Cold case : Un second appel à témoins vidéo après une première affaire relancée

Ph Olivier SCHLAMA

La France s’est dotée d’un nouveau dispositif, En quête d’Indices, des appels à témoins par le biais de courtes vidéos pour tenter de résoudre, depuis le Pôle des crimes sériels non élucidés, des énigmes policières. Deux ans après la création d’un pôle spécialisé. Une première vidéo, début avril, a permis de recueillir 12 témoignages nouveaux donnant lieu à de nouvelles investigations

Des bouteilles à la mer en images : c’est le concept d’un nouveau dispositif d’appels à témoins, En quête d’Indices. Ce sont des appels à témoignage sous forme d’une vidéo de quelques minutes postée sur les réseaux sociaux et le site du ministère de l’Intérieur. Et ça marche. Une première “capsule” vidéo postée il y a un peu plus d’un mois concerne l’affaire du tueur au couteau, comme Dis-Leur vous l’a expliqué ICI. À preuve : “Concernant la première vidéo publiée le 2 avril dernier, je suis en mesure de vous indiquer que celui-ci a donné lieu à ce jour au recueil de 38 témoignages. L’analyse de ceux-ci par les services d’enquête saisis du dossier du violeur au couteau a permis d’écarter 26 d’entre eux, 16 n’étant pas liés à l’appel à témoin. En revanche, 12 autres donnent lieu à de nouvelles investigations, ce qui représente un fort taux de pertinence pour ce type d’appel à témoin”.

Marion Chalaux est vice-procureure en charge du secrétariat général du parquet de Nanterre qui a inauguré il y a quelques semaines une nouvelle façon de lancer un appel à témoins sous la houlette du Pôle national des crimes sériels ou non élucidés (PCSNE). Ce “taux de pertinence” prouve que c’est le bon chemin pour débusquer des témoins-clef d’une affaire non résolue.

Disparition de deux hommes lors d’un festival à Tamié

Du coup, le parquet de Nanterre vient de superviser la mise en ligne sur le site du ministère de l’Intérieur une nouvelle “capsule” vidéo en espérant que là aussi des témoins se manifestent sur un nouveau cold case. Elle concerne une affaire là aussi restée sans explications. Il s’agit de la “disparition de deux hommes de 22 ans et 45 ans, Jean-Christophe Morin et Hamed Hamadou,  à une année d’intervalle, les 11 septembre 2011 et 8 septembre 2012 au cours d’un même festival de musique électronique au Fort de Tamié, en Savoie”, indique-t-on.

Affaires classées en 2014 puis relancées

Les enquêteurs s’dressent directement aux témoins-clefs qui disposeraient de photos ou de vidéos de se manifester, même si ça leur apparaît inintéressant ou anodin. Avant de préciser : “À la suite d’une demande de l’avocat des familles des disparus, le pôle crimes sériels ou non élucidés s’est saisi de ces affaires classées en 2014, compte tenu de l’ancienneté et de la complexité des faits, résidant notamment dans l’absence de scène de crime et de la possibilité pour des adultes majeurs de disparaître volontairement. Le dossier a donc été rouvert dans l’un des cabinets des juges d’instruction du pôle, celui de madame Sabine Kheris, qui a relancé les investigations en les confiant à la section de recherches de la gendarmerie de Chambéry en 2023.” Ce nouvel appel à témoins pour “enlèvement et séquestration” a “pour vocation à recueillir de nouveaux témoignages sur ces disparitions auprès du grand public, pour faire progresser les investigations”.

“Tenter de toucher un public le plus large possible”

Disparitions, meurtres sans auteurs… Les énigmes sont nombreuses. Les dossiers fantômes aussi. Et, souvent, malheureusement, tombent aux oubliettes, faute de moyens, voire de capacité d’enquête. Le but de cette expérience du Pôle national qui est une première en France ? “Il s’agit de tenter de toucher un public le plus large possible en utilisant les vecteurs de communications actuels les plus utilisés, en vue de maximiser les chances de recueillir des témoignages utiles à nos enquêtes”, définit Marion Chalaux à propos d’un nouveau dispositif baptisé En Quête d’indices, un appel à témoins pour relancer et tenter de résoudre des affaires non élucidées en France, les cold cases. Avec la possibilité de témoigner en envoyant un mail aux enquêteurs. Lire les adresses mail de contact ci-dessous (1)

“Les appels à témoins peuvent être réalisés sur l’intégralité des enquêtes”

Photo : Olivier SCHLAMA

Combien pensent ces spécialistes du pôle national en réaliser ? Et sur quelles affaires ? “Les appels à témoins peuvent être réalisés sur l’intégralité des 93 enquêtes ou instructions du pôle (les 12 parcours criminels n’ayant pas vocation a priori à faire l’objet d’appels à témoins), répond Marion chalaux. Chacun des appels à témoins qui sera lancé, sera décidé par le parquet du pôle ou le juge d’instruction du pôle selon les besoins des investigations, en lien avec les services d’enquêtes à compétence national co-saisis avec les services d’enquête locaux, dans l’intérêt de la manifestation de la vérité.”

L’activité de ce pôle spécialisé faisait état, début avril, de 397 procédure examinées par le parquet du pôle ; 105 saisines (dossiers arrivés au pôle) ; 17 enquêtes préliminaires et 88 informations judiciaires ouvertes dans un cabinet de juge d’instruction, dont 12 parcours criminels (11 à l’instruction, 1 en enquête préliminaire).

Le Pôle national des crimes sériels ou non élucidés (PCSNE), des cold case, dit communément, créé il y a deux ans à l’initiative d’Éric Dupond-Moretti, ministre de la Justice va désormais pouvoir s’appuyer sur un nouvel outil d’appel à témoins. Ces capsules vidéo sont “produites par le ministère de l’Intérieur qui les diffusera. Et seront partagées sur les réseaux sociaux”. Celles-ci retracent les circonstances des faits auront “vocation à recueillir de nouveaux témoignages auprès du grand public, dans le cadre d’affaires de crimes sériels ou non élucidés”, précise-t-on.

Olivier SCHLAMA

  • (1) Si vous détenez des informations sur l’affaire du violeur au couteau vous pouvez contacter les enquêteurs avec cette adresse mail : dnpj-ocrvp-eqi@interieur.gouv.fr
  • Si vous détenez des informationds sur l’affaire des disparus du fort de Tamié, vous pouvez contacter les enquêteurs  avec cette adresse mail : sr73-tamie@gendarmerie.interieur.gouv.fr