Pour la première fois, le congrès de l’ANEM se tenait dans les Pyrénées-Orientales et c’est la station des Angles qui a accueilli l’événement. Comme tous les ans, près de 500 élus se sont retrouvés pour deux jours de débats, d’ateliers et de visites. Avec pour perspective un Acte III de la Loi Montagne qui prenne en compte la “différenciation territoriale” des territoires de montagne.
“Les défis auxquels sont confrontés aujourd’hui les territoires de montagne sont inédits par leur ampleur, souligne l’ANEM. La montagne, en première ligne du changement climatique, voit son environnement, son économie et le quotidien de ses habitants menacés. On pense à l’économie du ski mais n’oublions pas l’impact sur l’agriculture, la ressource en eau ou encore sur les risques naturels.”
Et donc, “il faut repenser le modèle économique afin de maintenir l’emploi en montagne. Il faut aussi, et avant tout, que ce nouveau modèle réponde aux attentes des montagnards et des générations futures, car ce sont eux qui font et feront vivre les territoires de montagne.”
L’attente de “politiques publiques adaptées” à ces territoires
En ouverture des débats, la présidente du département des Pyrénées-Orientales, a souligné “l’urgence d’un acte III de la loi Montagne, avec des politiques publiques réellement adaptées à nos territoires.” Car, a-t-elle rappelé, “les territoires de montagne font face à de nombreux défis : isolement, changement climatique, contraintes budgétaires, instabilité nationale…”

Dans ce contexte, cependant, poursuit-elle “les élus locaux, les associations, les habitants font preuve d’un engagement remarquable pour faire vivre et évoluer ces espaces. Le Département reste mobilisé à leurs côtés. En 2021, nous avons lancé un Plan Montagne de 30 millions d’euros pour soutenir un développement durable : agriculture, infrastructures, mobilité, transition touristique…”
Quarante ans après la “Loi Montagne” de 1985 et près de dix ans après son Acte II de 2016, les élus de la montagne ont appelé, dans une motion (*), à un véritable Acte III car “certaines dispositions ne sont pas complètement appliquées”, a déploré Jean-Pierre Vigier, le président de l’Association nationale des élus de la montagne.
Carte scolaire, santé, hydro-électricité, pastoralisme…
Parmi les sujets évoqués, la carte scolaire, l’accès aux soins, ainsi la question de l’hydroélectricité qui “représente entre 10 et 12% de la production nationale d’électricité.”
Les élus ont aussi souligné l’exposition de leurs territoires aux effets du changement climatique. L’association avait été missionnée par le gouvernement au mois de mars pour élaborer une “feuille de route”, en concertation avec le Conseil national de la montagne (CNM). Ce dernier se réunira “très prochainement”, a précisé Jean-Pierre Vigier, se félicitant que son association ait réussi à “faire échouer” la tentative de suppression de cette instance au printemps, comme l’envisageait l’ancien gouvernement.

Mais les territoires de montagne ne veulent pas pour autant être mis sous cloche. Ils demandent par exemple d’être exemptés des périmètres du zéro artificialisation nette et insistent sur les enjeux liés aux retenues collinaires. Le préfet des Pyrénées-Orientales, Pierre Régnault de la Mothe, a indiqué qu’il venait d’autoriser la réalisation d’une retenue de 113.000 m3 sur les hauteurs de la station des Angles, au Roc d’Aude. Une retenue “multiusages” qui permettra de produire de la neige de culture l’hiver mais aussi sécurisera la ressource en eau pour les éleveurs, tout en fournissant une réserve en eau pour les sapeurs-pompiers, en cas d’incendie, dans “le département le plus sec de France”.
“On sait qu’on aura moins de neige, que les filières doivent se réorganiser, mais on ne peut pas démonter toutes les stations”, a-t-il justifié, affichant sa volonté de représenter un “Etat facilitateur”. “Je suis pour un maillage territorial des retenues collinaires parce que l’eau c’est la vie”, a commenté Jean-Pierre Vigier, se rangeant du côté du “bon sens paysan”.
Michel Poudade, le maire des Angles a souligné que “les activités que l’on va créer ne vont pas avoir de retour financier directement. Autant les faire payer au ski tant qu’on le pourra”, a-t-il dit. Les Pyrénées ont toujours été “une terre de climatisme qui accueillait des visiteurs l‘été bien avant le ski”. D’ailleurs aux Angles, 40% des visiteurs ne viennent pas pour le ski. “C’est quand même une chance pour nous, on a fait un premier pas que d’autres devront faire”, s’est-il félicité.
Il a également été question de la défense du pastoralisme et de la lutte contre la prédation du loup (avec notamment la demande d”une “autorisation de défense des troupeaux par les éleveurs”). Un sujet que l’on connaît bien en Occitanie :
Montagne : Le pastoralisme, un “atout essentiel” pour les Pyrénées
C’est Carole Delga, présidente de la Région Occitanie, qui a été invitée à conclure ce 41e congrès de l’association nationale des élus de montagne.
Philippe MOURET
(*) L’Association nationale des élus de la montagne demande :
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Une application pleine et entière, par les pouvoirs publics, du principe de différenciation territoriale inscrit dans la loi montagne de 1985 et réaffirmé en 2016 ;
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La création d’une délégation interministérielle à la montagne rattachée directement au Premier ministre et la désignation d’un réseau de référents montagne dans les services déconcentrés de l’Etat ;
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Le lancement d’un Plan avenir montagnes II dédié à la diversification économique (tourisme, stations de ski, filières économiques locales…) permettant d’accompagner les territoires dans leur adaptation au changement climatique ;
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Un nouvel acte décentralisateur incarné dans un acte III de la loi montagne permettant de répondre aux nouveaux défis rencontrés par ce territoire spécifique.
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