Sète : Bannir les dealers, “nouvel outil à systématiser contre le narcotrafic”

A l'Ile de Thau, le 29 août, une fois vérification faites des "interdits de paraître", la police a effectué un contrôle routier. Ph. Olivier SCHLAMA

Le directeur de cabinet du préfet présentait ce vendredi après-midi ce dispositif d’éloignement à l’Île de Thau, à Sète, théâtre de nombreux règlement de compte. Au total, dans l’Hérault, département pionnier, en France, treize personnes ont été éloignées d’un point de deal qu’elles ont contribué à développer. Cela s’appelle une “interdiction de paraître”.

“Ici, à l’Ile-de-Thau, à Sète, au pied des barres d’immeubles la Seinchole et au Globe, on était complet sur ce point de deal : guetteurs, même certains assis sur des canapés ; revendeurs ; affiches avec les prix de vente, etc. Cette visibilité et cette impunité étaient insupportables et éprouvaient la vie des habitants. Il y a eu une opération Place nette il y a quelques mois qui a bien fonctionné où l’on est allé chercher la drogue jusque dans des appartements. S’il y en a une qui a bien fonctionné, c’est bien celle-là à Sète.”

Éloignement des trafiquants qui ne sont pas du quartier

Blandine Authié et Félix Thibault, directeur de cabinet du préfet de l’Hérault au Globe, cet après-midi. Ph. Olivier SCHLAMA

Chargé de la sécurité, le directeur de cabinet du préfet de l’Hérault, Thibaut Félix, a expliqué ce vendredi après-midi que l’Etat n’a pas voulu laisser retomber le soufflet en utilisant à plein une nouvelle mesure : l’éloignement des trafiquants qui ne sont pas du quartier, conformément à une loi promulguée en juin. Cela s’appelle “l’interdiction de paraître que nous allons utiliser de façon systématique sur chaque point de deal”, a-t-il précisé. Un dispositif qui désorganise les trafiquants et complète un arsenal comprenant, entre autres, la fermeture des commerces comme des épiceries qui n’existent que pour blanchir l’argent sale. Alors que le blanchiment des capitaux est en hausse, comme Dis-Leur vous l’a expliqué ICI.

Treize interdictions de paraître dont trois à Sète

Et Thibaut Félix d’expliquer : “L’interdiction de paraître, c’est la possibilité de dire à un individu en suivant un faisceau d’indices : “On t’a observé ; on t’a attrapé avec de la drogue sur toi..; Et on lui signifie par arrêté préfectoral que pendant un mois – renouvelable – on ne doit pas le recroiser sur ce point de deal qui contribuait à organiser. Sous peine de six mois de prison ferme, au maximum. Cette mesure existait déjà mais c’était une peine de justice complémentaire prise dans le cadre d’un jugement.”

Depuis le 26 août, trois individus se sont vus signifier à Sète cette interdiction de paraître. “La seule difficulté avec cette mesure, c’est qu’il faut que le mis en cause n’habite pas le quartier.” A Sète, donc, trois individus se sont vus signifier cette interdiction et auparavant quatre à Montpellier et six à Béziers. Soit au total treize.Un seul, à Montpellier, n’a pas respecté l’arrêté préfectoral et a été placé en garde à vue avant de subir une peine alternative à la prison”, précise Thibaut Félix.

“Un problème de santé publique et de sécurité”

Les trois individus “interdits de paraître” ont été contrôlés par la Bac. Ph. Olivier SCHLAMA

Le directeur de cabinet du préfet ajoute : “Dans l’Hérault, nous sommes pionniers ; Béziers a été la première ville en France où l’on a fait appliquer l’interdiction de paraître. Cette mesure administrative, validée par le Parlement en début d’été, sera utilisée à plein contre les points de deal pour combattre efficacement, dit-il, le narcotrafic qui gangrène notre pays.

Ce point de deal à Sète a été “traité” de façon exemplaire et cette mesure arrive à point pour éloigner certains trafiquants. Et donc appauvrir le deal. Et, ici, dans ce quartier en pleine rénovation – qui, vu du ciel, ressemble à une marina -, comme ailleurs dans l’Hérault, “la priorité, c’est la lutte contre les trafics. C’est un problème de santé publique et un problème de sécurité. Nous travaillons de façon acharnée contre ce fléau qui, ici, était bien identifié”. Ici, à Sète, au coeur de ces barres classiques des années 1960, où le point de deal a fait plusieurs victimes à l’arme à feu entre bandes rivales qui voulaient se l’approprier via des règlements de comptes. Avec des stigmates connus : “L’avertissement, c’est la “jambisation”, une balle dans la jambe, de ceux qui participent au “four”, au point de deal…”

“La police est très réactive”

L’île de Thau. Ph. Olivier SCHLAMA

Marine Selles, commissaire de Sète-Frontignan, précise, elle, que sur les trois individus interdits de paraître, qu’un habitant une autre commune du bassin de Thau l’a été pour sa participation à un point de deal à Frontignan. Deux autres sont interdits de paraître, eux, dans une partie du quartier de l’île de Thau. “La Bac ne a pas rencontrés aujourd’hui dans ce quartier mais nous en avons contrôlés d’autres pour vérifications de deal.

De son côté, Blandine Authié, première adjointe de la ville de Sète, a expliqué sa satisfaction de constater que “la police est très réactive.” Elle mise aussi beaucoup sur une opération d’envergure de réfection du quartier pour limiter les demandes de déménagement. “L’ambiance dans ce quartier s’est beaucoup calmé.” En espérant que le quartier soit agréable à vivre. Et que les trafiquants ne trouvent pas trop vite la parade à cet outil. On évalue le nombre de points de deal entre 3 000 et 4 000 en France.

Olivier SCHLAMA

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