Objets trouvés : La Grande-Motte a adopté une e-recherche performante

La Grande-Motte, ce sont des Pyramides et beaucoup d'espaces verts où l'on peut égarer des objets personnels. Photo : Cyril Franklin.

Dans la cité des Pyramides, on utilise un outil simple d’une société grenobloise, France objet trouvés : chaque objet personnel – clef, smartphone, papiers d’identité, etc.-, perdu est muni d’un code barre et classé tandis qu’un algorithme effectue des correspondances avec les paramètres recherchés. Et ça marche : le taux de restitutions a doublé en un an.

Smartphones, clefs, lunettes, cartes d’identité, doudous… Perdus. Retrouvés. Mais peu restitués. C’est la gageure des 36 000 communes françaises. Depuis un an, la Grande-Motte ne vous conseille plus de vous en remettre, en désespoir de cause, à Saint-Christophe, patron des voyageurs, ou d’invoquer Sainte-Rita, celle de causes désespérées !

En tout cas, dans la cité des Pyramides – et à Gignac depuis peu -, où défilent bon an mal an quelque 1 million de touristes, et où ces objets trouvés ayant souvent peu de valeur intrinsèque mais une grande valeur d’usage ou sentimentale étaient très peu récupérés par leurs propriétaires, on a mis en oeuvre une solution payante qui a tous les atouts pour faire florès. C’est une numérisation intelligente des objets trouvés. Grâce à un partenariat avec la société France objets trouvés (18 salariés et un chiffre d’affaires de plusieurs centaines de milliers d’euros) et sa solution YesWeFound adoptée par plus d’une vingtaine de communes (Grenoble, Paris, Dax, Annemasse, Tignes, etc.) mais aussi des festivals (Vieilles Charrues…), pas mal d’aéroports (Nantes, Biarritz…) ou de services de transports en communs (Bordeaux…)

Jusque-là, nous utilisions le bon vieux et archaïque registre” et quelques boîtes où certains “perdants” venait farfouiller…”

Jean-Michel Weiss, responsable police municipale de la Grande-Motte. DR.

De tous temps, le service des objets trouvés est considéré comme la cinquième roue du carrosse. Là, c’est presque un service de prestige. “Nous avons adopté une solution qui nous a charmés, celle de France Objets Trouvés, basée à Grenoble”, explique Jean-Michel Weiss. Le responsable de la police municipale de la Grande-Motte, par ailleurs secrétaire national du syndicat FAFPT PM confie : “Jusque-là, nous utilisions le bon vieux et archaïque registre” et quelques boîtes où certains “perdants” venait farfouiller, la plupart du temps avec peu de résultat, car rien ne ressemble plus à une clef qu’une autre clef, une carte magnétique pour démarrer sa voiture qu’à une autre, par exemple.”

De 15 % à 34 % de restitution

La taux de restitution des objets a doublé. Mais on peut aller au-delà, dit en substance Jean-Michel Weiss. “Nous n’avions que 15 % de restitutions…”, fait remarquer Jean-Michel Weiss. “Avec cette solution, facile voire ludique, nous atteignons un taux de restitution de 34 % : un “perdant” sur trois a donc retrouvé son objet perdu”, ajoute le policier municipal. “On peut encore améliorer ce taux car il faut que le “perdant” déclare la perte de son objet. Il faut savoir qu’il n’est nul besoin de venir dans nos locaux. Il suffit d’aller sur le site de France objets trouvés, qui nous facture ce service 1 000 € par an, et de déclarer en la décrivant la perte. Pour le vacancier qui habite à Strasbourg cela peut lui éviter d’être en galère. La perte d’une clef peut l’handicaper pour rentrer chez lui ; il risquerait de devoir changer toutes les serrures concernées…”

Les objets numérisés consultables par tous

Depuis un an, la police municipale de la Grande-Motte numérise tous les objets retrouvés sur la voie publique et les envoie sur ce site dédié, accessible gratuitement. “Chacun des objets est muni d’un code-barres, d’une date et les propriétaires peuvent aller sur le site et reconnaître leurs objets et ensuite les réclamer. Soit ils viennent les chercher soit nous pouvons les envoyer, à leurs frais, bien sûr.”

L’algorithme fait correspondre demandes et objets

En 2021, la police municipale de la Grande-Motte avait ainsi recueilli 852 objets dont 150 cartes nationales d’identité, 60 smartphones, 170 clefs, 100 porte-feuilles ou encore 70 lunettes et 30 vélos. “Il est difficile sans ce site, qui fait travailler un algorithme, de faire correspondre les demandes des propriétaires avec les objets susceptibles d’être les leurs dans une vaste et précise banque de données.” Accessoirement, la police municipale de la Grande-Motte a retrouvé un fauteuil roulant, des dentiers et même une valise de sextoys que personne n’est venu réclamer…

Un point de contact avec la population à qui on peut ainsi davantage redonner le sourire…”

Jérôme Giachino

Le cofondateur de France objets trouvés, Jérôme Giachino, 50 ans (1), dit : “En Occitanie, nous intervenons auprès de peu de villes. Les responsables de service sont souvent conquis. Quant aux preneurs de décisions, ils font attendre leur décision… On discute avec Montpellier, par exemple… Ce que nous proposons en tout cas, c’est une solution que l’on peut ajuster à chaque ville. C’est souvent un service un peu délaissé dans une commune ; c’est pourtant un point de contact avec la population à qui on peut ainsi davantage redonner le sourire. Il y a énormément d’objets perdus dont on peut multiplier par trois ou par cinq le taux de restitution !”

La Tour Eiffel, la Préfecture de Paris…

Jérôme Giachino, DG de France Objets Trouvés. DR.

La solution, que ce chef d’entreprise propose depuis plusieurs années, a été adoptée par la Tour Eiffel ou encore la PPP (Préfecture de police de Paris) dont le service d’objets trouvés est le plus vieux de France (200 ans). “Nous avons quelques concurrents européens, notamment un en Allemagne mais qui investit plutôt le marché américain et un Norvégien qui s’occupe davantage des pays du nord de l’Europe. Notre force, c’est notre savoir-faire et notre algorithme qui s’est enrichi de “datas” et est donc performant.” Il ajoute : “C‘est plus rapide qu’un tableau Excel et surtout plus efficace.” 

“Vrai service et vraie traçabilité”

Jean-Michel Weiss ajoute : “Nous apportons un vrai service à l’usager avec une réelle traçabilité des objets égarés ; cela évite également, au bout d’un an et un jour, comme le stipule la loi, que votre objet ne parte à la casse. À ce sujet, la société France objets trouvés recycle les objets, qui n’ont pas retrouvé leurs propriétaires, dans des filières appropriés. Y compris quand il s’agit de bijoux. C’est aussi valorisant pour les polices municipales. A savoir pour les voyageurs, cette plate-forme gère également des “grands comptes” de grandes entreprises ou institutions, comme Air France, la ville de Paris, etc. Intéressant si vous prenez l’avion, quand vous vous baladez dans les rues de la Ville Lumière, les poches débordant d’objets prêts à être semés…

Olivier SCHLAMA

  • Jérôme Giachino a été pionnier du téléchargement de musiques légal avec Starzik en 2004. Son associé, Alexandre Franciosa, fut lui pionnier dans les moteurs de recherche en ligne, avec cherchons.com.
  • La startup Troov (qui propose un logiciel de gestion des objets trouvés auprès des orga­nisations recevant du public ) a demandé à Ispos d’enquêter sur la question. Et les chiffres sont impressionnants. Rien que l’année dernière, 35 millions d’objets ont été perdus par les Français, soit 1,2 objet en moyenne par foyer. “Un chiffre vertigineux, qui ne représente probablement qu’une estimation basse du volume habituel, hors période de pandémie” peut-on lire dans cette étude.
PM 21 - Objets trouvés A5 VOK