Unesco : La Maison Carrée de Nîmes entre au patrimoine mondial !

La Maison Carrée de Nîmes, ph. Nîmes-tourisme - Spl Agate.

Historique. Vingt ans après les premières démarches et une désillusion en 2018, c’est fait. La décision a été prise à Ryad lors de la 45e session du Comité du patrimoine mondial, à Ryad, en Arabie Saoudite. En pleurs, Jean-Paul Fournier s’est dit “honoré“.

Cette décision nous honore !” C’est avec des pleurs de joie que le maire de Nîmes, Jean-Paul Fournier a reçu cette adoption ultra rapide – quelques minutes, sans débat ! – ce lundi vers 17h15, de l’Unesco de valider l’inscription du monument Nîmois. “C’est un témoignage unique… On ne peut que louer l’action de l’organisation des Nations Unies…”, a conclu Jean-Paul Fournier, très ému, soutenu par Mary Bourgade, son adjointe qui avaient fait le déplacement pour Riyad, capitale de l’Arabie Saoudite, où se déroule actuellement la 45e session du Comité du patrimoine mondial. L’objectif était de convaincre les 21 états membres.

Après un très politique label à un monument russe

Jean-Paul Fournier. Ph. OSC.

Philippe Franc, 3e membre de la délégation, l’ambassadeur de France à l’Unesco, a évoqué “un joyau unique comme ceux qui sont allés la voir peuvent en témoigner…” Justement, seul représentant d’Etat à témoigner en faveur de cette inscription au patrimoine mondial, le sultanat d’Oman a expliqué avoir été conquis par la visite de la Maison Carrée, et après avoir suivi les explications des experts in situ “pendant deux jours”. La labellisation de la Maison Carrée est intervenue après, celle très politique – forcément – de l’observatoire astronomique de Kazan, en Russie, où devait justement se dérouler cette session. Ou encore du magnifique caravansérail persan de Deyr-e Gachin.

Valeur universelle exceptionnelle de la Maison Carrée

Rare chef-d’oeuvre du monde antique aussi bien conservé, deux mille ans après sa création, la Maison Carrée de Nîmes – ville au patrimoine antique extraordinaire – est enfin classée à l’Unesco. Après l’étape décisive en octobre 2021 où la candidature fut examinée par le ministère de la Culture français, une autre bonne nouvelle avait tracé la longue route : le 31 janvier 2021, le ministère de la Culture avait confirmé la candidature officielle, comme Dis-Leur vous l’a expliqué ICI.

Jean-Paul Fournier. O.SC.

C’était, d’ailleurs, un dossier herculéen qui se dressait devant la Ville de Nîmes qui avait échoué en 2018 à faire classer la Maison Carrée au patrimoine mondial de l’Unesco pour d’obscures raisons géopolitiques (1). Une Maison Carrée qui, certes, n’est pas carrée… Mais qui a déposé un dossier en béton auprès de l’Icomos (Comité international des monuments et des sites). Celui-si a reconnu la présentation de la valeur universelle exceptionnelle (le critère sine qua non), puis présentation des périmètres, du plan de gestion et enfin du dossier complet que l’Etat français a choisi de retenir et déposer à l’Unesco, en janvier 2022 : jusqu’ici Nîmes a franchi avec succès toutes les étapes.

Légitimité de la candidature

Le dossier nîmois s’appuyait sur la démonstration que la Maison Carrée de Nîmes, édifiée entre l’an 2 et l’an 7, représente “l’une des plus anciennes expressions, et des mieux conservées, d’un temple romain consacré au culte impérial, témoignant des valeurs de paix durable, de concorde et de prospérité que promut et chercha à garantir l’Empire romain” avait, fait valoir Mary Bourgade, adjointe déléguée à l’inscription Unesco, au Patrimoine antique et à la coopération internationale décentralisée.

Elle est aussi le témoignage unique d’un moment important de l’Histoire de Rome, celui de la mise en place d’un culte impérial avec l’avènement d’une période de paix et de prospérité dans tout l’empire sous le principat d’Auguste : la Pax Romana.

Le soutien des Nîmois

“Tous fiers de notre patrimoine”. Lors de l’étape du 108e Tour de France, le 9 juillet dernier, la Ville de Nîmes avait fait poser une bâche géante sur le parvis de la Maison Carrée. En vue des traditionnelles images aériennes transmises dans le monde entier. visibilité maximale ! Photo : Ville de Nîmes.

Depuis la réouverture de la Maison Carrée en juillet 2022 après des travaux de restauration, de nombreuses manifestations et événements ont été organisés par la Ville mais aussi par les Nîmois eux-mêmes, au travers de leurs entreprises, associations, ou établissements scolaires. Tous soutenaient la candidature nîmoise.

Avant la 45e session du Comité du patrimoine mondial, 1 157 biens étaient inscrits sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco. Parmi eux, 900 biens culturels, 218 naturels et 39 mixtes. Si elle venait à être inscrite, la Maison Carrée de Nîmes est le 50e bien français à recevoir cette distinction universelle, la 9e d’Occitanie (1), 42 ans après Arles, Orange et 28 ans après Avignon.

Olivier SCHLAMA

(1) Le 30 juin 2018, au Bahreïn, le Comité du patrimoine mondial retoque le dossier de l’ensemble urbain de Nîmes. Le maire, réélu depuis, annonce fin décembre 2018, qu’il va demander le classement uniquement pour la Maison Carrée. Ce devait être pour 2021. Mais, là aussi, patatras : la France avait choisi de défendre deux autres dossiers : le phare de Cordouan et “Nice, capitale du tourisme de Riviera”. qui, eux, ont été classés à l’Unesco en ce mois de juillet 2021. Le tour de la Maison Carrée de Nîmes est arrivé, 20 ans après les premières démarches.

(1) Le Canal du Midi, le Cirque de Gavarnie, les Chemins de Saint-Jacques de Compostelle, la Cité épiscopale d’Albi, les Causses et Cévennes, le Pont du Gard, la Cité médiévale de Carcassonne et les Fortifications Vauban.

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