Aude : Des poules chez soi pour réduire ses déchets, une riche idée !

Ph. Covaldem 11

En quatre ans, le Covaldem, syndicat qui gère les ordures dans 377 communes de l’Aude, a déjà distribué 750 poules “réformées” qui engloutissent les déchets organiques de centaines d’habitants. Une mesure intelligente qui coûte peu et permet d’alléger les 60 000 tonnes de déchets à traiter dont un tiers sont des biodéchets.

L’idée est ronde comme un oeuf. Elle est développée un peu partout en France. Mais dans l’Aude, où l’on redécouvre l’utilité d’une poule à demeure, c’est à grande échelle ! La tâche de ces poules est juste de… manger nos reliefs de repas, légumes, épluchures, des croûtes de fromage et même des pâtes ou des restes de poulet, si l’occasion se présente ! Chaque gallinacée est particulièrement vorace qui engloutit 150 kilos en moyenne de biodéchets chaque année ! Soit la production annuelle de cinq personnes, à raison de 30 kilos chacune, sur la même période.

377 communes audoises génèrent déjà 60 000 tonnes annuelles de déchets ménagers chaque année

La poule, c’est une aide gratuite qui permet de diminuer la quantité de biodéchets à traiter. Du coup, de ne pas en faire augmenter le coût. Complémentaire du broyage et autres composteurs (lire ci-après), eux aussi mis en place parallèlement, le recours à des poules chez soi s’avère être une réussite. Elle s’effectue dans le cadre d’un programme local de prévention des déchets, lancé en 2010, dont le but est de réduire les déchets à la source concernant 377 communes de l’ouest du département couvertes par un syndicat, le Covaldem 11. D’en collecter le moins possible. Car ces 377 communes audoises génèrent déjà 60 000 tonnes annuelles de déchets ménagers chaque année.

“Cela nous permet d’optimiser les coûts”

Ph. Covaldem.

Une poule c’est presque omnivore au même titre que l’homme, même si ça n’aime pas trop quelques aliments comme la feuille de choux ou le poireau. “Utiliser des poules, c’est moins cher écologiquement et moins cher économiquement même si cela ne va pas forcément la facture pour les usagers : l’exutoire final est de plus en plus cher. Cela nous permet d’optimiser les coûts”, explique Martine Gilles, directrice de la communication du Covaldem 11. Ce genre d’opération intervient alors que, entre autres, la taxe générale sur les activités polluantes (TGAP) augmente.

“Les poules à adopter partent en seulement quinze jours !”

Après une phase de test concluante en 2020, ce syndicat a organisé depuis 2021 cinq opérations de distribution auprès des particuliers intéressés par l’adoption de deux poules par foyer. Moyennant 1 € symbolique par poule et une convention signée par les futurs propriétaires de ne pas tuer l’animal pour la manger ; de prendre soin de leur volatile ; de leur apporter des graines, en plus des biodéchets ; de posséder sur son petit arpent un poulailler. Le nouveau détenteur peut ensuite repartir avec.

Martine Gilles le certifie : “Les poules à adopter partent en seulement quinze jours ! Parfois, c’est papi et mamie qui viennent avec leurs petits-enfants et donnent un nom à la poule. L’idée n’est pas d’offrir une poule avec chaque habitant du territoire ; on ne pourrait pas. Mais c’est de donner l’envie de traiter les biodéchets soi-même. De réfléchir à comment nos anciens faisaient.” Ainsi 750 poules (150 par opération de distribution à 75 ménages), issues de plusieurs élevages audois, ont été distribuées.

112,5 tonnes de biodéchets qui n’ont pas été traités

Ph. Covaldem.

Particularité, ce sont des poules “réformées” qui sont données et qui auraient dû partir à l’abattoir : “Normalement, une poule pondeuse au bout de sept à huit mois, sa production devient moins régulière et elle est donc moins rentable ; au bout d’un an, elle pond un oeuf par jour”, souligne Martine Gilles. Et, au bout de deux ans, elle descend en dessous de ce seuil. Et sont vouées, ensuite, après abattage, à l’alimentation animale, entre autres. Ces 750 poules ont ainsi évité le traitement coûteux de 112,5 tonnes de biodéchets. Ce n’est pas roupie de sansonnet.

Le syndicat ne collecte pas aujourd’hui les biodéchets seuls en tant que tel, sauf quand ils sont mélangés aux ordures ménagères classiques. “Sur les 377 communes, nous collections 60 000 tonnes d’ordures ménagères, dont 30 % seraient des biodéchets. Ce sont autant de déchets que les habitants n’auront pas mis dans la poubelle ; qui n’auront pas dégouliné et dégrader les autres déchets dans la poubelle ; qui n’auront pas été transportés, ni traités, etc. Ce qui est complémentaire d’autres actions.

Composteurs individuels et collectifs, broyeurs

Et Martine Gilles de préciser : “Nous avions, dans le cadre de ce programme local de prévention des déchets obligatoire depuis 2012 et que nous avons lancé en 2010, étudié toutes les solutions existantes pour réduire ces déchets. 30 % de biodéchets, c’est énorme (ce que confirme l’Ademe, Ndlr). Donc la première idée qui est sortie ce sont les composteurs pour les biodéchets (organiques, de jardin, etc.) On en distribué des individuels. Puis, depuis cette année, nous distribuons aussi des composteurs collectifs. Dans l’Aude, les coeurs de village sont en circulades et comme il n’y a pas de jardins,  nous les mettons sur des espaces publics…”

Ph. Covaldem.

Dans ce programme, (“Le tri des biodéchets est obligatoire depuis le 1er janvier de cette année”), il existe aussi une mise à disposition des habitants de petits broyeurs domestiques pour des branches d’olivier, des haies… “On vient cherche le broyeur et on peut ensuite épandre ce broyat soit directement dans ses jardinières ou sur le sol pour le protéger et retenir l’eau ; soit le broyat va dans le composteur et cela se mélange aux autres biodéchets.” Et d’ajouter : “Nous avons aussi des programmes communs sur les emballages et le tri sélectifs avec d’autres structures de gestion des déchets et nous allons mettre en commun les meilleures idées…”

Et l’étape suivante, des cochons…? “Pour l’instant, nous en sommes à la transformation de la chenille vers le papillon de nos déchetteries qui deviennent des “éco-centres”, image Marine Gilles. Sachant que chaque déchetterie dispose de dix bennes…”

Olivier SCHLAMA

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