Montpellier : Les 6e Rencontres franco-espagnoles sous le signe de la liberté, 50 ans après la mort de Franco

Lors des Rencontres, à Montpellier, en 2024. DR

Présidente de Voix de l’extrême, Manuella Parra organise cet événement avec, entre autres, un hommage à Pablo Casals et Rafaël Alberti. Labellisées España en Libertad, les Rencontres sont de plus en plus tournées vers la transmission. Ce qui n’est pas neutre à l’heure de la multiplication des régimes autoritaires.

Cinquante ans après la mort du dictateur espagnol Franco, Manuella Parra organise une 6e édition des Rencontres franco-espagnoles qui a un goût particulier. Ces Rencontrent débutent le 19 novembre à la maison des relations internationales et finissent le 25 novembre à la Gazette Café. Et, plus que jamais, sous le signe de la liberté ! Comment pouvait-il en être autrement ? Ces Rencontres ont une portée toute singulière, distinguée, “fait extraordinaire”, qu’elle est du label España en Libertad – 50 años”, programme initié par le Premier ministre espagnol et le secrétaire d’État à la Mémoire démocratique à l’occasion du retour de la démocratie en Espagne.

“Hommage à toutes celles et ceux qui ont lutté pour la liberté, souvent au prix de leur vie”

Manuella Parra. DR

L’initiative culturelle se cale entre poésie, résilience et démocratie. A l’heure de la multiplication des régimes autoritaires, illibéraux voire totalitaires, ce n’est pas vain. Surtout quand la jeunesse est au coeur de cette transmission démocratique. “Nous sommes avec l’Espagne dans la même démarche ; je l’ignorais. Il reconnaît la valeur mémorielle, culturelle et symbolique de nos Rencontres franco-espagnoles. Soutenue par l’Ambassade d’Espagne à Paris, cette distinction rend hommage à toutes celles et ceux qui ont lutté pour la liberté, souvent au prix de leur vie ; ce qui reconnaît le combat de nos parents qui ont connue le dénuement, l’exil, la répression…”, précise Manuella Parra. La présidente de l’association Voix de l’extrême qui organise l’événement considère que c’est une “façon de réhabiliter nos parents et nos grands-parents”.

À la croisée de la mémoire, de l’histoire et de l’engagement

Cette 6e édition des Rencontres franco-espagnoles, Liberté-Libertad, qui est un événement culturel et mémoriel, à la croisée de la mémoire, de l’histoire et de l’engagement, s’annonce comme l’occasion “d’explorer la force et les fragilités des valeurs républicaines dans un monde où l’obscurantisme réapparaît”. Un programme riche et diversifié donnera vie à cette réflexion : conférences, lectures, projections, témoignages, concerts, récitals et expositions, principalement à Montpellier. Un hommage particulier sera rendu à Pau Casals, Joan Alavedra et Rafael Alberti, en partenariat avec la Fondation Rafael Alberti de El Puerto de Santa María (Cadix), ainsi qu’à de nombreux anonymes. Les Rencontres accorderont aussi une place importante à la transmission, grâce à la participation de plusieurs lycées et collèges de Montpellier et de Clapiers (“Il y a un gros investissement de leur part”) et sa Métropole, ainsi qu’un lycée d’Alcalá de Henares.

Hommage à Pablo Casals et Rafaël Alberti

La manifestation a aussi le soutien du consul d’Espagne, à Montpellier “Coïncidence, le 20 novembre, le jour de la mort de Franco, nous serons à la salle Pétraque, à Montpellier avec un concert-hommage à Pablo Casals de Gemma Durand, membre de l’Académie des Sciences et des Lettres de Montpellier, petite-fille de Joan Alavedra, ami de Pablo Casals. Au violoncelle, Cyrille Tricoire De Haro, premier violoncelliste de l’orchestre de Montpellier.” Ce rendez-vous sera précédé, la veille, toujours dans le cadre de l’hommage à Pablo Casals de la présentation du livre Pablo Casals, un musicien, une conscience de Jean-Jacques Bedu.

Autre grand moment de la programmation, le samedi 22 novembre à 14h30, à l’auditorium de la médiathèque centrale Émile-Zola, à Montpellier, conférence sur le dramaturge Rafael Alberti, un siècle de création, en partenariat avec la Fondation Alberti de El Puerto de Santa-Maria (Cádiz Andalousie). Animation par Agnès Robin, Adjointe à la culture de la ville de Montpellier. Documentaire projeté en présence du réalisateur Fernando Santiago Munoz. Présence aussi de Uberto Stabile, directeur de la Fondation Alberti d’El Puerto de Santa-Maria ; Manuel Aznar, professeur de littérature espagnole, de l’université autonome de Barcelone, fondateur et directeur du Groupe d’études de l’exil littéraire (Gexel). Avec aussi un récital. Et un hommage au Sétois Jean-Hervé Mirouze.

Davantage basée sur la transmission

“Cet hommage à Rafael Alberti, montre les facettes d’un autre personnage important : un poète hors normes qui a révolutionné la poésie et la littérature en Espagne. Engagé au Parti communiste. C’est quelqu’un qui portait un vrai engagement au travers le l’art. Un film sera aussi présenté sur ce personnage”, définit Manuella Parra. “Cette édition me tient particulièrement à coeur : elle est basée sur la transmission davantage que les autres éditions. Je constate le gros travail qui est fait par les professeurs dans les établissements scolaires avec une grande implication des jeunes. J’en suis émerveillée. Cela me redonne espoir. Les jeunes s’en emparent parce que l’on va vers eux ; on leur montre ; on les fait participer et deviennent acteurs de notre projet.”

Les jeunes se réapproprient une histoire universelle et on les rend acteurs de cette histoire”

Manuella Parra prolonge : “Quand, par exemple, on organise une soirée comme Graine de Résistance, à la salle Pétrarque, ce sont des jeunes d’un quartier difficile qui y participent, Gérard-Philippe, à Montpellier. Eh bien, ils sont partis à la recherche d’informations avec leurs profs aux archives départementales ; ils ont réalisé des entretiens… Ils ont été reconnus et ont fortifié leur cursus scolaire. Ils se réapproprient une histoire universelle et on les rend acteurs de cette histoire. Ce sont eux qui ont réalisé un journal et choisi le terme Graine de Résistance. Ils s’identifient bien à ces jeunes qui, jadis, qui ont vécu cette histoire. Ils vont aussi parler du maquis de Bir-Hakheim, qui a existé lors de la Seconde Guerre mondiale. Ce sont des jeunes qui raflent tous les prix ! Je connais une jeune d’origine turque qui a gagné, en 3e, un prix régional de poésie en faisant un travail sur les Harkis. Elle est désormais au lycée Joffre et se destine à devenir médecin. Je suis heureuse et impressionnée.”

Un livre de dialogues entre femmes résistantes…

Manuella Parra sortira un livre, Lettres aux Absentes, en janvier (Editions Chevrefeuille étoilée), qui montre l’engagement de jeunes et de femmes dans la Résistance, notamment avec plusieurs des 13 Roses. Ces dernières étaient des femmes espagnoles, âgées de 18 ans à 29 ans, militantes antifranquistes, fusillées le 5 août 1939 par le régime de Franco. Elles sont devenues un symbole fort du martyre républicain. Et de la jeunesse républicaine sacrifiée. “C’est un livre de correspondances fictives entre des jeunes résistantes en France qui sont allées au camp de concentration de Ravensbrück et des jeunes espagnoles résistantes enfermées dans des prisons en Espagne sous la répression de Franco. Je les fais communiquer entre elles, fictivement, et elles « communiquent” avec moi, toutes animées d’un idéal de liberté… Le 23 novembre, à 15 heures à la Médiathèque Emile-Zola, à Montpellier, ous ferons un récital avec trois comédiens, deux musiciens et moi-même ; nous en lirons des extraits.”

Olivier SCHLAMA

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