Sciences : Une toulousaine à l’honneur pour ses recherches sur la leucémie

Le Prix Jeunes Talents L’Oréal-Unesco pour les Femmes et la Science représente une belle reconnaissance pour Laura Poillet-Pérez : non seulement il va lui permettre de financer ses recherches, mais il fait aussi gage de soutien pour son statut de femme en science, et l’ encourage à continuer sur cette voie. Tout comme deux autres lauréates, Maëlle Bellec et Marie Villares.

Récompensée pour son parcours émérite et ses travaux brillants, la jeune chercheuse toulousaine (qui a commencé ses études à l’Université de Franche-Comté) recevra une bourse de recherche de 15.000 euros et bénéficiera d’un programme de formation au leadership, complémentaire à son parcours scientifique, afin d’avoir les moyens de briser plus facilement le plafond de verre. (découvrir le Centre de recherche en cancérologie de Toulouse, CRCT).

Elle affiche clairement ses intentions : “Mon objectif est de mieux comprendre le fonctionnement des cellules cancéreuses pour les éradiquer et adapter les traitements à chaque patient.”

L’engagement de la Fondation L’Oréal, avec l’Unesco

Laura Poillet-Pérez : étudie les mécanismes impliqués dans la résistance des leucémies aux thérapies. Photo ©Jean-Charles Caslot – Fondation L’Oréal

Aujourd’hui encore en France, les femmes sont sous-représentées dans les études et les professions de Recherche : on ne compte que 36 % de femmes en doctorat, 26 % de femmes en écoles d’ingénieurs et 28 % de femmes parmi les chercheurs. En Europe, seulement 14 % des hautes fonctions académiques en science sont exercées par des femmes, et, au niveau mondial, seules 3 % de femmes ont été récompensées par des prix Nobel scientifiques (*).

La Fondation L’Oréal s’engage aux côtés des femmes pour contribuer à leur valorisation en science (**). Ainsi, le Prix Jeunes Talents L’Oréal-Unesco pour les Femmes et la Science, récompense des chercheuses dont les travaux “contribuent à bâtir un monde meilleur, durable, plus résilient.” Cette édition 2021 distingue 35 Jeunes Talents sélectionnées par un jury d’excellence parmi plus de 700 candidatures.

“Renforcer la représentation de femmes en science.”

Originaires du monde entier, menant leurs recherches en France métropolitaine ou dans les Outre-Mer, ces doctorantes ou post-doctorantes sont engagées dans des champs aussi variés que la médecine, l’astronomie, la physique ou l’informatique. Toutes remarquables par l’excellence de leur parcours, elles représentent chacune un espoir pour notre avenir commun.

Confrontées au long de leur cursus à des différences de traitement avec leurs homologues masculins, elles souhaitent aujourd’hui contribuer à promouvoir la science auprès des plus jeunes et des générations futures. “Puissent-elles, en tant que rôle models, permettre de mettre fin à l’auto-censure et au manque de confiance des femmes dans les carrières scientifiques. Puissent-elles contribuer à renforcer la représentation de femmes audacieuses en science”, précise le jury du prix.

Une volonté que partage la scientifique toulousaine qui, tout au long de son parcours a  “ressenti qu’on attendait plus de moi et j’ai souvent été jugée sur mes rôles de mère et scientifique, devant prouver que je pouvais réussir sans que l’un des deux en pâtisse”, confie Laura Poillet-Pérez. Un challenge de plus pour celle qui avoue aimer “le challenge que me procure mon métier chaque jour et le fait que mon métier m’ait appris à persévérer et à ne jamais abandonner.”

Philippe MOURET

D’autres talents d’Occitanie à l’honneur :

Deux autres jeunes femmes scientifiques ont également vu leurs travaux récompensés. Il s’agit de Maelle Bellec, doctorante à l’Institut de Génétique Moléculaire de Montpellier (CNRS-UMR 5535, Université de Montpellier) qui cherche à percer les mystères du développement de l’embryon. Et de Marie Villares, doctorante au Laboratoire Plasticité des phénotypes cellulaires (UMR7216 Épigénétique et Destin cellulaire, Université de Paris, CNRS) qui étudie un parasite bovin pour caractériser de nouveaux traitements contre le cancer.

Ouvrir la voie à des stratégies thérapeutiques contre le cancer

Marie Villares a grandi aux Angles,elle est doctorante au Laboratoire Plasticité des phénotypes cellulaires, de l’Université de Paris, CNRS Photo ©Jean-Charles Caslot – Fondation L’Oréal

“La recherche est pour moi une façon d’aider les gens : j’espère contribuer à de grandes avancées dans le domaine de la santé”, souligne Marie Villares qui a grandi dans la station de sports d’hiver des Angles (Pyrénées-Orintales). Les compétitions de ski de fond qu’elle y a pratiqué dès son enfance lui apprennent la persévérance et
l’importance de l’esprit d’équipe si précieux pour sa future carrière.

Ayant très tôt (dès son stage de 3e) développé sa passion pour les sciences, elle s’est orientée vers la recherche, d’abord avec une licence en Biologie Moléculaire et Cellulaire à Montpellier. Après un stage outre-Atlantique à l’Université de New-York, elle trouve son laboratoire de thèse au sein de l’Unité Épigénétique et Destin Cellulaire à l’Université de Paris.

Elle concentre ses travaux sur un parasite bovin, Theileria annulata, qui rend cancéreuses les cellules infectées, causant la mort de l’animal. Elle étudie les modifications provoquées par le parasite en testant de nouveaux composés pouvant éliminer la maladie.

Marie Villares anime le compte Instagram @ScienceMaVi de vulgarisation scientifique autour de la biologie, et particulièrement en génétique. Elle y partage “des clés de compréhension pour mieux appréhender les sujets scientifiques” , de mettre à l’honneur “la nouvelle génération de scientifiques” et de “déconstruire les stéréotypes ancrés sur le milieu de la recherche.”

L’origine de la vie, au coeur des recherches de Maëlle Bellec

“Il est important d’avoir des modèles de femmes sur lesquels s’appuyer, notamment au début d’un parcours professionnel” dit Maëlle Bellec… Photo ©Jean-Charles Caslot – Fondation L’Oréal

Originaire du Vaucluse, Maëlle Bellec est issue d’un milieu agricole. Après avoir effectué collège et lycée en ZEP, elle se tourne vers un IUT agronomie et s’implique dans le maraîchage, la culture du chanvre et la viticulture. Lors d’un cours auquel elle assiste par hasard, elle découvre “un domaine nouveau et fascinant” pour elle : la génétique.

À l’invitation d’une chercheuse qui la sollicite pour travailler dans son laboratoire, Maëlle Bellec décide de reprendre ses études après quelques années de pause et intègre le Master Génétique Épigénétique de l’Université de Montpellier. Après des stages de Master aux États-Unis et en Autriche, elle étudie pour sa thèse les premières heures de développement chez la drosophile.

Cette mouche minuscule est prisée pour la biologie du développement grâce à ses similitudes avec celui des mammifères. Son but : découvrir comment une cellule de l’embryon transmet aux cellules filles son “identité” qui leur “commandera” de former de la peau, du muscle, du cerveau…

L’origine de la vie est au cœur de ses recherches. À long terme, une meilleure connaissance du développement d’un organisme sain permettra de mieux comprendre certaines maladies comme l’infertilité ou certains échecs de la fécondation in vitro. Pour elle : “La qualité majeure d’un scientifique est la curiosité, c’est le leitmotiv de chaque chercheur.”

(*) Cinq lauréates du Prix L’Oréal-Unesco Pour les Femmes et la Science ont reçu le Prix Nobel dans leur domaine de compétence: Christine Nusslein-Volhard et Elizabeth Blackburn en médecine ou physiologie, Ada Yonath, Emmanuelle Charpentier et Jennifer Doudna en chimie.

(**) L’Oréal “pour les filles et la science”

Pour contribuer à rendre les carrières scientifiques plus attractives et inciter les jeunes filles à se tourner vers la recherche, la Fondation L’Oréal a lancé en 2014 en France son programme Pour les filles et la Science.

Sensibiliser les plus jeunes au moment de leur scolarité est clé pour déminer les idées reçues qui font des sciences et de la recherche un champ “trop difficile”, “monotone”, “élitiste”, ou pire, “réservé aux hommes.” C’est un élément déterminant de notre engagement pour encourager toujours plus de jeunes filles à se tourner vers les sciences.

À travers ce programme, la Fondation L’Oréal et ses ambassadrices scientifiques vont à la rencontre de collégiennes et de lycéennes, partout en France, pour lutter contre les préjugés sur les carrières scientifiques et la place des femmes dans la recherche.

En cinq ans seulement, les 150 ambassadrices scientifiques -parmi lesquelles figurent des Jeunes Talents- ont rencontré plus de 54 000 jeunes filles partout en France.

Divers événements de vulgarisation intitulés “La science, et si c’était pour moi ?” ont également été organisés, avec Universcience, établissement public français dédié à la promotion de la culture scientifique, réunissant plusieurs centaines de jeunes autour d’interventions interactives à la Cité des Sciences et de l’Industrie de Paris.