Tourisme : La saison estivale du Canigou vise les sommets

Le Canigou vu depuis-Saint-Michel-de-Cuixa. Photo Michel CASTILLO CD66

Même les Percnoptères choisissent le Canigou ! Deux couples de ce rapace migrateur venu d’Egypte ont en effet choisi de venir nicher dans le célèbre massif catalan. Tout un symbole pour un site qui affiche l’ambition d’incarner aussi bien un certain art de vivre que les valeurs de l’éco-tourisme…

Une silhouette blanche et noire évoluant gracieusement dans le ciel pyrénéen… Le vautour Percnoptère est visible dans le massif du Canigou de mars à début septembre. Si l’on s’attarde un instant sur la présence, certes anecdotique, de ce rapace dans les Pyrénées-Orientales, c’est qu’il souligne à merveille l’élan qui a gagné depuis quelques années la “Montagne sacrée des Catalans”

Tourisme, loisirs durables et patrimoine

Ségolène Neuville, présidente du Syndicat Mixte Canigou Grand Site. Photo Ph.-M.

Ainsi, le Massif du Canigó est officiellement labellisé Grand site de France depuis le 13 juillet 2012 (plus en cliquant ICI) et Grand site d’Occitanie depuis 2017. Comme a tenu à le souligner la présidente du département, Hermeline Malherbe, “avant même d’être une destination touristique, le Canigou est un site exceptionnel, un lieu à préserver dans toute sa diversité.” Il se situe en effet à l’intersection de plusieurs problématiques liées au tourisme et aux loisirs durables, comme au centre d’un triangle géographique de premier plan, entre Barcelone, Montpellier et Toulouse…

Entre les vallées de la Têt (au nord) et du Tech (au sud), espace naturel aux patsages multiples, mais aussi espace habité, avec ses villages, ses monuments, ses traditions, espace trans-frontalier et donc lieu de rencontre et d’échange, le Canigou n’est pas qu’une terre de légende, c’est l’ultime repère terrestre pour ceux qui naviguent sur la Méditerranée, une montagne emblématique comme l’Etna et la Sainte-Victoire…

“On a tout chez nous !”

Au moment de lancer la saison estivale de cette “Destination Canigó”, alors que la neige n’a pas encore fondu partout, plusieurs élus du massif se sont mobilisés autour de Ségolène Neuville, présidente du Syndicat mixte Canigó Grand site… Car autour du sommet qui culmine à 2 784 mètres, c’est tout un réseau naturel qui se développe en massif, vallées, balcons et piémonts. Plus qu’un territoire, un univers dont René Bantoure (Pdt de la communauté de communes du Haut-Vallespir) résume l’esprit en cinq mots : “On a tout chez nous !”

La radndonnée, une activité praticable à tous niveaux dans le Massif du Canigou. Photo Michel CASTILLO CD66

Ce spécialiste des activités de Pleine nature ne manque pas d’arguments au moment de décliner les valeurs de “son” Canigou, avec plus de 200 sites dédiés à des activités telles que canyoning, randonnée, VTT ou vélo de route, randonnée équestre et pour les plus aguerris, spéléo, parapente, escalade… A partir de cet été, certaines règles de circulation sont à respecter (*).

Ces activités sont au coeur de l’une des trois principales filières définies par le Syndicat mixte, (avec le bien-être/thermalisme et le Patrimoine) : le tourisme de nature, qui s’appuie sur la grande diversité de paysage de cette “montagne vivante” riche en sentiers de découverte, avec 5 refuges d’altitude à Sant-Guillem (Le Tech), Les Conques (Prats-de-Mollo), Marialles (Casteil), Cortalets (Taurinya) et Batera (Corsavy). Plus d’informations en cliquant ICI.

Si la nature est un patrimoine à préserver, le massif du Canigou, c’est aussi une cinquantaine de sites classés ou inscrits, dont trois des “plus beaux villages de France” (Castelnou, Eus, Evol, voir plus en cliquant ICI), Villefranche-de-Conflent au patrimoine mondial de l’Unesco (qui est aussi la ville de départ du “petit train jaune”)… Une richesse qui prend également des allures de torrents à flancs de montagne, ou de sources thermales dont les eaux chaudes, sulfurées, sodiques et alcalines sont idéales pour les rhumatismes et les voues respiratoires. Quatre stations (Amélie-les-Bains, Moltig-les-Bains, Prats-de-Mollo-La-Preste et Vernet-les-Bains) proposent ces bienfaits qui s’intègrent de plus en plus dans une démarche plus large de tourisme de bien-être et de remise en forme, que certains désignent du mot quelque peu barbare de thermoludisme…

“La montagne ne se fait pas à grande vitesse”

Dans le haut-vallespir, la chapelle-Sainte-Marguerite et le massif du Canigou. Photo Michel CASTILLO CD66

Atout économique essentiel, aussi, pour les Pyrénées-Orientales, qui en font (avec aussi Le Boulou)  le premier département thermal de France (plus, en cliquant ICI), représentant chaque année un million de nuitées et environ 5 000 emplois pour le département. Une cure c’est trois semaines. Autant dire que le touriste a aussi du temps pour partir à la découverte de la région. une découverte qui peut passer par les nombreux événements et festivals répartis tout au long de l’été, à commencer par la Foire catalane Sud Canigou des 9 et 10 juin prochains, à Arles-sur-Tech.

De toute façon, comme le soulignait les spécialistes présents lors du lancement de la saison : “La montagne ne se fait pas à grande vitesse. Prendre le temps de la découvrir, de l’apprécier, c’est  l’aimer et la respecter.” Autant un appel à la prudence pour ceux qui oublient que la montagne est souvent dangereuse, qu’à la préservation de cet espace exceptionnel, dont l’apparence puissance de la roche peut cacher la sensible fragilité d’une nature qui est ici un véritable réservoir unique de biodiversité. Enfin, on ne peut passer sous silence la catalanité, présente partout comme sur ce panneau qui reproduit le poème (“Canigó” publié en 1886) de Jacint Verdaguer, inspiré par ses villégiatures du Haut-Vallespir, aux bains de la Preste et sur les pentes du Canigou…

Philippe MOURET

(*) Dès ce printemps 2018, les modalités d’accès au refuge des Cortalets, donnant accès au Pic du Canigou sont modifiées. La piste forestière du Llec (à partir du 15 juin) est accessible et autorisée aux véhicules motorisés jusqu’à l’Esquena d’Ase (1 386 m). Ce site offrant notamment l’avantage de pouvoir stationner aisément les véhicules avec un moindre impact paysager et environnemental. Il permet surtout un accès pédestre au refuge en moins de 3 heures et au pic du Canigou en une ou deux journées. Il sera également possible à un service de transport collectif privé entre l’Esquana d’Ase et l’aval du refuge (uniquement sur réservation). Cette évolution répond à plusieurs problématiques, l’état de la piste par sécurité et l’harmonisation de l’altitude maximale d’accès des véhicules à moteur.