Tradition : Escale à Sète à toutes voiles vers le patrimoine mondial

Festivals à gogo ; séries télévisées ; tourisme... Sète est une ville très attractive. Escale à Sète est également le rendez-vous d'une foule immense de passionnés, ici en prélude El Galéo, un habitué du port de Sète. Photo : Olivier SCHLAMA

Pour sa prochaine édition, Escale à Sète partage désormais le label Unesco avec son homologue Escala a Castello. C’est un patronage inédit qui ouvre la voie à l’inscription de ces deux festivals des traditions maritimes au patrimoine mondial. Une première.

Escale à Sète fait gonfler les voiles de sa reconnaissance. Pour la seconde année consécutive, et pour ses dix ans d’existence, le plus grand rassemblement de vieux gréements en Méditerranée française s’organisera en 2020, dans un an tout juste, sous le patronage de l’Unesco. A la différence près que l’Unesco labellise en fait deux festivals en même temps avec Escala a Castello, dont la seconde édition se tient dans quelques jours, du 25 au 29 avril, à Castellon de la Plana, au Sud de Tarragone (Espagne).

Wolfgang Idiri, Jérôme Fromageau, François Commeinhes et Amparo Marco Gual, maire de Castillon de la Plana. Ph. O.SC.

Même philosophie, même volonté de préserver les traditions maritimes, même envie de transmettre ce patrimoine unique aux générations futures. Ce sont, en substance, les raisons qui ont présidé à ce patronage “unique en Europe” de deux rassemblements dont l’ADN est l’authenticité, selon Jérôme Fromageau.

Mon but serait, à plus ou moins longue échéance, de faire en sorte que les deux festivals présentent une candidature commune pour une inscription au patrimoine mondial dans le registre “des bonnes pratiques pour la protection du patrimoine maritime.”

Jérôme Fromageau, délégué de l’Unesco.

Le délégué patrimoine à la commission nationale française de l’Unesco – qui sera le parrain de l’édition 2020 d’Escale – a expliqué, en marge d’un point presse en mairie de Sète, ce lundi après-midi, que “mon but serait, à plus ou moins longue échéance, de faire en sorte que les deux festivals présentent une candidature commune pour une inscription au patrimoine mondial dans le registre “des bonnes pratiques pour la protection du patrimoine maritime”.

Et d’expliquer “qu’une candidature seule de Sète aurait très peu de chances d’aboutir : vu le très grands nombre de sollicitations, chaque pays ne peut déposer qu’un seul dossier qui n’est d’ailleurs pas sûr d’être retenu. Si la présentation se fait à deux pays, c’est-à-dire au niveau international, ce sera plus facile. Je vais voir cela avec le ministère de la Culture”, promet-il. Ce qui est intéressant, c’est la mise en oeuvre de la préservation des traditions, de leur transmission et l’authenticité de ces pratiques qui fédère déjà un certain nombre d’expressions liées au patrimoine : les pêcheries, les prud’homies, et même les musiques, très particulières. Les pratiques de restauration, également.

Ces partenariats (…) c’est particulièrement intéressant : au niveau culturel, bien sûr, mais aussi économique : on peut se partager certains frais liés à la venue de ces magnifiques gréements en restant conforme à l’esprit de ces rassemblement : le partage avant tout”

Raymond Dublanc, charpentier.
El Galéon, seule réplique navigante des galions espagnols, actuellement dans le port de Sète, que le public pourra visiter jusqu’à dimanche. Photo : Ville de Sète.

Escale à Sète a aidé à la création d’Escala a Castello. “Ces partenariats intelligents entre ports qui organisent ces événements authentiques c’est particulièrement intéressant : au niveau culturel, bien sûr, mais aussi économique, puisque l’on peut se partager certains frais liés à la venue de ces magnifiques gréements en restant conforme à l’esprit de ces rassemblement : le partage avant tout”, décrypte Raymond Dublanc, charpentier de marine qui a participé à l’élaboration d’Escale à Sète et à ses gardes fous, notamment, mercantiles.”

Ce soutien de l’Unesco est un signe fort, y compris pour encourager les bénévoles, pour poursuivre l’aventure.”

François Commeinhes, maire de Sète
El Galeon est déjà venu à Sète en 2018. Ph. Pauline CODINA.

“Ce soutien de l’Unesco est un signe fort, y compris pour encourager les bénévoles, pour poursuivre l’aventure”, a pour sa part réagit François Commeinhes, le maire de Sète. “Il y a dix ans, on était avec Wolfang Idiri, le directeur d’Escale, deux fous. Puis, les rangs se sont renforcés… Il faut dire que l’on n’avait pas trop ce penchant des rassemblements maritimes en Méditerranée.” C’est chose faite.

Jérôme Fromageau, le délégué patrimoine à la commission nationale française de l’Unesco, a évidemment qualifié Sète de “ville magnifique” qui sait mettre en valeur “son patrimoine matériel et immatériel”, citant même la tielle et l’étang de Thau…

 

Il y a eu une très grande collaboration avec la Ville de Sète et Escale à Sète qui a permis de créer notre festival en 2018 qui était déjà une réussite avec 75 000 visiteurs tandis-que celui de Sète dépasse les 400 000 visiteurs.”

la maire de Castillon de la Plana (180 000 habitants), Amparo Marco Gual,

Le délégué de l’Unesco souligne aussi que cette “manifestation a su mettre l’accent sur les bonne pratiques dans le patrimoine maritime. C’est une forme d’éthique (…) Escale transmet cette passion aux jeunes générations.” Ce patronage “original”, est, pour lui, aussi “une façon de soutenir une association dynamique qui sait organiser une fête autour de son patrimoine maritime et fluvial”. Le directeur d’Escale, Wolfang Idiri, a insisté sur ce que peut apporter le savoir-faire de ce festival sétois : un guide des bonnes conduites, un référentiel qui puisse servir aux autres porteurs de projets, à ceux qui voudront créer une manifestation des traditions maritimes ailleurs. et les “préserver des dérives”, notamment le mercantilisme. Ce sera un outil commun pour défendre le bonnes pratiques”, a-t-il ajouté.

Escala a Castello a déjà donné l’occasion de la sortie d’un livre magnifique. Ph. O.SC.

De son côté, la maire de Castillon de la Plana (180 000 habitants), Amparo Marco Gual, a d’abord souligné la “très grande collaboration avec la Ville de Sète et Escale à Sète qui a permis de créer notre festival en 2018 qui était déjà une réussite avec 75 000 visiteurs tandis-que celui de Sète dépasse les 400 000 visiteurs. Et alors même que les habitants de notre commune tournaient culturellement davantage le dos à la mer.” La maire avoue sa reconnaissance envers Sète : “Notre toute première mesure a donc été d’inculquer les valeurs maritimes à nos enfants. C’est ce que nous avons fait. Chaque enfant de 10 ans se voit offrir depuis 2015 un baptême en mer. Notre “étoile”, notre chance, a été de rencontrer les organisateurs d’Escale à Sète pour réussir cet événement que nous organisons, nous, chaque année”.

Olivier SCHLAMA

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