Dans le sillage du plan habitat, suite du mégafeu de l’Aude, l’Occitanie va se doter ce vendredi d’un plan, Occitanie Résiliente, décliné en neuf priorités de la préservation de la biodiversité à la création d’emplois. Avec davantage d’argent demandé à l’Europe et au gouvernement.
Une région-paradoxe. Avec des atouts et des faiblesses. Attractivité croissante avec 45 000 nouveaux habitants chaque année (mais qu’il faut loger !) ; un leadership agricole régional (première région bio de France) ; un rôle pilote dans la transition écologique (un plan hydrogène à 150 M€, de l’éolien flottant)…
Forces et faiblesses de l’Occitanie

C’est aussi la première région exposée au réchauffement climatique (le mégafeu de cet été dans l’Aude en est l’événement le plus saillant avec le manque d’eau) ; et la plus enclavée du pays ; avec un tourisme touché par le réchauffement alors qu’il représente 10 % du PIB régional et 125 000 emplois ; c’est le second secteur économique régional. C’est aussi une région qui présente un taux de pauvreté de 17,5 %, plus de deux points au-dessus de la moyenne nationale ; qui a besoin de 29 000 logements par an d’ici 2050. Fin 2024, pas moins de 210 000 ménages attendaient un logement. A ce contexte régional, il faut ajouter d’autres crises : géopolitique, politique nationale et budgétaire française.
Jalil Benabdillah, vice-président à l’économie, a rappelé que le fonds souverain de la région Occitanie allait être musclé, passant de 400 M€ à 1 milliard d’euros, “C’est l’objectif”, a-t-il confié. La Région a ainsi accompagné, depuis 2016, quelque 90 000 entreprises permettant la création, le maintien ou la sauvegarde de 250 000 emplois. Parmi les dernières implantations de champions “d’emplois non délocalisables”, on compte par exemple Cykero à Montpellier pour son technocentre de reconditionnement d’appareils électroniques ; Tekever à Cahors (Lot) pour son excellence en drones et technologies satellitaires créant 100 emplois en cinq ans ou encore Podrone, entreprise japonaise qui développe chez nous son premier site européen.
14,5 milliards d’euros pour Occitanie Résiliente

Pour répondre à ce changement de paradigme, Carole Delga a expliqué lors d’un point presse, ce jeudi, veille de l’assemblée plénière que ce territoire a besoin, de 14,5 milliards d’euros pour mener à bien ce plan de 2026 à 2035, baptisé Occitanie Résiliente. Ce dernier se déclinera à travers neuf plans d’actions dont deux doivent être votés ce vendredi, l’un sur la réindustrialisation, le second sur la préservation de la biodiversité et l’eau. Suivront, en 2026, un plan eau, des plans pour la souveraineté énergétique, alimentaire et agriculture, numérique, les mobilités, l’énergie, le tourisme, etc. Ce plan Occitanie Résilience s’inscrit dans le sillage du mégafeu de l’Aude. Dans la foulée, il y a déjà plusieurs semaines, avait été voté un plan spécifique, plan habitat durable de 150 M€ dont 50 M€ pour la construction et la rénovation de logements sociaux ; la réhabilitation de 350 bâtiments publics d’ici 3 ans.
L’argent, c’est le défi des défis. Pour financer ce vaste plan à 14,5 milliards, la Région Occitanie compte l’abonder de 2 milliards d’euros ; de 2,6 milliards d’euros à demander aux collectivités, banques, porteurs de projets, etc. Les plus grosses parts seront demandés à l’Etat (4,6 milliards d’euros) et surtout l’Europe pour 5,3 milliards d’euros.
Programme Life et d’autres recettes attendues

“Nous voulons encore plus mobiliser les financements européens, a posé Carole Delga, ajoutant que, selon elle, l’Etat doit mener des politiques adaptées aux {spécificités} des pays méditerranéens”. Vice-présidente de la région, Agnès Langevine a parlé de ce plan comme “une boîte à outils. Nous allons d’ailleurs déposer un projet Life auprès de l’Union”. La Région Occitanie a-t-elle des garanties de l’engagement de l’Europe ? “Notre demande est réaliste, a-t-elle dit. Le Fonds européen d’investissement est très intéressé pour soutenir des projets sur les dix prochaines années, notamment dans le domaine des énergies renouvelables et la lutte contre les inégalités. Justement, nous pourrons aussi compter sur le programme européen Life Life.”

Carole Delga a aussi confié que la Région Occitanie pourrait compter sur d’autres nouvelles recettes attendues, environ 2,5 milliards d’euros, issus des bénéfices des sociétés autoroutières pour l’ensemble de l’Hexagone et 1 milliard d’euros issu, lui, de la taxe sur les poids lourds étrangers en transit. « C’est prévu entre 2028 et 2032. En attendant, l’idée c’est de créer des société de projets comme pour la LGV, abondées entre autres par la Caisse des dépôts qui avancerait l’argent nécessaire, décrypte Jean-Luc Gibelin. Vice-président chargé des transports, il précise qu’il est acquis que les sociétés autoroutières participeront aux mobilités. “Elles réalisent 12 milliards d’euros de bénéfice et consacreront un tiers, 2,5 milliards d’euros, aux infrastructures de mobilités et notamment de la SNCF. Les deux-tiers restants de ces bénéfices iront au renforcement des infrastructures et des opérations.”
Olivier SCHLAMA
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