(Avec vidéo). Lauréate pour l’Occitanie des prix de l’ESS, la scoop l’Héraultaise Cohab installe ses écuroducs dans la nature et propose des solutions intégrées en ville pour que la petite faune inféodée au bâti – oiseaux, hérissons, chauve-souris…- y trouve toute sa place. Avec des projets révolutionnaires : un nichoir du futur, bioclimatique ou intégré dans une brique !
L’homme est un loup pour l’homme. Certains le sont moins que d’autres. “92 candidats étaient en lice en Occitanie pour un lauréat de la région désigné dans la catégorie transition écologique : la Scop Cohab”, désignée par ESS France, association nationale, présidée par Benoît Hamon, qui réunit l’ensemble des entreprises et associations travaillant dans le secteur de l’économie sociale et solidaire.
Basée à Prades-sur-Vernazobre, dans l’Hérault,Cohab développe des solutions permettant d’intégrer la petite faune aux aménagements urbains comme Dis-Leur vous l’avait expliqué ICI : des passage à faune : écuroducs : ponts aériens pour faire traverser les écureuils au-dessus des routes et parpaings à hérisson pour laisser passer la petite faune entre les murs de clôture. Mais aussi des nichoirs intégrés : pour restaurer les habitats des espèces dites inféodées au bâti comme des oiseaux et les chauve-souris.
Sauver écureuils, hérissons, oiseaux, chauve-souris

Ces nichoirs s’encastrent à la construction ou lors d’une rénovation thermique et offre aux animaux un habitat stable thermiquement et adapté à leurs besoins. Ces solutions sont destinées aux aménageurs publics et privés qui sont accompagnés de leur expertise. En outre,”à travers son activité, Cohab réduit et optimise son flux de matières et d’énergie utilisés, notamment en favorisant les circuits courts, et en étant attentifs au cycle de vie des produits utilisés et commercialisés.”
Plus d’une cinquantaine d’écuroducs installés
Ces solutions imaginées par Cohab, qui emploie deux salariés et réalise un chiffre d’affaires variant de 100 000 € à 150 000 € par an, n’existaient pas. Elles permettent désormais aux aménageurs de les intégrer à leurs projets de construction “pour une meilleure biodiversité en ville, pose Lucie Yrles, cofondatrice de la scoop Cohab. Notamment sur les petits mammifères, chauve-souris et oiseaux. On leur propose deux solutions principales : les passages à faunes, dont fait partie les écuroducs : des ponts au-dessus des routes pour faire traverser les écureuils. On en a installé plus d’une cinquantaine en France et en Belgique. Et aussi des passages à hérissons dans les clôtures également. Pour le département de l’Hérault, nous avons aussi travaillé sur des déplacements de la loutres, sous les ouvrages hydrauliques, notamment vers Brissac.”
Nichoirs intégrés dans les bâtiments

Lucie Yrles développe : “La seconde solution que nous développons de plus en plus, ce sont des nichoirs qui s’intègrent dans les bâtiments, quand il y a une rénovation thermique avec pose d’isolation extérieure, par exemple. Eh bien à l’intérieur, on intègre des nichoirs dans les murs. Beaucoup d’espèces sont inféodées au bâti mais comme les bâtiments deviennent hermétiques, ces espèces perdent de l’habitat {l’une des principales causes de chute de la biodiversité, Ndlr}. Ce ne sont pas des nichoirs en façade, beaucoup trop chaud lors de canicules. Là, ce sont des cavités. Nous avons une gamme de nichoirs en bois réalisés par des personnes en situation de handicap d’un Esat près chez nous qui les réalisent.”
Ces nichoirs ne sont pas de ceux que vous trouvez en jardineries. “Ils sont beaucoup plus massifs et nous choisissons un bois d’origine France labellisé PEFC ; qui est expédié par l’Esat. Bref, cela coûte plus cher que ceux à moins de 100 € pour tous fabriqués en Pologne. Les aménageurs qui recourent aux nichoirs de Cohab le font aussi pour des raisons éthiques et investissent entre 2 000 € et 5 000 € de nichoirs pour une gamme complète pour des bâtiments qui coûtent des millions d’euros”, argumente Lucie Yrles.
Saint-Gilles, Narbonne, les Ardennes…
Pas facile de démontrer statistiquement que les écuroducs sauvent X vies de ces petits animaux, le suivi n’est pas forcément au programme des aménageurs. Mais on constate leur efficacité rien qu’à l’oeil nu. L’écuroduc de Bessan, par exemple, est très fréquenté : “Parfois, confie encore Lucie Yrles, plusieurs écureuils l’empruntent les uns après les autres. Il y en a un autre en Alsace, aussi entre deux parcs urbains, c’est une autoroute ! Nous avons plusieurs projets de poses d’écuroducs, notamment un chantier à la Zac mitra de Saint-Gilles (Gard), où dans le cadre d’une mesure compensatoire, nous allons installer cinq de nos équipements (un principal entre poteaux et quatre secondaires pour relier les poteaux aux arbres). Nous allons également installer un écuroduc à Narbonne en novembre et deux écuroducs dans les Ardennes en décembre”, souligne Lucie Yrles, cofondatrice de Cohab.
Nichoir du futur bioclimatique !

Lucie Yrles ajoute à propos d’un projet très élaboré : “Nous travaillons en collaboration avec l’équipe du Cefe de Anne Charmantier sur la réalisation d’un nichoir du futur appelé bioclimatique. L’objectif de ce projet est de développer un nichoir à poser isolé afin de préserver les oisillons des épisodes de canicules et d’une mortalité dans les nichoirs. L’équipe du Cefe réalise un suivi des Mésanges (étude sur leur adaptation face à l’urbanisation). Dans ce cadre, ils utilisent des nichoirs et ont accepté de tester nos nichoirs bioclimatiques car les questions du réchauffement climatique, des îlots de chaleur urbain et de leur conséquence sur la nidification en ville les intéressent et posent question dans leur étude.”
Et même un nichoir carrément dans une brique !

Ce n’est pas tout. “Nous avons également un nouveau nichoir qui va sortir prochainement : la Biodiv’Bric, dit-elle. C’est une brique de construction (marque Bouyer-Leroux) nichoir (pour les moineaux, martinet, mésanges, rougequeues et chauves-souris) qui offre un refuge durable aux oiseaux et aux chauves-souris qui nichent dans les cavités des bâtiments. Elle est conçue pour s’intégrer facilement dans la maçonnerie, et permet aux aménageurs d’allier respect de la biodiversité et conformité aux normes de construction. » Enfin, Cohab “vient de terminer une exposition : La Nature Dans les Murs, en partenariat avec l’école d’architecture de Versailles et Laurent Arthur de l’association Chauve-qui-peut. Qui a pour vocation de sensibiliser sur la prise en compte de la faune inféodée au bâti lors des constructions et rénovations de bâtiments. Elle est actuellement exposée à l’école d’architecture de Lyon, puis elle ira à Versailles et nous espérons qu’elle sera présenté ailleurs en France en 2026.”


Décernés chaque année à l’occasion du lancement de la 18e édition du mois de l’Économie sociale et solidaire, ces prix comme celui de Cohab récompensent les initiatives remarquables de ses acteurs ancrés dans les territoires et qui peuvent correspondre aux enjeux et aux besoins de la société. Pour cette édition 2025, le prix national a été remis lors d’une cérémonie qui s’est tenue jeudi 30 octobre à Bordeaux, lors du Forum mondial de l’ESS (1).
Le mois de l’économie sociale et solidaire est un temps annuel se déroulant au mois de novembre qui donne l’opportunité de découvrir l’ESS et de comprendre ce que cette forme d’économie peut apporter à notre société en pleine transition.
Olivier SCHLAMA
- 
(1) Lauréat national : Dédale, à Bordeaux (Nouvelle-Aquitaine). Le projet Résolv (réhabilitation écologique et solidaire des logements vacants) est un projet de lutte contre le sans-abrisme. Il vise, en complément des dispositifs existants, à constituer une offre nouvelle de logements solidaires en facilitant la mise à disposition d’actifs immobiliers vacants et disponibles, via un accompagnement des propriétaires et des actions de réhabilitation ciblées et éco-responsables. La mobilisation du foncier vacant est une solution rapide, économe, écologique, qualitative et favorisant la mixité sociale au service de la lutte contre le mal-logement. Dédale vise à inspirer un essaimage de son action au-delà du département de Gironde pour encourager d’autres territoires à s’engager dans des solutions pérennes, solidaires et éco-responsables.
 - 
580 organisations ont candidaté à l’édition 2025 des Prix de l’ESS (565 en 2024) 22 candidatures soumises à un Jury National grâce à une sélection des chambres régionales de l’ESS (CRESS) via des jurys régionaux 12 initiatives récompensées au niveau régional et 1 lauréat national.
 
À lire également sur Dis-Leur !
Benoît Hamon : “La santé de l’économie sociale et solidaire est extrêmement précaire”
Associations en urgence financière : “Certains commencent à évoquer une grève nationale” !