“Je sais que je suis peintre. Et il y a des écoles où la peinture n’a pas vraiment sa place” regrette Vinny Murano, pas forcément convaincu par son passage en écoles d’art. “J’aime l’art populaire, accessible, s’il faut dix pages pour expliquer une oeuvre, ça me pose un problème” commente-t-il. Alors si vous passez par Sète, allez donc le voir, dans l’atelier 4/21, rue Pierre-Semard ou au Petit Lieu, du 12 au 16 juillet….
Vinny Murano peint, “il laisse s’accomplir la magie de ses mains” comme le chantait France Gall à propos d’un autre adepte du pinceau… Pourtant, ce qui pourrait sembler une évidence n’en est plus vraiment une, dans un monde de l’art où ce geste serait presque incongru, sinon une faute de goût !
Partir à Paris (pour mieux revenir ?)
“Lorsque je suis arrivé aux Beaux-Arts, je m’attendais à une autre liberté de penser et de créer. mais là où j’étais il ne fallait pas s’écarter des dogmes. Cela dit, avoir été ainsi bloqué ça m’a permis de me construire, de mettre en place mon processus de création. C’est de plus en plus naturel et ça me donne envie de continuer…” souligne le jeune homme.

Cette page tournée, il reste maintenant beaucoup à dire à propos de cet artiste héraultais (un père sétois, une mère bitteroise) qui prendra bientôt le chemin de Paris, comme bien d’autres l’ont fait avant lui, faisant de la capitale un passage obligé avant d’être (enfin) reconnu dans une île tellement singulière qu’elle ne sait apprécier ses enfants que lorsqu’ils ont été adoubés… ailleurs.
Donc, Vinny Murano peint, en toute liberté et nourrit son inspiration de multiples influences de son temps : “On peut dire que j’ai un style BD, qui peut faire penser à la Figuration Libre ou à Basquiat. Bien sur, ce sont des influences, mais on a changé d’époque et mes références sont différentes de celles des années 80/90. On mélange de plus en plus les genres, de Francis Bacon aux mangas, des Pokémons à Di Rosa et Combas…”
“Sinon, bien sur il y a les clips, j’ai été marqué par celui de Michel Gondry pour Around the World de Daft Punk Mais aussi Pearl Jam, Fatboy Slim… Et le cinéma de Tarantino, des films tels que Las Vegas Parano, Sin City ou The Mask…”

Utiliser les réseaux sociaux, sans se laisser piéger
Autre élément qui vient bouleverser le système, les réseaux sociaux. Pas facile de s’en exonérer, même si l’on voudrait bien. “C’est générationnel. Ils occupent une place dont il est difficile de se détacher, il faut savoir les utiliser. Si on y est pas ssez actif, on prend le risque d’être oublié. Autrefois, c’était plus dur pour avoir une visibilité, mais maintenant il faut vraiment y être présent, se renouveller en permanence…”
Malheureusement “c’est très fast-food. selon le # de recherche il y a des milliers de propositions. on perd la magie de la recherche, la curiosité se perd et ça me fait craindre une uniformisation des goûts. C’est pour ça qu’en ce moment je travaille beaucoup avec des cases. pour présenter ce modèle social où tout le monde s’enferme au lieu de s’ouvrir aux autres…”
Vinny Murano expose du 12 au 16 juillet à Sète, Le Petit Lieu (23, rue de Tunis). cette expo, “Reality not found” est peut-être la dernière occasion de découvrir son travail, avant qu’il ne prenne la route vers Paris…
Philippe MOURET
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