Pyrénées-Orientales : Des culottes menstruelles bio, solidaires et catalanes

Erika Boulic et sa culotte lunaire Egzod. Ph. DR.

De beaux tissus sains, une fabrication éco-responsable, à Prades, dans un atelier pour femmes en réinsertion sociale… Erika Boulic a imaginé l’Egzod qui a dépassé toutes ses espérances lors de l’opération de financement participatif. Un projet qui répond à un vrai besoin.

Longtemps tabou, le sujet s’impose dans la société. “Quand j’ai eu cette idée de culotte menstruelle que j’ai baptisée Egzod, j’ai fait un sondage autour de moi. Eh bien, en quelques jours, j’ai reçu 400 réponses enthousiastes ! Quatre cents réponses…” Depuis son atelier de conception à Prades, la ville dont le Premier ministre, Jean Castex, est resté maire par procuration, Boulic Erika n’en revient pas. Son opération de crowndfunding est d’ailleurs un succès qui affiche en seulement trois jours 262 culottes prévendues pour un objectif de 100 !

La crise sanitaire accélère le projet

Les règles des femmes sont un marqueur social, d’inégalité et de précarité. Le gouvernement n’a-t-il pas promis d’équiper gratuitement les jeunes étudiantes sans le sou ? Et ce, encore davantage en période de crise. C’est d’ailleurs la crise sanitaire qui a fait s’accélérer le projet d’Erika Boulic. La jeune femme était jusque-là saisonnière dans un restaurant, que le covid a désormais privée de boulot.

Deux ans de tests avec 40 testeuses !

“Il n’y a pas vraiment eu d’innovation pour l’intimité des femmes depuis les années 1960. Cela fait deux ans que je peaufine cette idée ; j’ai même une quarantaine de “testeuses” qui portent mon produit. Je connais parfaitement la concurrence. Et je travaille même justement à la possibilité de créer justement une culotte encore plus abordable pour les jeunes étudiantes…” Sans doute en deçà de l’actuel tarif de base (32,90 €, 35,90 € pour l’illustrée à la main). “Il faut savoir également que c’est une culotte, tellement bien conçue, qui remonte là où les fuites peuvent apparaître, qui s’utilise également pour les fuites urinaires !”

C’est un projet 100 % éco-responsable, entièrement fabriqué artisanalement, à Prades”

Erika Boulic

Coton bio, microéponge, tissu imperméable… Respirante, durable… La culotte Egzod dure longtemps : “Entre cinq et sept ans”, affirme sa conceptrice. Erika Boulic insiste sur l’accumulation de points positifs : “C’est une culotte fabriquée dans de jolis tissus sains issus de la Manufacture de textiles très engagée elle-même dans l’économie circulaire. C’est un projet 100 % éco-responsable, entièrement fabriqué artisanalement, à Prades.” Et surtout le produit est fabriqué par des femmes en phase de réinsertion sociale, La manufacture à Prades ” (branche de l’AICO).

“Le projet est très structuré, qu’elle a élaboré de façon éthique et qui correspond à un vrai besoin”

Mathilde Montzieux du dispositif  Tremplin qui accompagna la jeune chef d’entreprise dans la définition de son projet tresse des louanges : “Le projet d’Erika Boulic est très structuré. C’est un bon projet qu’elle a élaboré de façon éthique et qui correspond à un vrai besoin.” Erika Boulic précise : “Le projet existe depuis 2018 et plusieurs organismes m’ont accompagnée afin qu’il voie le jour. Je travaille actuellement sur un nouveau partenariat avec l’atelier Père Pigne situé à Perpignan, l’objectif étant d’accroître la capacité de production locale.”

Réduction des déchets

Le projet d’Erika a aussi une dimension environnementale : la réduction des déchets. Certaines protections jetables telles que les tampons et les serviettes hygiéniques industrielles produisent énormément de déchets non recyclables.
“En 2020, relate-t-elle, la production de déchets menstruels dépasse le million de mètres cubes. Des déchets non recyclables, envoyés dans des sites d’enfouissement, brûlés ou finissent par se retrouver en mer… Qui plus est, les tampons et les serviettes jetables se décomposent très lentement (400 ans à 500 ans) et libèrent des substances nocives pour l’environnement. Sur un panel de 415 femmes interrogées en 2019 au sein de mon réseau, 64,6 % sont sensibles à l’impact écologique des protections jetables et souhaitent les changer.”

D’où vient ce nom Egzod ? “Quand j’ai trouvé le nom Egzod – en sursaut en pleine nuit – son étymologie m’a parlé : exode est formé à partir du terme grec exodos qui signifie départ, lui-même composé de deux éléments : ex : en-dehors et hodos : le chemin. Ce qui au total signifie : “En dehors du chemin”… Ce qui est l’essence même de mon parcours, et de cette culotte.” Un parcours qui ne fait que commencer.

Olivier SCHLAMA

  • La santé des femmes. “Il existe une controverse au sujet du syndrome de choc toxique, à cause de la composition douteuse des protections hygiéniques et la nocivité de certains composants tels que les fameux perturbateurs endocriniens qui ont poussé les consommatrices à exiger davantage d’innovation et de transparence. Sur un panel de 415 femmes interrogées en 2019 au sein de mon réseau, 37 % d’entre elles indiquent qu’elles ont tendance à subir des inconvénients liés à l’utilisation de protections hygiéniques conventionnelles avec irritations, allergies etc.