Tourisme : Porté par l’Unesco, Nîmes réalise une belle saison, le Gard perd des étrangers

Les arènes de Nîmes. Ph. Olivier SCHLAMA

La cité gardoise attire notamment une clientèle internationale grâce à un tourisme culturel prégnant. Le classement à l’Unesco de la Maison Carrée a joué un rôle important. Le département du Gard enregistre, lui, une stabilité de la clientèle française et une baisse sensible des touristes étrangers. Mais la fréquentation estivale reste au-dessus de 2019, année référence d’avant-covid.

Nîmes gagne de plus en plus à être connue. Et s’y attèle. “Malgré un contexte général difficile et des passages prolongés de canicule, explique-t-on dans la cité gardoise, la ville de Nîmes confirme son attractivité pour la saison 2025 avec des chiffres quasi-stables par rapport à l’année dernière”. Patrimoine, événementiel, accessibilité, art de vivre en font une destination toujours autant prisée des visiteurs nationaux et également des touristes étrangers.

Selon la capitale gardoise, cet été on a constaté des séjours plus longs et une fréquentation étrangère en hausse. “La Maison Carrée classée au patrimoine mondial de l’Unesco est vraiment un plus”, pointe Mary Bourgade, l’élue chargée du patrimoine. “On constate une catégorie de visiteurs, particulièrement les étrangers qui sont attirés” par les pierres millénaires nîmoises. “On a eu beaucoup d’Américains, des Japonais… Des Français aussi. Et puis les arènes attirent toujours autant. Tout le secteur sauvegardé plaît. Nous avons beaucoup de chance.”

Patrimoine incroyable qui n’est pas muséifié ni sanctuarisé mais que tout le monde peut approcher

La Maison Carrée, classée à l’Unesco. Ph. Olivier SCHLAMA

Le secteur historique piétonnier en plein centre-ville joue sur l’attractivité et “facilite les va-et-vient dans ce secteur sauvegardé appelé site patrimonial remarquable” où l’on trouve les plus beaux monuments de Nîmes mais aussi les Jardins de la Fontaine et le musée de la Romanité. Encore plus au niveau national et international, y compris pour ses autres monuments exceptionnels. “Grâce à cette notoriété, les gens ont envie de les découvrir.”

Contrairement à il y a quelques décennies, Nîmes resplendit. En amont, c’est tout un travail de fond qui a été réalisé par la municipalité avec des aménagements et une mise en valeur d’un patrimoine incroyable qui n’est pas muséifié ni sanctuarisé mais que tout le monde peut approcher. “Je suis ravie quand j’entends parler des étrangers dans les rues de Nîmes. Cela correspond parfaitement à l’esprit de l’Unesco : le partage avec le monde entier d’un bien qui y est inscrit. C’est d’une efficacité redoutable en termes de nombre de visiteurs.”

Plus de 1,8 millions de nuitées en cinq mois à Nîmes

Les arènes… Ph. Olivier SCHLAMA

Cette attractivité se ressent aussi “à travers l’installation récente de grandes enseignes comme les Galeries Lafayette ou Fragonard face à la Maison Carrée”, souligne l’élue. “On constate que nous sommes attractifs.” Peut-on parler de renaissance de Nîmes ? “Nous récoltons ce que nous avons semé depuis 25 ans…”, répond Mary Bourgade, qui est à Vichy, justement aux Rencontres annuelles de l’association des biens français au patrimoine mondial et qui ne sera pas sur une liste aux prochaines municipales.Mais qui reste “passionnée“.

Nîmes a donc enregistré un total de 1 823 801 nuitées marchandes et non marchandes cette saison affiche donc un quasi-équilibre par rapport à 2024 avec une baisse de 1,66 %. Ce fléchissement est dû à nos visiteurs français un peu moins présents (- 3,74 %), alors que la clientèle étrangère, elle, progresse de 2,23%. Parmi les principales nationalités, Espagne, Allemagne, Belgique, Etats-Unis, Suisse, Pays-Bas, Royaume-Uni, Chine.

On reste plus longtemps en vacances à Nîmes

Même les dessinateurs s’y mettent… Ph. Olivier SCHLAMA

Moins de touristes Français à Nîmes mais ceux-ci restent plus longtemps : la durée moyenne du séjour en centre-ville des Français progresse à 2,2 nuits contre 2,1 en 2024. De la même manière, les visiteurs étrangers restent un peu plus longtemps dans la cité du toro puisqu’elle atteint deux nuits contre 1,8 nuit en 2024 (vente de city pass en augmentation). Lire ci-après (1).

Pour bien comprendre, il faut aussi zoomer sur les ferias qui sont des événements festifs rassemblant près de deux millions de visiteurs ! Nîmes a une nouvelle fois confirmé son ancrage festif grâce à ses deux grandes ferias. La Feria de Pentecôte a attiré 1 176 566 participants, tandis que la Feria des Vendanges a réuni 762 956 personnes, en hausse par rapport à 2024, notamment lors des journées de vendredi et samedi (+2 %), et jusqu’à +4,5 % en centre-ville. Au total, les deux rendez-vous ont rassemblé près de deux millions de visiteurs (1 939 522), consolidant la réputation de Nîmes comme haut lieu de la fête et de la convivialité.

Fréquentation des musées en hausse

Fréquentation culturelle. Entre le 1er juin et le 21 septembre 2025, les six musées municipaux ont accueilli 79 252 visiteurs. Si ce chiffre traduit une baisse de 8 % par rapport à 2024, il reste en hausse de 17 % par rapport à 2023. Dans le détail, le Carré d’Art – Musée d’art contemporain (+ 11 %), le Musée des Beaux-Arts (+ 10 %) et le Musée des Cultures Taurines (+ 98 %) tirent leur épingle du jeu. En revanche, le Musée du Vieux Nîmes et le Musée d’Histoire naturelle enregistrent un repli, conséquence directe du succès exceptionnel de leurs expositions temporaires en 2024.

Le Musée de la Romanité, à Nîmes. Ph. Olivier SCHLAMA

Le Musée de la Romanité a, pour sa part, accueilli plus de 50 000 visiteurs sur la période. 78 % des visiteurs ont découvert l’exposition Gaulois, mais Romains ! Chefs-d’œuvre du musée d’Archéologie nationale, soit la même part qu’en 2024 avec Achille et la guerre de Troie. La part des visiteurs étrangers a nettement progressé, portée notamment par une fréquentation américaine en forte hausse.

Monuments romains dans un centre-ville attractif

Monuments romains : un atout majeur. La fréquentation des monuments romains gérés par Edeis se maintient à un niveau élevé, avec 361 000 visiteurs sur 3,5 mois, soit une progression de + 8 %. La proportion de visiteurs français est de 68 %, avec 25 % de Gardois (dont 12 % de Nîmois), contre 32 % de visiteurs étrangers. “Cela marque une belle progression du visitorat étranger par rapport à l’année précédente, et notamment des visiteurs venant des Etats-Unis qui représentent à eux seuls 23 %.”

Les Jardins de la Fontaine, à Nîmes. Ph. Olivier SCHLAMA

Un centre-ville animé et attractif La ville a poursuivi ses efforts pour dynamiser le centre-ville, en particulier grâce à la piétonisation du boulevard Victor Hugo lors des événements. Les incontournables Jeudis de Nîmes, qui fêtaient cette année leur 31e anniversaire, ont connu une fréquentation en légère hausse, oscillant entre 47 000 et 51 000 spectateurs selon les soirées. La soirée du concert de Soprano, le 10 juillet, et la course camarguaise du 21 août ont marqué des pics d’affluence.
Outre les concerts et animations musicales, le public a pu profiter de rendez-vous conviviaux comme JeuDivins, sur l’Esplanade, qui a permis de valoriser les vins et produits du terroir en partenariat avec les Costières de Nîmes.

Dans le Gard, on enregistre une baisse des étrangers et une stabilité de la clientèle française

Au-delà de Nîmes, le Gard a-t-il lui aussi attiré beaucoup de touristes ? À l’agence de développement touristique, satellite du conseil départemental, Barbara Plaidi, responsable du Pôle observation et prospective, décrypte : “La cité gardoise tire son épingle du jeu, notamment sur la clientèle internationale, notamment grâce à un tourisme culturel prégnant. Le classement à l’Unesco de la Maison Carrée lui a fait beaucoup de bien. Sur cinq ans, c’est 30 % d’étrangers de plus, selon les études. “

Seaquarium du Grau du Roi. Ph. Seaquarium du Grau du Roi.

Dans le Gard, plus généralement, c’est plus “contrasté“, précise Barbara Plaidi, à l’appui du tout frais bilan d’une enquête de conjoncture menée auprès des professionnels : “Les résultats sont assez contrastés. On a eu une saison, qui s’étire du 1er mai au 30 septembre, qui a connu un démarrage assez lent ; un mois de juillet décevant ; un très bon mois d’août et septembre qui s’est maintenu.” Attention, ce sont des résultats “provisoires” qui se basent sur les déclarations des professionnels sondés qui s’expriment par rapport à l’année dernière. Or, 2024 a été une très belle saison.

19 millions de nuitées touristiques

Au total, la saison estivale 2025, sur cinq mois, le Gard a enregistré 19 millions de nuitées touristiques. Cela comprend les nuitées d’étrangers et des Gardois qui prennent des vacances dans le Gard, un Nîmois au Grau-du-Roi, par exemple. Sur ces 19 millions de nuitées, 12 millions ont été payées par des touristes français – avec une légère baisse, à – 6 %. Ce qui est une relative stabilité. Et 7 millions l’ont été par les étrangers mais qui baissent de 10 %.” Comment l’expliquer ?

Il y a eu ces années exceptionnelles et désormais nous revenons sur des volumes de nuitées standard sur notre clientèle étrangère”

Photo Site du Pont du Gard -Aurélio Rodriguez

La spécialiste explique : “À partir de 2022, nous avons eu une montée des nuitées, surtout étrangères. Cela s’est vérifié en 2023 et 2024. Cette année, on enregistre une baisse sensible. Pour autant, on a reçu davantage d’étrangers en 2025 qu’en 2019, année de référence d’avant covid. On pense donc qu’il y a eu ces années exceptionnelles et désormais nous revenons sur des volumes de nuitées standard sur notre clientèle étrangère.” Barbara Plaidi souligne aussi que sur “le littoral gardois, la fréquentation a été davantage en dents de scie. Avec un démarrage hyper-tardif. Sans doute à cause d’une météo peu engageante mais ensuite ils ont réalisé un très bon mois d’août”.

Clients météo-sensibles et dernière minute

Les perspectives de fin d’année 2025 ne sont pas bonnes. Elle anticipe une légère baisse au niveau du département même si cela devrait rester au-dessus de 2019. “Il y aura quoi qu’il arrive une légère baisse de fréquentation pour 2025 dans son ensemble. L’état des réservations pour octobre et novembre est plutôt en baisse par rapport à 2024.” Le pouvoir d’achat, sans doute, joue fortement. Et aussi le fait que de plus en plus de gens, météo-sensibles, se décident à prendre quelques jours de vacances, au dernier moment. “Si, à la Toussaint, il est prévu une super météo, il y aura du monde…”

Olivier SCHLAMA

  • Au total, musées et monuments de Nîmes ont accueilli près de 480 000 visiteurs, confirmant l’importance du tourisme culturel dans l’attractivité estivale de la ville. Ces chiffres confirment à la fois l’ancrage local des musées, très fréquentés par les Nîmois et les Gardois, et leur attractivité touristique auprès des visiteurs français et internationaux.

(1) Analyse des provenances montre la diversité des publics à Nîmes :
• Visiteurs français
• 68 % au Musée de la Romanité,
• 73 % à Carré d’Art – Musée,
• 84 % dans les quatre autres musées.

• Visiteurs gardois :
• 24 % à Carré d’Art (dont 19 % de Nîmois),
• 25 % au Musée de la Romanité (dont 12 % de Nîmois),
• 50 % dans les quatre autres musées (dont 42 % de Nîmois).

• Visiteurs internationaux :
• 32 % au Musée de la Romanité (dont 23% d’américains)
• 26 % à Carré d’Art – Musée,
• 16 % en moyenne dans les quatre autres musées,
• 40 % pour les monuments romains.