Devenue, en quelques années la première marche des Fiertés de province en termes d’affluence (30 000 participants), la marche des Fiertés toulousaine fête en 2025 sa 30e édition. Cet événement populaire, à la fois militant et festif est plébiscité aussi bien par la communauté LGBTQI+ que par les sympathisants. Il s’intégre cette année au coeur d’un “mois des Fiertés” en Occitanie, dont le premier pas sera effectué ce 17 mai, avec l’annonce de la marche des Fiertés toulousaine (7 juin) et les deux premières gay pride régionales, à Narbonne et Rodez.
Partout dans le monde, le 17 mai est une journée de sensibilisation et de prévention pour agir contre la violence sous toutes ses formes et en tous lieux (physique, psychologique, sexuelle, médicale, sociale, institutionnelle…) envers l’homophobie, la lesbophobie, la biphobie et la transphobie. Cette journée milite pour l’information, l’éducation, la compréhension de la réalité LGBT par le biais d’événements diversifiés : défilés, manifestations, expositions, happenings conférences, échanges citoyens etc.
Pour que nul ne se sente isolé
Le 17 mai c’est aussi le jour que l’association Pride Toulouse a choisi pour lancer officiellement le compte à rebours annonçant la 30e marche des fiertés toulousaines (et de façon générale “le mois des Fiertés » dans toute l’Occitanie1”). Ca se passera lors d’une réception donnée par la mairie dans la salle des Illustres du Capitole. Au cours de cette célébration, des élus de Toulouse, du département et de la région prendront la parole et la marraine officielle de la 30e marche des fiertés sera présentée (voir plus bas).
L’association Pride Toulouse insiste sur la nécessité de tels rendez-vous, afin “que les jeunes (et moins jeunes) générations se sentent fortes, se sentent entourées, aient confiance en elles et assument d’être différentes de la “norme” quant à leur sexualité ou à leur identité de genre, bref soient fières d’être celles et ceux qu’ils -elles sont…”

Aux détracteurs, homophobes ou seulement ignorants de la réalité, l’association répond : “Vous êtes-vous déjà fait agresser dans la rue, insulter, cracher dessus parce que vous êtes (supposé) hétérosexuel ? Connaissez-vous le taux de suicide chez les jeunes trans par rapport aux autres jeunes du même âge ? Subissez-vous des discriminations dans le travail ? L’homophobie, ou la transphobie, est tout sauf résiduelle…”
Référencée comme “événement culturel” de la Ville rose
De l’eau a coulé sous les ponts de la ville rose depuis la première marche des fiertés toulousaine (en 1994), “tout juste tolérée par les pouvoirs publics de l’époque” jusqu’à rentrer dans les mœurs aujourd’hui en étant devenu un événement incontournable du calendrier. L’office du tourisme de la ville le référence dans son agenda culturel et le trajet commence invariablement Place du Capitole, épicentre névralgique et symbolique de la cité. “Les trois collectivités locales (ville, département, Région) soutiennent largement, par leur subvention, l’organisation de la marche” souligne Pride Toulouse.
Moment symbolique, comme chaque année sera déployée une version géante (voir photo ci-dessous) du drapeau LGBTQIA+ (*) … et c’est à Toulouse que cela se passera, le 7 juin !
Auparavant, de nombreux rendez-vous sont prévus pour des marches des Fiertés à travers toute l’Occitanie. A commencer, dès ce 17 mai par Narbonne, dont ce sera la première édition et Rodez. Albi suivra le 24 mai, avant Toulouse et Villefranche-de-Rouergue, le 7 juin. Montpellier attendra le 14 juin, suivie par Carcassonne (21 juin), Auch et Béziers le 28 juin, puis Nîmes et Perpignan, le 5 juillet.
Philippe MOURET
(*) Le Rainbow Flag, ou drapeau arc-en-ciel, a été créé en 1978 par l’artiste Gilbert Baker à San Francisco. Il symbolise la diversité de la communauté LGBTQ+ et a été conçu à l’origine avec huit couleurs, chacune représentant une valeur (amour, lumière, nature, etc.). Il a été utilisé pour la première fois lors de la gay pride de 1978. Au fil des années, le Rainbow Flag a évolué, s’enrichissant de nouvelles versions pour inclure la diversité des genres et des identités (LGBTQIA+). Il est devenu un symbole mondial de l’égalité et de l’inclusion.

Sandra Forgues, une marraine de prestige
Pour sa 30e édition, l’association Pride Toulouse a souhaité mettre en lumière une personnalité charismatique et au parcours extraordinaire en la personne de Sandra Forgues. Sous les feux des projecteurs en 2018 lors de son coming-out médiatique annonçant sa transition de genre, Sandra a été, dans son ancienne vie (et sous le prénom de Wilfrid), médaillée d’or de canoë-slalom aux Jeux olympiques d’Atlanta en 1996
En révélant au grand public sa vraie nature, Sandra est devenue l’une des premières grandes championnes à s’assumer en tant que femme transgenre. En 2024, Sandra a co-présidé un comité d’experts visant à étudier l’intégration des sportifs transgenres dans le sport de haut niveau. Son autobiographie est parue en 2018 sous le titre : Un jour peut-être – Journal d´un Champion Olympique devenu femme. Sandra préside actuellement – et ce depuis plus de dix ans – (soit bien avant sa transition), le conseil d’administration du CREPS de Toulouse.
“Je suis très fière d’avoir été choisie comme marraine de la 30e marche des fiertés toulousaine. Cette année particulièrement, alors que les droits des personnes LGBTQI+ à travers le monde sont menacés de régression (aux USA, en Hongrie…) et que le tout dernier rapport annuel de SOS Homophobie (…) annonce malheureusement, une nouvelle hausse préoccupante des actes homophobes et transphobes en France (…) Accepter ce rôle symbolique et honorifique était pour moi une évidence” précise Sandra Forgues.
La 30e Marche des Fiertés toulousaine a également choisi un parrain, transgenre, lui aussi, en la personne de Edward-Jeanne Cerdan (profil instagram @edw_great). Edward-Jeanne Cerdan, est assurément l’Instaboy qui bouscule les clichés en expliquant à travers ses publications, avec humour et pédagogie, ce qu’est la transidentité. Répondant avec bienveillance à toutes les questions, même les plus intrusives, qu’on lui pose sur les réseaux sociaux, Edward-Jeanne rappelle, en accolant ces deux prénoms, que Jeanne fait toujours partie entièrement de lui et qu’il ne peut pas oublier vingt années de sa vie.
Rapport sur les LGBTIphobies
SOS homophobie publie en ce 15 mai 2025 la 29ᵉ édition de son rapport annuel afin de dresser un état des lieux des violences, discriminations et obstacles auxquels sont confrontées les personnes lesbiennes, gays, bies, trans et intersexes en France.

À partir des vécus des personnes qui ont témoigné auprès d’elle, mais aussi de son analyse de l’actualité et des évolutions politiques et sociales, SOS homophobie constate “un climat politique et social réactionnaire qui ne cesse de prendre pour cible les personnes LGBTI.”
Le mal de vivre suscité par la banalisation des discours de haine “renforce les dynamiques d’exclusion subies par les personnes LGBTI et brise le tissu social. Par ce rapport, l’association souligne la nécessité de remettre au centre de l’espace politique et social les vécus des personnes LGBTI et la lutte contre les discriminations.”
Le rapport n’est pas le recensement exhaustif des manifestations d’homophobie,
de biphobie, de transphobie et d’intersexophobie survenues en 2024, mais “le reflet d’une partie de ces LGBTIphobies, perçues à travers les outils de l’association et sa connaissance du terrain.” Aujourd’hui encore, de nombreuses victimes ne témoignent pas et passent sous silence les discriminations et les violences dont elles font l’objet.
SOS homophobie constate notamment que “2024 fut l’année de la désillusion.
Non seulement les marqueurs de violences LGBTIphobes, que nous ne connaissons que trop bien, sont encore bien présent, mais ils sont directement corrélés au contexte de cette année écoulée : la parole haineuse s’y est fait entendre plus que
de raison, de façon absolument décomplexée et banalisée. Sur les réseaux sociaux, dans les conversations quotidiennes… mais surtout dans la bouche de personnalités publiques, souvent politiques, relayée par des médias complaisants…”
Consulter le rapport complet : https://ressource.sos-homophobie.org/Rapports_annuels/rapport_LGBTIphobies_2025.pdf