Hérault : La proportion d’immigrés y est la même depuis un demi-siècle

En 2022, 4 000 immigrés vivent à Lunel. Dans cette commune, les immigrés représentent au moins 10 % de la population comme dans la communauté d’agglomération Lunel Agglo qui englobe la commune. Champ : Seules les communes d’au moins 100 habitants immigrés sont représentées par un cercle. Source : Insee, recensement de la population 2022, exploitation principale.

Selon une étude de l’Insee, on trouve la même proportion de personnes immigrées, 11 %, en 2022, comme en 1975 (pourcentage identique pour  les P.-O. Et Haute-Garonne. Cette population, née à l’étranger, a  doublé comme a doublé la population générale de l’Hérault. Pour le directeur régional de l’Insee, Alexandre Gautier, ces travaux sont déconnectés des élections municipales.

Pourquoi un travail statistique sur l’immigration dans l’Hérault à trois mois des échéances municipales ? C’est Alexandre Gautier, directeur régional de l’Insee Occitanie, lui-même qui répond : “Les travaux sur l’immigration sont extrêmement nombreux et très réguliers à l’Insee. Au niveau national et dans d’autres régions. A toutes périodes. Et sans lien avec quelque élection que ce soit. C’est un partenariat d’étude avec la département de l’Hérault qui a un objectif : éclairer la décision publique. C’est l’enjeu, l’objet des travaux de l’Insee, en Occitanie, comme partout ailleurs.”

Taux moyen d’immigrés en provinces : 8 %

Ceci évacué, quelle est la proportion d’immigrés dans la région ? L’Insee Occitanie vient d’y répondre dans une publication. “Dans l’Hérault, en 2022, avec 11 % d’immigrés, ce taux est l’un des plus élevés de la région. Il est à peu près identique dans d’autres départements d’Occitanie davantage concernés, comme la Haute-Garonne et les Pyrénées-Orientales. Ces départements ont des taux les plus élevés de la région et donc ce fait-là méritait d’être observé, décrit et objectivé. “ L’Hérault est le 12e département de province. En moyenne, en France – hors Ile-de-France – , le taux d’immigrés est inférieur, de l’ordre de 8 %.

“11% d’immigrés, ce sont 131 000 personnes dont 48 000 ont été naturalisées françaises”

Ph. Insee

Pour ne parler que de l’Hérault, “11 % d’immigrés cela représente 131 000 personnes dont 48 000 ont été naturalisées françaises. La définition des immigrés est internationale et c’est toujours identique : une personne immigrée, c’est quelqu’un qui est née étrangère à l’étranger, et nous concernant vivant en France. C’est une caractéristique que l’on garde toute sa vie. Même si, ensuite, elle est naturalisée, elle restera dans la statistiques une personne immigrée.” Foin de soi-disant grand remplacement qui n’existe pas comme Dis-Leur vous l’a expliqué ICI ; de vagues migratoires incontrôlées et d’une immigration incontrôlée.

La population a doublé comme le nombre d’immigrés

Dans ces trois départements d’Occitanie les plus concernés, Hérault, Haute-Garonne, P.-O., c’est l’histoire de migrations successives. “La proportion d’immigrés dans la population dans l’Hérault, par exemple, est la conséquence des contextes successifs d’immigration depuis 60 ans. Effectivement, ce qui est notable c’est que les 11 % d’immigrés est à peu près le même depuis une cinquantaine d’années.” De quoi tordre le cou à certaines affirmations politiques extrêmes.

Ph. Insee

La proportion d’immigrés est la même qu’il y a un demi-siècle mais, comme la population de l’Hérault a doublé durant la période, le nombre d’immigrés a lui aussi doublé en 50 ans, passant de 65 500 à 131 000. “Cela ne veut pas dire que tout a été linéaire pendant 50 ans. Ni dans la progression ni dans la composition. Il y a 50 ans, une bonne moitié des immigrés étaient d’origine espagnole, dans le cadre notamment à un appel massif à de la main-d’oeuvre étrangère. Tandis qu’aujourd’hui, la moitié des immigrés est issue une immigration africaine, notamment du Maroc et de l’Algérie.”

Occupant des métiers en tension, plus souvent en situation de déclassement professionnel, un immigré sur deux dans l’Hérault vit à Montpellier ou Béziers

Dans le détail, l’étude sur l’Hérault démontre que “les immigrés héraultais vivent majoritairement dans les grandes villes et un quart d’entre eux vit dans un quartier prioritaire de la politique de la ville. Lorsqu’ils sont en âge de travailler, ils occupent moins fréquemment un emploi que les non-immigrés. La différence est plus marquée pour les femmes que pour les hommes. Les immigrés sont très présents dans plusieurs métiers en tension. Ce sont des ouvriers du bâtiment, maçons, ouvriers du nettoyage, agents de service des établissements de santé, cuisiniers et aides de cuisine. Ces professions emploient 25 % des immigrés du département contre à peine 10 % des personnes non immigrées.”

Ces immigrés sont “plus souvent en situation de déclassement professionnel que les non-immigrés, même quand ils sont très diplômés. Les immigrés récemment arrivés sont souvent étudiants ou très diplômés.”  Et un immigré héraultais sur deux vit à Montpellier (57 000) ou à Béziers (13 000).

Beaucoup d’entre eux s’installent dans l’Hérault après la Seconde Guerre mondiale dans le cadre de la politique française en faveur de l’immigration pour pallier le manque de main-d’œuvre. “La proportion d’immigrés diminue entre 1975 et la fin des années 1990, dans un contexte de frein à l’immigration de travail. Elle augmente de nouveau depuis le début des années 2000.”

Olivier SCHLAMA

Au moins un immigré dans une famille sur cinq

En 2022, une famille héraultaise sur cinq est composée d’au moins une personne immigrée. Ces familles sont plus souvent des couples avec enfants que les familles sans immigré (une sur deux contre une sur trois). À l’inverse, les couples sans enfant et les familles monoparentales sont moins fréquents dans les familles avec au moins un immigré que dans les autres familles.

Lorsqu’il y a des enfants, les familles nombreuses sont plus fréquentes si l’un des parents est immigré : 10 % ont au moins quatre enfants, contre 2 % des familles sans immigré, et 30 % ont au moins trois enfants contre 10 % des familles sans immigré. Plus de la moitié (55 %) des couples avec un immigré (avec ou sans enfant) sont des couples mixtes, c’est-à-dire qu’un seul des deux conjoints est immigré. Cette proportion est stable depuis dix ans.

Dans les familles monoparentales, le parent isolé est plus souvent sans emploi lorsqu’il est immigré

Dans deux couples sur trois, au moins un des conjoints occupe un emploi, pour les couples avec une personne immigrée comme pour les autres couples. Les couples biactifs sont cependant moins nombreux si l’un des conjoints est immigré (30 % contre 45 % des autres couples). Dans les couples monoactifs composés d’au moins une personne immigrée, c’est sept fois sur dix un homme qui travaille, contre six fois sur dix dans les autres couples monoactifs.

Dans les familles monoparentales, le parent isolé est plus souvent sans emploi lorsqu’il est immigré (55 %) que lorsqu’il ne l’est pas (38 %). Il s’agit très souvent d’une mère isolée (huit cas sur dix) dans les familles avec une personne immigrée comme dans les autres familles.