Les Universités du Tourisme Durable constituent le temps fort des échanges entre professionnels du secteur touristique. Elles se déroulent chaque année dans une région différente, choisie pour sa politique ambitieuse et innovante en matière de développement responsable. En organisant les UTD 2022 en Occitanie, ATD apporte un coup de projecteur appuyé au CRTL et aux actions fortes qu’il a engagées depuis 2020, année de lancement de son programme opérationnel de Tourisme durable.
Le tourisme est un secteur clé de l’économie en Occitanie, avec 10,3% du PIB régional et qui génère 96 500 emplois. Mais il est aussi un des principaux contributeurs d’émissions de CO2 et occasionne “des pressions environnementales et sociales fortes.”
Ce qui a fait dire à la ministre (déléguée chargée des Petites et Moyennes Entreprises, du Commerce, de l’Artisanat et du Tourisme) Olivia Grégoire (qui est intervenue en visio) qu’il “va falloir repenser totalement une façon d’être et une façon de faire“, affirmant cependant sa confiance dans “la capacité de la profession à affronter ses propres paradoxe.”
Thème général : “Affronter les paradoxes : transition ou rupture ?”
Le pari du Comité régional du tourisme et des loisirs (CRTL) d’Occitanie est donc de “garantir la pérennité des ressources et du marché touristique tout en limitant ses impacts négatifs sur l’environnement” et d’“offrir des prestations de qualité, qui répondent aux nouvelles tendances de consommation et créer des retombées économiques équitables et équilibrées sur les territoires.”
On ne peut plus penser, aujourd’hui, le tourisme comme on le faisait hier… Ainsi que le souligne le réseau ATD (Acteurs du Tourisme Durable) co-organisateur de ce rendez-vous de Montpellier : “Face aux défis environnementaux et sociétaux actuels, l’industrie touristique ne sera pas durable sans une évolution de tous les métiers afin de faire évoluer l’ensemble du secteur vers des pratiques plus durables et de trouver des solutions pour demain…”
En Occitanie, un “Observatoire du tourisme durable”
Une démarche que soutient et même parfois devance le CRTL d’Occitanie, comme en témoigne son président, Vincent Garel : “Oui, il faut envisager de nouveaux modèles pour l’économie touristique (…) Nous appréhendons ces enjeux de manière pragmatique. Priorité aux marchés de proximité, aux activités de loisirs, investissement sur le train, les mobilités durables…”
Chargée de mission “tourisme durable” au CRTL, Sophie Pirkin précise les missions dévolues à l’Observatoire du tourisme durable mis en place à la demande de la Région Occitanie, avec le soutien de l’Ademe (Agence de la transition écologique). “Pas mal d’actions ont déjà été mises en place. Et je ressens de plus en plus, chez les professionels, une volonté d’évoluer dans ce sens. Il y a un vrai changement dans les comportements”, commente cette professionnelle qui se voit avant tout comme “une facilitatrice” pour accompagner les professionnels du secteur “vers une approche plus durable, dont les clients sont toujours plus demandeurs…”
Une “logique de long terme” doit être engagée
Il y a consensus pour souligner que “la référence économique, le performance en terme de nombre de nuitées” ne peuvent plus être l’unique unité de mesure. le tourisme est entré dans une “logique de long terme” qui doit tenir compte de l’impact négatif qu’il représente en termes d’énergie, d’eau, de déchets…
Comme l’a souligné Johan Ransquin, de l’Ademe, “il ne s’agit pas de stigmatiser, mais de sensibiliser les acteurs et de leur proposer un accompagnement concret dans une logique d’évolution plus durable…”
Une évolution d’autant plus nécessaire que les nouvelles générations sont particulièrement sensibles aux engagements environnementaux et sociétaux. Ecotourisme, tourisme solidaire, slow tourism, etc. Le tourisme durable est un secteur en forte croissance : d’après l’association ATR (Agir pour un tourisme responsable), il progresse en moyenne de 20 % par an en France.
Une génération qui a besoin de “réinventer le voyage”
C’était l’objet de l’intervention d’Arthur Gosset et Hélène Cloître, réalisateur et co-productrice du film “Ruptures : les jeunes face à l’urgence écologique” qui ont fait leur la citation d’Albert Camus, prononcée lors de son discours de réception du prix Nobe de Littérature (1957) : “Chaque génération, sans doute, se croit vouée à refaire le monde. La mienne sait pourtant qu’elle ne le refera pas. Mais sa tâche est peut-être plus grande. Elle consiste à empêcher que le monde se défasse.”
Au fil des rencontres pour leur film documentaire, puis lors de près de 200 projections-rencontres à travers la France, qui leur ont permis de rencontrer près de 25 000 lycéens et étudiants, les deux jeunes gens ont entendu auprès de cette génération une volonté de “radicalité (au sens de “responsabilité”, NDLR) face à une société dans laquelle beaucoup ont le sentiment de ne pas trouver une place qui corresponde à leurs engagements.” Et de citer, “selon une étude, 75% des 16-25 ans jugent l’avenir effrayant…”
Parmi leurs objectifs : “Réinventer le voyage” apparaît comme une nécessité. Ils soulignent, par exemple, que “un touriste consomme 230 litres d’eau par jour, contre 150 litres dans la vie quotidienne !” et que “95% des touristes se concentrent sur 5% de la surface de la terre !”
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Cette génération, celle qui fera la masse des touristes de demain, attend plus d’éco-responsabilité, de respect de la biodiversité et des ressoures naturelles, moins de pollution (lumineuse, sonore, etc). Les deux jours de débats qui se sont tenus à Montpellier visaient justement à “sensibiliser les professionnels aux enjeux à venir, leur donner des clés pour agir, favoriser les échanges et assurer une réflexion prospective partagée.”
Contrat rempli pour l’ATD et le CRTL d’Occitanie, avec en prime la découverte des “pépites durables de l’Occitanie”, qui ont été présentées aux participants venus de tout l’hexagone, mais aussi de l’Outer-Mer et du Québec…
Philippe MOURET
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