Ateliers (1) : Pour l’évasion, laissez vous embarquer par Cosentino

Christophe Cosentino dans son atelier sétois. Photo Laureline M.

Entre espace industriel et voyage au long-cours, les nouvelles toiles du peintre sétois invitent à la découverte et à l’évasion. On a pu voir ses travaux Rue du Palais et à partir du 5 août à la Chapelle du Quartier-Haut dans une expo collective. Mais entrer dans son atelier, c’est s’embarquer dans un univers où les fleurs voisinent avec les monstres marins et les laques brillantes avec le mariage de la toile et de la céramique…

C’est un peu comme le bruit des vagues… il suffit de quelques minutes pour que sa voix vous envoûte par une forme de passion paisible. Pas un mot plus haut que l’autre, mais pas un mot inutile. Christophe Cosentino, Tino, vous saisit, vous enroule, vous transporte, comme ces vagues un peu traîtresses qui ne vous lâchent plus. L’écouter c’est déjà un voyage. Depuis les années 80, la bande dessinée, les toiles, la céramique, sa façon de bondir d’une inspiration à l’autre, sans jamais dévier de son parcours, mais en ne craignant jamais de se laisser embarquer par le courant de sa créativité.

Tino ne suit pas forcément les routes toutes tracées, mais il arrive toujours à bon port. Nul besoin de sextant ou de boussole. Il présentera bientôt à la Chapelle du Quartier-Haut (à Sète) une partie de ses récents travaux au sein d’une expo collective (*). L’occasion pour le public de découvrir ses cargos encalminés, ses quais où s’échinent les dockers et ses machineries dont on ne sait plus si elles sont industrielles ou organiques. Tels ces tuyaux aux airs de monstrueux tentacules qui se déploient auprès d’un ouvrier indifférent…

Des scènes  à l’immobilisme aventureux

Des cargos encalminés dans un océan de couleurs. Photo Laureline M.

On est au coeur de la vie portuaire, la cabine de grutier donne le vertige, on a la sensation d’entendre le grondement du diesel, le cri strident des sirènes, les chocs sourds sur le métal tandis qu’une machine aux longues pattes d’insecte s’empare d’un conteneur, comme un créature extra-terrestre dans un vieux film de S.-F. des années 50 ! Cosentino sait user avec parcimonie des couleurs, pour laisser de grandes plages blanches sur la toile, soulignant ainsi chaque détail d’un univers grouillant…

Tout le contraire de ses plus petits formats, aux cargos vieillissants, qui donnent l’impression de s’être égarés sur un océan sans fin, n’attendant plus que d’être engloutis par les couleurs qui leur offrent un ultime éclat. Des scènes à l’immobilisme aventureux, qui font rêver d’horizons lointains et de destinations improbables; Ce n’est pas le but qui compte, mais le voyage. Et pour voyager, il suffit de se laisser embarquer par Tino dans un de ces cargos qui voguent sur un flot de nostalgie maritime. On entendrait presque s’élever la voix d’Axel Bauer. “Trente-cinq jours sans voir la terre, pull rayé, mal rasé…”

Philippe MOURET

(*) Exposition “Une scène sétoise”, Aldo Biascamano, Ketty Brindel, Julia Collaro, Claude Combas, Christophe Cosentino, Marc Duran, Fred Hoyer, Lucas Mancione, Fred Périmon, Jean-Marie Picard, Topolino. à la Chapelle du Quartier-Haut (rue Borne, à Sète, Hérault) du 5 août au 17 septembre (entrée libre, de 12h à 19h).