance Alain Di Crescenzo qui parle, là, comme acteur de la vie économique pas comme président de la Fédération des Caisses d’Épargne. “Comment utiliser au mieux cette épargne des Français : c’est un vrai grand sujet.”

Sur un tas d’infrastructures locales, ce serait une bonne chose de lever de l’épargne locale, qui sera la plus concernée, la plus fidèle”

Épargner local deviendra-t-il aussi tendance que consommer local…? “Il y a un appel à projets, en ce moment, lancé par la Caisse d’épargne de Midi-Pyrénées, dont on donnera les résultats à la rentrée. On a des entreprises de l’économie circulaire, notamment dans ce que l’on appelle le bien manger qui permettent de définir le juste prix pour de la nourriture de qualité, en circuits courts, pour tous. C’est du mécénat. Sur la seule caisse de Midi-Pyrénées, le mécénat – appels à projets, mécénat culturel, sport…-  c’est 2 M€ chaque année.” Et d’ajouter : “À la fin d’AG de l’entreprise que j’ai dirigée jusqu’en 2022, IGE+XAO, cotée en bourse, de petits épargnants venaient me voir. Ils étaient sympas, fidèles et fiers. C’est la fierté de connaître l’entreprise, de la toucher de près. Sur un tas d’infrastructures locales, ce serait une bonne chose de lever de l’épargne locale, qui sera la plus concernée, la plus fidèle.”

16 millions de clients dont 4,4 millions de sociétaires

Cette idée fixe n’est pas sans rappeler les valeurs de la Fédération des Caisses d’Épargne qui a “trois grandes missions, confie encore Alain Di Crescenzo. La première est de promouvoir ce modèle coopératif ; nous sommes des banques particulières. Les propriétaires sont les clients. Nous avons 16 millions de clients dont 4,4 millions de sociétaires. Un français sur quatre est client d’une caisse d’épargne et un client sur quatre est sociétaire, “copropriétaire”. Ce sont aussi 33 000 collaborateurs répartis dans 3 700 services et agences bancaires qui couvrent la France métropolitaine et l’Outre-Mer.”

Pionnières en matière de transitions

Plus globalement, les quinze Caisses d’Épargne sont 100 % régionales : chacune a son centre de décision. “Ce qui représente, toutes ensemble, 25 % du marché bancaire. Les caisses d’épargne sont très engagées, pionnières, dans les transitions. C’est notre seconde mission.” Comme la transition écologique, notamment au travers du plan épargne vert pour les moins de 18 ans il y a quelques semaines, par le ministre de l’Économie, Bruno le Maire, censé financer des projets écolos. “Mais pas seulement, ajoute Alain Di Crescenzo : nous parlons plus largement de transitions sociétales. Par exemple, la Caisse d’Épargne a été la première à autoriser les femmes mariées à ouvrir un livret d’épargne sans l’accord de leur mari en… 1881. On a eu 80 ans d’avance puisque la loi ne l’a autorisé qu’en 1961.”

22,2 M€ d’actions de mécénat en 2022

Ce n’est pas tout. Les quinze Caisse d’Épargne régionales ont réalisé pour 22,2 M€ d’actions de mécénat en 2022, dont le fameux navire-école le Bélem. “C’est de l’argent qui va surtout en réalité vers les jeunes en difficulté ; sur le dernier appel à projet-jeunes on a ainsi mobilisé un peu plus de 1,5 M€. Ce sont des associations qui répondent à cet appel à projets et si elles répondent aux critères, elles sont financièrement aidées par nos caisses régionales.” 

Y a-t-il des expériences locales qui sont ensuite reprises au niveau national ? Alain Di Crescenzo répond : “Justement, l’idée de ces appels à projets jeunes – dans le soutien alimentaire, le sport, pour le logement…- que nous avons lancés au niveau national vient de Midi-Pyrénées. Comme c’est une bonne initiative, cela a été déployé partout en France.”

“On aide des jeunes, le sport, on est, d’ailleurs, partenaires des JO 2024”

Notre troisième mission, c’est la formation des administrateurs et des sociétaires. en 2022, l’année dernière on a formé 3 500 personnes en présentiel et quelque 2 000 en distantiel. Pour nous, c’est hyper-important. Notre action est scrutée…” Enfin, la Fédération des Caisses d’Épargne représente la “marque” Caisse d’épargne. Banque coopérative et banque responsable qui réalise “pas mal d’actions RSE”.

Parallèlement à ces missions, la Fédération des Caisses d’Épargne anime aussi des groupes de travail, notamment sur les projets coopératifs ; sur les transitions – notamment environnementale – sur la philanthropie – “c’est là que l’on aide des jeunes, que l’on soutient le sport ; on est, d’ailleurs, partenaires des JO 2024…”

Olivier SCHLAMA

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