Agriculture : Un nouveau foyer de DNC en Haute-Garonne, la grogne s’intensifie

Image d'illustration. Photo by FREEPIK

La colère monte dans les rangs des agriculteurs après l’abattage d’un troupeau de 208 bêtes dans l’Ariège et la découverte de nouveaux foyers de dermatose nodulaire contagieuse (DNC), notamment en Hautes-Pyrénées et Haute-Garonne. Après une nuit de tensions, plusieurs axes routiers du Sud-Ouest restaient bloqués samedi. Alors que la ministre de l’Agriculture campe sur ses positions, une aide d’urgence de 300 000 € a été décidée en Occitanie, pour soutenir les éleveurs touchés.

“Madame la ministre évoque une “guerre sanitaire”, alors que c’est bien une guerre contre les agriculteurs qui a été menée hier” s’alarmait la Coordination Rurale (CR), qui souligne que “l’annonce de l’extension de la vaccination dans les Pyrénées va dans le bon sens, mais pourquoi ne pas la généraliser dès maintenant à l’ensemble du territoire français ?”

Le syndicat agricole reprend d’ailleurs à ce sujet les propos du ministre du Commerce, Serge Papin, pour qui “dans le contexte actuel, la vaccination des bovins constitue une voie responsable et efficace pour enrayer la propagation de la dermatose nodulaire contagieuse.”

C’est toute une filière qui est impactée

Depuis son apparition fin juin en Savoie, l’épizootie de DNC s’est propagée en Occitanie, frappant de plein fouet le monde agricole. 22 foyers d’infection ont été recensés à ce jour dans les Pyrénées-Orientales, en Ariège et dans les Hautes Pyrénées, entraînant l’abattage obligatoire des animaux des élevages contaminés.

Au-delà des pertes économiques, c’est toute une filière qui est impactée, avec des répercussions humaines et territoriales profondes. Les exploitations, souvent familiales, sont confrontées à une situation extrêmement difficile du fait de la mise en œuvre des mesures sanitaires indispensables pour éradiquer la maladie.

Dans ce contexte, Carole Delga vient de demander à la ministre de l’Agriculture Annie Genevard d’ouvrir “sans attendre” un dialogue avec les représentants de la profession agricole en Occitanie. Ce travail “doit permettre d’envisager un nouveau protocole adapté en fonction des analyses scientifiques du ministère de l’Agriculture, de l’Agro-alimentaire et de la Souveraineté alimentaire et des propositions des syndicats. » Dans la foulée, la présidente de la région Occitanie a interpellé par courrier le Premier ministre, Sébastien Lecornu.

Carole Delga lui a fait part de ses inquiétudes  : (…) “De très nombreux Français, aux côtés de nos éleveurs, sont choqués par l’image des bêtes qu’on abat. Ils ne comprennent pas l’usage massif de la force publique, notamment celle qui s’est déroulée dans cette ferme de l’Ariège. Ils mesurent surtout la détresse d’éleveurs qui connaissent la douleur violente de perdre leur cheptel et, plus que tout, l’investissement et le sens d’une vie – et même de la vie de plusieurs générations -. Nos concitoyens perçoivent cette gestion de crise comme un puissant symbole du fossé grandissant avec un pouvoir sourd, méconnaissant des réalités de vie et de territoires.”

La Région mobilise une aide d’urgence de 300 000 €

Et face à l’urgence, un plan d’aide de 300 000 € a été voté. La présidente de la Région Occitanie “appelle chacun au calme, au sang-froid et à la responsabilité”, précisant que “la priorité est d’endiguer la maladie, protéger nos cheptels et éviter de nouveaux foyers. L’abattage sanitaire décidé par l’Etat est une mesure lourde, et doit être respectée. La Région sera aux côtés des éleveurs et de la filière agricole, comme elle l’a toujours été, pour qu’aucune exploitation ne soit condamnée par cette crise. Nous avons le devoir d’agir vite et fort : les 300 000 € votés aujourd’hui, en complément des aides de l’Etat, sont un premier pas, mais nous devons aller plus loin : investir davantage dans la recherche, miser sur l’innovation et la surveillance sanitaire…”

Désormais c’est à Touille (Haute-Garonne) que devait avoir lieu un abattage sous-surveillance, les forces de l’ordre ayant été dépéchées sur-place.

“Le gouvernement a perdu six mois…”

Pour la Coordination rurale, “le gouvernement a perdu six mois depuis l’apparition de la maladie pour commander les vaccins, négocier des accords commerciaux pour l’exportation des bovins vaccinés et protéger efficacement le cheptel français grâce à la vaccination généralisée. La CR demande simplement que le gouvernement applique sur l’ensemble du territoire le protocole mis en place en Corse. Trop de temps a déjà été perdu, et la menace d’une explosion des cas de DNC au printemps est forte.”

Alors que les députés européens s’apprêtent à se prononcer (du 16 au 19 décembre) sur l’accord de libre-échange avec les pays latino-américains dit du “Mercosur” (que des observateurs définissent comme “un suicide pour l’agriculture française”) cette crise de la DNC souligne combien le monde agricole reste fragile en France depuis les promesses non tenues de 2024.

Philippe MOURET

Rappels :

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