Occitanie : La Région lance 40 mesures inédites pour lever les freins à l’emploi

La Région Occitanie a mobilisé 50 partenaires et 50 M€ pour mieux aider les demandeurs d’emploi et les entreprises de la région, notamment pour recruter dans des métiers en tension. Une première qui doit être votée aujourd’hui en assemblée plénière.

C’est une mobilisation exemplaire. “La reprise est là, c’est un mouvement de fond ; les entreprises ont des besoins d’embauche et elles ont des difficultés pour recruter”, énonce Carole Delga lors de la présentation de son “pack”pour filer la métaphore rugbistique  pour une meilleur inclusion des demandeurs d’emplois dans la région. Au total, quarante mesures – dont certaines existaient déjà, très récentes ou qui avaient encore peu de visibilité, comme le revenu régional écologique ICI – ont été élaborées pour un coût total de 50 M€ dont 15 M€ de la Région Occitanie : c’est ce que la présidente de Région appelle “Le pacte pour l’emploi” (1). Dans un contexte de recherche de souveraineté industrielle, énergétique, alimentaire ou sanitaire. Toutes les mesures sur ce lien ICI.

Lever des freins liés au salariés et à l’entreprise

Photo : Région Occitanie.

Personne n’est inemployable”, théorise Arnaud Simion, vice-président du département de la Haute-Garonne, première collectivité partenaire du dispositif, soulignant la “volonté de synergie et d’insertion professionnelle et sociale”. Personne n’est inemployable mais il faut faciliter leur employabilité. C’est tout le sens de ce programme de la Région qui a déjà fédéré 50 partenaires publics et privés pour mieux se coordonner et proposer des solutions pour lever des freins à l’embauche. Freins externes (difficulté à se déplacer, à faire garder ses enfants, à se loger…), des freins internes à l’entreprise (manque d’attractivité des métiers ou la qualité de vie au travail) et bien sûr des freins au cours de son parcours professionnel comme la perte de confiance en soi.

La région facilitatrice des recrutements

Quelque 600 000 personnes – sur presque six millions d’habitants – recherchent un travail en Occitanie. Certes, la Région Occitanie, qui ambitionne déjà de créer 100 000 nouveaux emplois dans les filières de demain et les métiers d’avenir, comme l’hydrogène vert, l’éolien en mer, mobilités du futur ou les biothérapies, cherche à faciliter les recrutements actuellement en souffrance dans certains métiers. Dans cette boîte à outils, qui sera évaluée dans dix-mois par le Ceser, on trouve quinze actions phare.

Action forte dans les quartiers prioritaires

“La première mesure c’est de faciliter l’insertion des publics issus des quartiers prioritaires dans les métiers en tension : BTP, sanitaire et social, restauration, transport…)” Baptisée, “Un emploi en bas de chez moi”, cette mesure est prise en charge par de grandes entreprises, comme la SNCF qui a lancé une campagne de 300 recrutements à Toulouse, Montpellier, Narbonne et Rodez. “Conducteurs de trains, vendeurs de billets, opérateurs, réparateurs, etc.”, a expliqué Philippe Bru, directeur régional.

Former des publics éloignés de l’emploi dans le BTP

La Région Occitanie a, de son côté, émis la volonté de recruter 550 conducteurs de bus scolaires. Parallèlement, se met en place le projet Zest’. Expérimenté en Haute-Garonne et en Aveyron, il consiste à mettre en situation de travail ou de former des publics éloignés de l’emploi dans le BTP ; des Étoiles et des femmes, c’est là, un programme qui vise à faciliter l’accès aux femmes des quartiers populaires vers le secteur de la restauration ; il y a aussi des actions pour les femmes envers le secteur sanitaire et social.

Aide à la garde d’enfant, solution d’hébergement…

Photo DR

Autre mesure phare : l’aide à la garde d’enfants avec la création d’une aide régionale, complémentaire de celle de la CAF, de 250 € pour les stagiaires de la formation professionnelle et ceux qui reprennent un emploi pour un contrat de plus de trois mois (80 € en dessous). “Mettre un enfant à la crèche, cela coûte en moyenne 450 €. Notre aide permettra s’alléger la facture”, a précisé Carole Delga.

On peut aussi citer une 3e action : une offre d’emploi pour un métier en tension (où il y a beaucoup d’offres et peu de candidats). En partenariat avec Action logement, la Région veut garantir une solution d’hébergement à tout chômeur reprenant un emploi et qui en aurait besoin. avec une aide gratuite de 1 000 € ; une aide (Mobil-pass), le financement (aide ou prêt au taux de 1 %) de certains frais liés à la mobilité géographique généré par ce nouvel emploi. Il y a aussi une aide au paiement du loyer pour les jeunes (de 10 € à 100 € maxi), etc.

Héberger les saisonniers

Ce pacte a aussi prévu la mise à disposition des internats des lycées pour héberger les saisonniers en juillet-août. Une expérimentation sera lancée dès cet été dans deux lycées du littoral et un en montagne. Il y a aussi jusqu’à 100 000 € d’aide si un propriétaire veut aménager un site pour accueillir au moins cinq saisonniers… On trouve aussi un prêt de véhicule pour les jeunes demandeurs d’emploi et salariés en reconversion.

1 000 coachings individuels !

Ce n’est pas tout : la région et ses partenaires proposent 1 000 coachings individuels pour retrouver la confiance en soi ! Dans cette palette, la Région demande aussi aux entreprises qu’elle aide, notamment les 80 000 qui ont été soutenues pendant la crise, d’accueillir en stage des jeunes, apprentis ou chômeurs. La présidente de région veut également “favoriser le retour à l’emploi des personnes handicapées”, en soutenant notamment une association, Cheops.

Découvrir les métiers agricoles par de stages immersifs

Côté aides aux entreprises, la Région Occitanie veut “expérimenter les “contrats de progrès” afin de mettre en place de meilleures conditions de travail pour les salariés, faire découvrir les métiers agricoles avec des stages immersifs…” La collectivité veut également “booster” le dispositif Passerelles industries, mis en place pendant la crise  sanitaire, pour positionner 5 000 demandeurs d’emploi dans les métiers en tension.

“Nous avons 17 000 postes à pourvoir !”

Le représentant régional du BTP, Emile Noyer, président de la FFB31, a ajouté : “Nos professions embauchent, embauchent…! Nous avons la capacité à former et sans discrimination… En Occitanie, il y a 70 000 entreprises de toutes tailles dans notre secteur employant 92 000 salariés, plus 8 000 intérimaires et 9 000 jeunes en formation. Eh bien nous avons 17 000 postes à pourvoir ! Et nous avons du mal. Sept entreprises sur dix dans notre secteur recrutent ; s’il elles n’y arrivent pas, c’est un frein important çà la croissance pour elles et nos territoires. Nous représentons 40 métiers nobles et nous offrons des possibilités d’évolution.”

“Satisfaire nos 10 000 entreprises des métiers de l’industrie”

Le président des métiers de l’industrie, UIMM, Bruno Bergoend, n’a pas dit autre chose : “Cette crise conforte notre besoin de souveraineté. Nous avons pendant cette crise créé l’association France industrie Occitanie qui regroupe nos dix branches d’activités (bois, chimie, métallurgie, nautisme…) et nous participons au dispositif Passerelles Industries. Aujourd’hui, nous avons besoin de recruter 3 000 salariés (techniciens de maintenance, techniciens de surface, technicien qualité, etc.), dont 300 ont déjà été recrutés et 200 ont déjà été identifiés. On attend leur réponse… Il est en effet très difficile de faire bouger les gens dans cette vaste région. France industrie Occitanie passe d’ailleurs à la phase 2 pour satisfaire nos 10 000 entreprises en Occitanie qui emploie déjà 200 000 salariés.”

“L’agriculture participe de la vitalité des territoires”

Même constat en agriculture, où la représentante de la Chambre régionale, Marie-Line Bruel, élue à la Chambre d’agriculture du Tarn, a rappelé que ce secteur aussi “recrute”. “Les activités agricoles souffrent d’une image d’Epinal délétère. Sur 100 agriculteurs qui partent à la retraite, seuls 63 trouvent repreneur. C’est pour cela que nous participons à ce pacte. Cela fait dix ans que l’on essaie de faire venir des jeunes. Alors c’est vrai : la charcuterie de Lacaune est excellente, mais cela veut dire aussi que sur le territoire il y a des exploitations de porcs… Nos process ont évolué ; nous nous sommes modernisés… Il faut savoir qu’une exploitation est en relation avec cinq à sept partenaires autour d’elle. C’est énorme. Nous participons à la vitalité des territoires. Certes, en Cévennes, par exemple, il n’y a pas de RER ou de TGV. Il faut s’y installer. Nous représentons 160 000 emplois pour 80 000 exploitations dans la région, dont 24 % ont des salariés. Ce secteur c’est aussi 58 500 chefs d’entreprises dont 28 % de femmes.”

Un restaurateur a “harcelé” un chef cuistot

L’intervention remarquée d’un restaurateur du Gers a complété cette démonstration sur la difficulté de recruter en se félicitant de ce pacte pour l’emploi. “Sortons des clichés sur les chômeurs fainéants qui ne veulent pas travailler dans ce pays ; des patrons salauds. Il y a des millions d’emplois à pourvoir et des millions de chômeurs”, a dit Julien Leclerc, (Le Bastion à Lectoure), vice-président du Centre des jeunes dirigeants (CJD). Lui-même, après avoir dirigé un media, a acheté un “restaurant au fin fond du Gers. Je me suis mille fois trompé. J’ai tenté de recruté un chef pendant longtemps ; j’en ai trouvé un que j’ai même harcelé. Il avait plusieurs autres propositions. J’ai finalement réussi à l’avoir…”

Olivier SCHLAMA