Vaccination : La grande pagaille de la seconde dose d’AstraZeneca !

Quelque 600 000 personnes, qui ont reçu la première dose d’AstraZeneca pour se protéger du covid-19, ne sont pas sûres de bénéficier de la seconde dose de ce vaccin. Elles ont d’ailleurs reçu un mail anxiogène de Doctolib dans ce sens. La raison de cet arrêt brutal au moins dans les vaccinodromes est floue. Le ministère de la Santé dit que l’Agence européenne du médicament “doit formaliser un avis dans le courant de la semaine, sur la pharmacovigilance et sur AstraZeneca, afin d’éclaircir la situation”…, sans préciser s’il s’agit d’une crainte de thromboses.

Tout va bien Madame la Marquise… Alors que le ministre de la Santé, Olivier Véran, s’épanchait urbi et orbi que l’Astra Zenaca est un “bon vaccin”, bénéficiera-t-il lui-même de sa seconde dose controversée ? Rien n’est moins sûr. Il faut dire que pas un seul jour ne se déroule sans que de nouvelles avanies s’abattent sur ce vaccin décidément maudit. Ce mardi, c’est les thromboses qui reviennent en force ; hier, c’était les mauvais approvisionnements…

Et l’Agence européenne du médicament qui vient de déclarer ne pas “avoir abouti à une conclusion sur ce vaccin”… C’est dans ce contexte que de nombreux Français ont reçu récemment un courrier électronique qui ne va pas les rassurer. Il concerne leur seconde dose d’AstraZeneca brutalement stoppée… Dont on ne connaît pas la raison précise. Aucun responsable de la santé n’a révélé cette décision surprenante.

“Le centre de vaccination n’est plus en mesure d’assurer la seconde vaccination de tous les patients…”

Ph. O.SC.

Que dit ce courrier sibyllin pouvant donner des sueurs froides ? “Vous avez reçu, il y a quelque temps, votre premier vaccin avec Astra Zeneca au centre de vaccination. Suite à de nouvelles directives, le centre de vaccination de XXX n’est plus en mesure d’assurer la seconde vaccination de tous les patients. Je vous invite donc à vous rapprocher de votre médecin traitant, pharmacien, sage femme ou votre infirmière afin de voir les modalités de rendez-vous pour le rappel, celui s’organisant à présent à proximité de votre domicile.”

Quand le candidat au vaccin a pris son premier rendez-vous, celui du rappel s’est, lui, automatiquement s’inscrit sur Doctolib. De quoi faciliter une vaccination de masse. C’est fini. “Ne tenez pas compte de la date de rendez-vous sur Doctolib car les délais ont changé, explique encore ce mail de Doctolib. Il faut que vous comptiez douze semaines après la primo injection pour effectuer celui-ci afin d’en potentialiser l’efficacité. Nous vous prions de nous excuser pour tous ces désagréments liés aux variations rapides des connaissances sur les vaccins et la maladie.”

La Haute autorité de santé devrait se prononcer sur le maintien ou non de la seconde dose, dans la foulée de l’avis de l’EMA, pour qu’une solution opérationnelle puisse être mise en place dans la foulée et répondre à cette inquiétude”

Le ministère de la Santé

Interpellé, le ministère de la Santé fait savoir sur cet arrêt brutal que “la position du gouvernement est constante sur ce sujet, car elle suit les préconisations de l’EMA (Agence européenne des médicaments). L’EMA doit formaliser un avis dans le courant de la semaine, sur la pharmacovigilance et sur AstraZeneca, afin d’éclaircir la situation”.

Et d’ajouter sans expliquer pourquoi a-t-on brutalement arrêté les rappels : “Entre 500 000 et 600 000 personnes âgées de moins de 55 ans ont reçu une première dose de vaccin AstraZeneca. La HAS (Haute autorité de santé) devrait se prononcer sur le maintien ou non de la seconde dose, dans la foulée de l’avis de l’EMA, pour qu’une solution opérationnelle puisse être mise en place dans la foulée et répondre à cette inquiétude.”

Ce type d’annulation sans explication s’accompagne légitiment d’un fort effet anxiogène chez les candidats au vaccin…”

Philippe Cathala, président du Conseil de l’Ordre des médecins de l’Hérault

De son côté, Philippe Cathala, président de l’Ordre des médecins de l’Hérault, interrogé par Dis-Leur réagit : “Concernant la politique d’annulation brutale de Doctolib, je n’ai aucune information mais il est clair que ce type d’annulation sans explication s’accompagne légitiment d’un fort effet anxiogène chez les candidats au vaccin.” Le médecin ajoute : “Sur le plan de la vaccination en elle même, il est bien évident qu’il va falloir proposer rapidement une solution pour consolider l’immunité de tous ceux qui ont déjà reçu une première dose du vaccin d’AstraZeneca et notamment les (jeunes) soignants exposés quotidiennement et potentiels vecteurs de contamination.”

“Le gouvernement et les autorités sanitaires (HAS) ont indiqué il y a quelques jours travailler activement sur le sujet et sur une proposition au bénéfice risque favorable”

Et enfin : “Le gouvernement et les autorités sanitaires (HAS) ont indiqué il y a quelques jours travailler activement sur le sujet et sur une proposition au bénéfice risque favorable. Des discussions sur l’usage d’un autre vaccin pour le rappel sont notamment à l’étude comme probablement celle d’un réusage du même. Nous espérons que ces propositions seront validées sans tarder davantage et allons rester très attentif au sujet.”

On ne sait pas, à ce stade, si seuls les centres de vaccination ne disposeront plus de seconde dose ou si celle-ci ne sera finalement réservée qu’aux médecins, infirmières, ou sages femmes. Un infirmier apporte sa réflexion : “En clair, si on laisse les primo-vaccinés sans solution claire de la certitude d’un rappel indispensable pour une bonne couverture vaccinale, ça va être le grand bazar. Les médecins ? Nombreux sont ceux qui rechignent à vacciner… Les pharmaciens ? Comment feront-ils, ne serait-ce que pour respecter le quart d’heure après la vaccination pour voir si tout se passe bien…?”

Une infirmière héraultaise ajoute : “Moi, j’ai pris les devants. Chaque infirmière ou personnel de santé habilité a le droit de vacciner dix personnes par semaine. C’est ce que je viens de commencer à faire pour rendre service à mes malades.” Si elle reçoit bien toutes ses doses d’AstraZeneca…

Au lendemain de la publication de cet article, le directeur départemental de l’ARS, Alexandre Pascal affirme que “toutes les personnes concernées arriveront à se faire vacciner. La question reste en suspend pour les moins de 55 ans qui ont déjà reçu la première dose. Le ministère prendra position d’ici mi-avril…”

Olivier SCHLAMA