Marcher, pour que les SCIENCES ne soient pas mises au pas

La veille du premier tour de la présidentielle, samedi 22 avril, dans plusieurs grandes villes de France, dont Montpellier et Toulouse, des marches pour défendre la Science seront prévues. La grande absente des programmes se mobilise ainsi en masse.

On a beaucoup parlé des costumes de François Fillon, lors de cette campagne électorale. Mais il a été très peu question de nucléaire, d’OGM, de démographie ou du réchauffement climatique. Comme si les candidats avaient du mal à se projeter au-delà des cinq années de leur potentiel (petit) quinquennat. Pourtant, d’ici à la fin du siècle, nous serons 12 milliards d’êtres humains à nous partager les ressources (finies) de la Terre. Sans recours à la science, comment les politiciens vont-ils résoudre cette complexe équation ?

Des marches sur les cinq continents

Dans la foulée de l’élection du Président américain Donald Trump (créationniste et climato-sceptique), la communauté scientifique mondiale a décidé qu’il était temps qu’elle quitte ses labos et relève ses manches pour rappeler à la société civile que la science est un bien public, un auxiliaire de vie, un pilier de la démocratie. Partout dans le monde, principalement aux Etats-Unis et en France, le 22 avril, journée internationale de la Terre, des marches seront donc organisées pour promouvoir une société plus ouverte, plus critique, une société qui ne se réagit pas à chaud, mais prend le temps de réfléchir et d’analyser les faits, comme le font les scientifiques.

La présentation de la marche, à Montpellier

En effet: Les pneus des voitures, les poêles à frire, le GPS, le maïs que nous mangeons (ou pas), la lumière que nous allumons : la plupart des objets de notre quotidien sont bourrés de science. « La science », ce n’est pas « juste » un truc compliqué qui ne nous concerne pas, contrairement à ce que semblent penser les onze candidats à l’élection présidentielle. Comme le rappelle l’une des co-organisatrices de la marche de Montpellier, la féministe Marie-Noëlle Lanuit : « Cette marche, elle concerne absolument tout le monde ! Les droits des femmes, par exemple, ne seraient pas ce qu’ils sont, si des scientifiques n’avaient pas mis leur nez là-dedans, pour montrer que le cerveau des femmes est le même que celui des hommes ».

Plusieurs milliers de personnes attendues

« C’est déjà un succès car nous sommes parvenus à un rassemblement large d’organismes, de syndicats, d’associations, de sociétés savantes, de blogueurs, depuis les sciences sociales jusqu’aux mathématiques » soulignait, sur lemonde.fr, Olivier Berné, astrophysicien du Centre national de la recherche scientifique (CNRS) à Toulouse et l’un des premiers initiateurs du volet français de la Marche pour les sciences.

Dès midi, samedi prochain, dans les jardins du Peyrou, à Montpellier, des animations scientifiques, des sketchs et un « atelier pancartes » seront organisés. A 14h00, la marche démarrera à Montpellier en direction de la Place de la Comédie. A Toulouse, ce sera de la Prairie des Filtres (Château d’eau). En France, et dans les deux grandes villes d’Occitanie (à l’ADN scientifique très développé), la marche du 22 avril 2017 attend plusieurs milliers de personnes : « Aujourd’hui, on a un discours politique qui s’appuie davantage sur des idéologies que sur des faits », souligne l’un des organisateurs de la marche de Montpellier, le biologiste Patrick Lemaire. « Le nombre et la diversité des soutiens que nous avons obtenus, pour notre marche est historique ! Les grands organismes de recherche, mais aussi des sociétés savantes et des journalistes scientifiques….»

Rosanne MATHOT

Aux USA, la science muselée Depuis l’élection de Donal Trump, le 20 janvier dernier, la science a pris un sacré coup dans l’aile : les scientifiques qui travaillent pour l’administration américaine n’ont plus le droit de s’exprimer dans les médias ; le budget américain dévoué à la recherche pourrait être amputé de 20 % ; des menaces de destruction des données collectées sur le climat planent (à tel point que L’Institut français des Systèmes complexes a décidé d’abriter des données américaines).