Arts modestes : Au MIAM, dans l’intimité de deux collectionneurs en liberté

La Figuration Libre est au coeur de la collection présentée au rez-de-chaussée du MIAM. photo Ph.-M.

“Libres !” c’est le titre de cette nouvelle exposition au Musée international des Arts Modestes (MIAM) qui invite à la découverte de deux collections privées, forgées au fil du temps et des coups de coeur. Comme le soulignent les commissaires de l’exposition (Françoise Adamsbaum et Norbert Duffort) “au-delà de leurs différences, ces deux collections ont en commun d’avoir été constituées, l’une comme l’autre, à partir d’un courant artistique et des relations fortes avec certains artistes…”

“Je suis un accumulateur, j’aime avoir pour moi, j’aime le montrer. L’accumulation, elle est venue normalement, comme tous les collectionneurs : on est tous un peu cinglés“, explique celui dont la collection occupe l’ensemble du rez-de-chaussée du musée sétois.

Témoignage “du bonheur de vivre et de l’amour des autres”

Expo au MIAM
Des objets du monde entier… Photo Ph.-M.

A partir du mouvement de la Figuration Libre, dont un ensemble important d’oeuvres d’Hervé Di Rosa, la collection FB/DL (les deux collectionneurs demeurant anonymes) “déroule une histoire de la peinture française depuis les années 80.” Un merveilleux bric-à-brac qui mêle artistes reconnus, émergents, singuliers, mais aussi objets populaires du monde entier. “Un univers riche en couleurs qui témoigne du bonheur de vivre et de l’amour des autres…”

Une collection commencée à 15 ans par l’achat d’une gravure de Dali dans une galerie : “J’ai acheté cette gravure et Dali me l’a enluminée. Ça, c’est la première oeuvre et ça n’a plus jamais arrêté. Jamais…”, explique-t-il en précisant que c’est sa mère qui l’a initié à la beauté : “La beauté c’était mon moteur principal, je crois que ça l’est toujours : si c’est beau, si c’est bon, j’aime.”

Entre peinture figurative et magie noire…

Le néophyte entre ainsi de plain-pied dans ce monde foisonnant du collectionneur, dans l’intimité de ces “acteurs” essentiels de l’univers artistique. Loin de l’ordonnancement quelque peu rigide des musées classiques, le MIAM laisse ici les collectionneurs déverser leur passion et leur fantaisie.

On retrouve un même foisonnement à l’étage du MIAM, avec la collection MB/JB, “construite depuis une cinquantaine d’années, elle se structure d’une part autour de deux artistes en marge du surréalisme (Félix Labisse et Lucien Coutaud) et, d’autre part, d’un ensemble exceptionnel de figures de magie brésilienne…”

La magie noire est aussi au rendez-vous…

“Collectionner c’est avant tout le résultat d’une rencontre, explique le collectionneur. Que ce soit avec des créateurs, des artistes. Que ce soit avec des intermédiaires, galeristes ou antiquaires, notamment pour les peintures et objets du passé” mais “il n’y a pas que la peinture ou la sculpture. il y a aussi les objets et les curiosités (…) la collection est ainsi devenue au fil du temps un cabinet des merveilles.”

Et encore : “Collectionner : un plaisir, un jeu, une addiction, c’est selon. Mais il y a surtout l’art de faire cohabiter les peintures, les objets entre eux. Révéler leurs liens secrets, liés aussi à nos choix…” Ici, autour d’un superbe confessionnal, une atmosphère étrange où se marient peinture figurative et magie noire, avec “une fascination pour le noir, le rouge, pour tout ce qui est doré, argenté, les couleurs usitées dans les liturgies de notre enfance.”

Quand le MIAM invite à partager de merveilleuses addictions

Avec l’accueil de ces deux passions, qui viennent idéalement compléter la collection permanente des vitrines de Bernard Belluc (2e étage du MIAM), le musée sétois retrouve l’essence même de son âme (son ADN, dit le catalogue). Comme le souligne Hervé Di Rosa (grand collectionneur lui-même) “peut-être que le seul artiste modeste c’est le collectionneur. Celui qui a la volonté de rassembler des choses en toute modestie puisque ce n’est pas lui qui les fait.”

Découvrir une collection, c’est un peu comme s’introduire subrepticement dans la pensée, les désirs, l’intimité de celui qui accepte ainsi de livrer un peu de lui-même. Au MIAM, jusqu’au 26 mai, on ne peut que vous conseiller d’aller partager la saine  addiction ici exposée.

Philippe MOURET

D’art, d’art

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