Nuisances : En attendant la “morsure” du “tigre”, les piqûres des moustiques classiques, déjà là

Les traitements anti-moustiques de l'EID peuvent se faire parfois en hélico. Ph. EID Méditerranée.

La météo pluvieuse ces derniers mois a permis à des colonies d’insectes de se développer, de façon plus prononcée à Sète, Villeneuve ou le Grau-du-Roi. Et aussi Marseillan, Frontignan, Agde… Mais rien ne permet de savoir si nous serons ou pas envahis cet été. Idem pour le “tigre” qui colonise toute l’Occitanie. Explications de l’EID.

Voici les moustiques revenus. Et leurs piqûres se font particulièrement sentir, sur le littoral, à Sète, Villeneuve-les-Maguelone ou le Grau-du-Roi où la situation est un peu plus prononcée que sur le reste du littoral. C’est le constat de l’EID, l’Entente interdépartementale de Méditerranée dont l’action se déploie sur cinq départements.

Coups de mer, précipitations, épisodes cévenols…

“Nous avons vécu un premier trimestre assez humide et il y a eu cinq ou six événements naturels conséquents, coups de mer, précipitations, épisodes cévenols, explique Jean-Claude Mouret, coordinateur opérationnel à l’EID, il a plu ainsi un peu partout dans notre périmètre d’action, de la frontière espagnole aux confins de Marseille. Le spécialiste en convient : “Nous avons effectivement eu pas mal de mises en eau avec des éclosions de larves. Nous ciblons dans nos traitements deux espèces assez présentes sur notre littoral principalement : aedes caspius (du printemps à l’automne) et le moustique dit d’hiver (aedes détritus), de l’automne au printemps. On peut, donc, au printemps, retrouver les deux espèces en même temps.”

Jusqu’à la semaine dernière, l’EID a traité par ses moyens ou fait traiter par des entreprises spécialisées 3 500 hectares depuis le début de l’année par toutes sortes de moyens, de l’hélico à l’avion.

“Le cumul de ces moustiques résiduels sont assez nombreux en certains endroits”

Aedes detritus. Ph. EID

Ces pluies abondantes sont-elles annonciatrices de pullulation de moustiques et donc d’une gêne accrue ? “Les nuisances d’aujourd’hui ne préfigurent en rien les nuisances de la saison estivale à venir. Il est compliqué de savoir à l’avance sur le long terme. Cela dépend de la météo qui n’a pas un caractère régulier. Il a beaucoup plu ; il y a donc émergence de moustiques en ce moment mais les traitements ne sont pas efficaces à 100 % : il y a ce que l’on appelle les populations de moustiques résiduelles, ceux qui survivent aux traitements.” Et, plus il y en a eu, plus il en reste statistiquement.

Quoi qu’il en soit, “le pourcentage de moustiques qui restent après traitement est sans commune mesure avec ce qu’il y aurait sans traitement. En moyenne, l’efficacité des traitement s’établit entre 80 % et 90 %. Les moustiques restants, en fonction de la densité larvaire que l’on va avoir, si elles sont très fortes (cela peut aller jusqu’à 2 000 larves au mètre carré), on va avoir encore pas mal de moustiques. Sinon, les populations seront insignifiantes. Là, effectivement, avec tous les événements répétés, le cumul de ces moustiques résiduels sont assez nombreux en certains endroits.”

“Cela varie d’une année à une autre, même d’une saison à une autre”

Aedes caspius, Ph. EID

L’été sera-t-il… piquant ? C’est possible. Mais on n’en sait rien. “On ne peut pas vraiment savoir : une femelle de moustique, qui est la seule à piquer, vit entre deux à trois semaines. Celles qui ont émergé il y a quelques semaines vont peu à peu disparaître et celles qui ont éclos vont pouvoir vivre durant ce mois d’avril. Mais, au-delà, impossible de se projeter. S’il ne pleut plus de tout le printemps… Nous avons eu, par exemple, une sécheresse exceptionnelle en 2023 et en 2022 un été très arrosé : nous constatons une grande irrégularité de la météo qui implique une grande irrégularité dans nos actions. Cela varie d’une année à une autre voire d’une saison à une autre. Un hiver humide ne préfigure en rien un printemps humide.” Et donc beaucoup de moustiques.

Dans ces zones humides, y compris de lagunes, il n’y a pas encore de moustique tigre (aedes albopictus) dont la piqûre brûle la peau au fer rouge. Et qui est de plus présent. Jean-Claude Mouret précise : “Il sera présent mais avec quelle intensité ? On ne sait pas. Cela est lié aux mêmes paramètres de pluviométrie que pour les autres moustiques communs, de pratiques d’arrosage, aussi. C’est difficile là aussi à prévoir.”

Quand le soleil darde ses premiers rayons printaniers, le moustique tigre (aedes albopictus), lui, fond sur nos tendres peaux immaculées, à peine sorties de l’hiver. Sa piqûre brûle la peau au fer rouge. C’est un insecte qui ne se mélange pas aux autres espèces de moustiques. Qui vole peu. Et voyage volontiers avec nos moyens de transports : voitures, bus, trains ou avions. Le tigre est un commensal. Commence alors la fièvre de l’été…

Une plaie qui a débarqué en France en 1988, via l’Italie

Femelle de moustique-tigre, espèce originaire d’Asie du Sud-Est et de l’Océan Indien. C’est son corps, noir tigré de blanc, qui lui a donné son nom. En zone tropicale, il peut inoculer une trentaine de virus, propageant le chikungunya, le virus du Nil occidental, l’encéphalite de Saint-Louis, la dengue, le virus zika.

Avec son abdomen rayé, c’est l’insecte qui vit au plus près de l’homme auprès duquel il profite du gîte et du couvert ! C’est une plaie qui a débarqué en 2008 via l’Italie, depuis une cargaison de pneus, comme Dis-Leur vous l’a expliqué ICI. Et dont on ne pourra jamais se débarrasser : l’insecte, star de la mondialisation et de l’adaptation, n’a aucun prédateur naturel capable de l’éliminer à grand échelle… Et seuls quelques répulsifs sont réellement efficaces ICI.

L’EID Méditerranée a bien été mandatée pour les travaux de lutte antivectorielle dès lors qu’il y a un signalement de maladie apportée par ces insectes (dengue, zika ou chikungunya) les zones à moustiques tigres mais par l’ARS de Paca et en Paca. Pas en Occitanie où l’ARS fait appel à un autre opérateur.

Olivier SCHLAMA

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