Législatives : La parité semble s’estomper à l’approche du pouvoir

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L’Observatoire régional de la parité d’Occitanie a évalué la parité des candidatures pour le premier tour des prochaines élections législatives dans les 49 circonscriptions de la Région Occitanie. Il a passé au crible la place accordée aux femmes par cinq formations politiques identifiées par le ministère de l’intérieur : Majorité présidentielle-Renaissance, Horizon-Modem, Bloc gauche (Nouveau Front populaire, Parti socialiste ariégeois, Europe Ecologie Les Verts), Rassemblement national, Les Républicains, Lutte ouvrière.

Avec des délais très courts, 316 candidatures ont été retenues dont 175 hommes (soit 55%) et 141 femmes. Globalement, l’Occitanie, en progression par rapport à 2022 compte aujourd’hui 45% de candidates. Ainsi la région se situe 4 points au-dessus de la moyenne France entière (41%). Sans toutefois accéder à l’exigence de parité.

Tarn-et-Garonne et Pyrénées-Orientales, les plus paritaires

Pour Geneviève Tapié, présidente de l’Observatoire régional de la parité d’Occitanie, on peut y voir “une corrélation avec l’exception régionale qui a, depuis l’élection de Carole Delga en 2015, placé six femmes à des postes de commandement, à la Région et dans 5 de ses 13 départements (Ariège, Aude, Gard, Lozère et Pyrénées-Orientales, NDLR). Sans coup férir, l’effet d’entraînement paritaire a fortement joué ici, dans un contexte national où le reflux des investitures féminines, préoccupant, contrevient aux principes fondamentaux d’égale représentation des femmes et des hommes dans les mandats et les fonctions ainsi que définis à l’Article premier de notre Constitution.”

Huit départements sur 13 se situent au-dessus de la moyenne nationale. L’Ariège (+15% de candidates par rapport à 2022), et les Pyrénées- Orientales, deux des cinq Conseils départementaux, dirigés, en Occitanie par une femme, caracolent en tête avec plus de 55% de candidates. C’est cependant le Tarn-et-Garonne ex-æquo avec les Pyrénées-Orientales qui se placent en haut du palmarès. Ensemble, huit départements dépassent de près de 10 et 14 points, les moyennes régionales et nationales.

Le Tarn accuse un très fort recul par rapport au dernier renouvellement où il détenait le première place, avec 48,6% de candidates contre à peine 26,30 % aujourd’hui. La présidente de l’Observatoire commente : “Le département de Jaurès fortement touché par une diminution drastique du nombre de candidature féminine pourrait s’être résolu cette fois-ci, à faire, en sacrifiant à des accords d’appareil, moins appel aux femmes. On peut le regretter.” Et au bas de l’échelle, l’Aveyron creuse son retard de 2022 (20% contre 24,2%), suivi notamment du Lot. La Lozère ne comptant qu’une seule circonscription paraît difficile à classer.

51% de candidatEs pour le parti présidentiel, recul au RN

Au classement des partis, La Majorité présidentielle (Renaissance, HorizonModem) sauve l’honneur des engagements pris pour faire de l’égalité entre les hommes et les femmes une “cause nationale” (51% de candidates). A l’inverse, le Bloc gauche qui porte historiquement ces valeurs en étendard limite ses efforts à présenter près de 60% d’hommes, ce que l’Observatoire régional de la parité “s’autorise à déplorer.” Mais il est vrai que ce sont avant tout les états majors parisiens qui ont établi leur “tambouille” politique (lire notre article sur la 1re circonscription de l’Aude) sans porter grande attention aux équilibres locaux.

La Palme revient sans surprise à Lutte Ouvrière (57%). par contre, Les Républicains, toujours au plus bas, chutent à moins d’un quart de représentation féminine. Le Rassemblement national, présente cette fois -ci davantage d’hommes (52,3%) qu’en 2022 (50%), laissant peut-être préjuger que “le poids de sa représentation féminine s’effrite au fur et à mesure que s’entrouvrent les portes du pouvoir” suggère Geneviève Tapié.

Bien sur, le décompte des élues à l’issue du premier tour (et les conditions d’éligibilité de celles qualifiées pour le second tour) permettra d’apprécier plus précisément la qualité des investitures accordées aux femmes, avant de mesurer la parité effective au sein de la nouvelle Assemblée.

L’Observatoire de la parité, rappelle, en dernière analyse que “la législation relative au financement des partis ne porte que sur l’égalité de candidature entre femmes et hommes. Elle pénalise par des retenues sur leurs dotations ceux qui s’exonèrent de la parité. Dès lors la loi, purement incitative, se résume en deux mots : des femmes ou des pénalités.”

Ph.-M.

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