“Pourquoi ont-il tué Jaurès” interrogeait Jacques Brel en 1977 dans son ultime album… Pour les élus et sympathisants réunis à Bram ce week-end il s’agissait de ressusciter, sinon l’homme, en tout cas sa conception de “la gauche.” Elus socialistes, radicaux de gauche, communistes, écologistes, se sont retrouvés et le président du PRG a résumé l’état d’esprit de ceux réunis là : “La gauche doit se souvenir d’où elle vient !”
Tout avait commencé samedi soir, avec une table ronde à propos de “l’esprit de Charlie aujourd’hui.” Il y avait là Riss (directeur de la publication de Charlie Hebdo), Bernard Cazeneuve (ancien Premier ministre PS) en vision, la politologue Chloé Morin et le philosophe Henri Pena-Ruiz…
Des ateliers, des débats et… du cassoulet !
Dimanche encore habités par cet “esprit”, que d’autres voudraient bien gommer des mémoires, ils étaient 2500. Et c’est sous le soleil que tous se sont retrouvés dans le Parc des Essars de Bram, pour une journée d’ateliers, de débats et… de cassoulet !
Et surtout, régnait dans cet espace verdoyant un véritable esprit de dialogue et de cohésion. Les divers ateliers, animés par des personnalités “médiatiques” (Laurent Joffrin, Boris VallaudJacques Attali, Frédéric Dabi) abordaient des thèmes incontournables du moment : action climatique, travail, école, immigration, Europe.
Restait un autre espace baptisé “Agora de la Gauche.” Ici, Jean-Luc Laurent (président du Mouvement Républicain et Citoyen) n’a pas hésité à lancer : “La Nupes n’est pas la gauche durable !”, étant applaudi lorsqu’il a rappelé n’avoir pas appelé à manifester le 23 septembre contre la police. se souvenant de “l’esprit” évoqué la veille il citait Riss : “Ne baissons jamais la tête !”
Des accents différents mais une même volonté
Ainsi il existe bien une “autre gauche” qui ne craint pas de relever la tête et d’assumer ses positions. C’est le tout frais sénateur communiste de Paris, Ian Brossat qui avait ouvert cette Agora, “ça fait du bien, à gauche de pouvoir débattre sereinement” soulignait-il en regrettant le “décalage monstrueux entre les débats que l’on entend et la réalté des Français.”
Pour le porte-parole du PCF, il est temps de “remettre la question sociale au coeur du débat politique (…) que le sujet du travail soit essentiel dans notre démarche.” Un discours largement approuvé par le pubic et repris par celui qui lui succédait à la tribune. Nicolas Mayer-Rossignol (premier secrétaire du PS, maire de Rouen) insistant sur l’importance de débattre : “On peut avoir des différences, être parfois concurrents, mais jamais adversaires…”
“On doit en toutes circostances être clairs sur qui sont nos amis” a poursuivi le maire de Rouen, “l’extrême droite est aux portes du succès partout et pas seulement en France. Alors il faut avoir une parole claire (…) moi j’aime la gauche. Le travail fait partie de la dignité humaine, le travail c’est une valeur de gauche !”
Si l’extrême droite est clairement identifiée, on se dit que d’autres sont également interpellés. Confirmation avec Guillaume Lacroix (PRG) définissant les participants à cette Agora comme “la gauche qui aime les bonnes choses (…) mais aussi la gauche de la laîcité, qui ne transige pas sur ses fondamentaux !”
Des fondamentaux repris, chacun avec ses accents, par tous les intervenants, même l’écologiste Fabrice Fenoy (maire de Lunel-Viel dans l’Hérault) venu au pied levé incarner la “fibre verte” de ce rassemblement, en lieu et place de la députée européenne EELV Karima Delli, absente pour cause d’autoroute A69…
“Unir toutes les forces émancipatrices”, c’était une exigence de Jaurès, c’est aussi ce qui anime ceux qui, dimanche, ont plaidé chacun à leur manière pour “la reconstruction d’une gauche capable de redonner espoir à nos concitoyens…”
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Philippe MOURET
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