Livres : Le Prix Méditerranée attribué à Boualem Sansal

Boualem Sansal, un habitué de la prestigieuse "Collection Blanche" de Gallimard. photo Droits réservés

Abraham ou La cinquième Alliance est le neuvième roman de Boualem Sansal, qui avait notamment obtenu le Grand prix de la Francophonie de l’Académie française en 2013. Créé en 1985 à Perpignan par le Centre méditerranéen de littérature (CML), le Prix Méditerranée “a pour ambition de valoriser l’espace culturel entre les différents pays dont la Méditerranée est le creuset, et de reconstruire le récit épique des diversités fondatrices de son identité”.

Que dire sinon que je suis flatté par ce prix parce que méditerranéen et parce que son jury est des plus prestigieux. Il récompense un roman “Abraham ou la cinquième Alliance” qui est le roman dans lequel je me suis le plus investi. Abraham, c’est la Méditerranée, c’est le creuset de la civilisation européenne et musulmane, c’est l’unité vers laquelle les trois religions monothéistes devraient converger”, a déclaré l’écrivain lors d’un entretien au grand quotidien algérien El Watan.

Une “parabole sur la puissance et les faiblesses de la pensée religieuse”

Dans son nouveau roman, Boualem Sansal réécrit la Genèse avec humour et érudition car écrit-il : “La parole de Dieu est une, elle tourne inlassablement dans l’univers, d’un infini à l’autre, créant vie et mouvement, mais l’homme, cette glaise imparfaite, entend mal, il faut tout lui répéter, encore et encore. C’est la mission des prophètes et leur liste ne sera jamais close…”

En 1916, alors que le premier conflit mondial s’étend au Moyen-Orient, Terah, un vieux patriarche chaldéen, ayant compris que son fils Abram est la réincarnation d’Abraham, le charge de conduire la tribu vers la Terre promise, comme jadis son ancêtre de la Genèse. Au terme de ce long périple, Abram parviendra-t-il à fonder la cinquième Alliance, susceptible de guider les hommes et d’apaiser leurs maux ?

“En ces temps de retour angoissé aux questionnements religieux, Boualem Sansal est de ces écrivains qui accompagnent les élans spirituels et illustrent leurs dérives. En actualisant l’histoire ancienne de la Genèse dans le but d’éclairer nos temps obscurs, il nous offre ici une parabole sur la puissance et les faiblesses de la pensée religieuse” souligne l’éditeur.

Un homme engagé et un écrivain récompensé

Boualem Sansal est né en 1949 en Algérie, à Theniet El Had, petit village des monts de l’Ouarsenis, il a une formation d’ingénieur et un doctorat en économie. Enseignant, puis consultant, chef d’entreprise et enfin haut fonctionnaire au ministère de l’Industrie algérien, dont il a été limogé en 2003 pour ses prises de positions critiques contre le pouvoir en place.

Boualem Sansal a publié son premier roman Le Serment des barbares en 1999. Il a reçu de nombreux prix, dont celui du  Premier roman et le Prix des Tropiques. Boualem Sansal est lauréat du Grand Prix RTL-Lire 2008 pour son roman Le Village de l’Allemand ou le Journal des frères Schiller. En 2011, il reçoit le prestigieux Friedenspreis des Deutschen Buchhandels (Prix de la paix des libraires allemands). Il est un habitué de la prestigieuse “Collection Blanche” des éditions Gallimard.

Voir Naples, aimer et espérer…

L’Italien Alessio Forgione a reçu, pour sa part, le prix Méditerranée dans la catégorie roman étranger pour Napoli mon amour, traduit de l’italien par Lise Caillat. Alessio Forgione “raconte avec une langue enlevée, tissée de tendresse et d’humour, les déambulations d’un jeune homme en proie aux affres de sa génération, dans un Naples inattendu et électrisant. Ce roman d’une intensité et d’une poésie renversantes entremêle avec grâce pauvreté et tendresse, désespoir et enchantement.”

Le jury du Prix Méditerranée a attribué cette année deux mentions spéciales, la première au roman d’Aurélien Manya (Trois cœurs battant la nuit, éd. L’Arpenteur) et la seconde à celui de Michel Canesi et Jamil Rahmani (Ultime preuve d’amour, éd. Anne-Carriere). En parallèle, Yves Roman a été récompensé par le Prix Méditerranée essai pour Cicéron paru chez Fayard et Gabriel Zimmerman a par le Prix Méditerranée poésie pour son recueil Lapidaires publié chez Tarabuste.

Deux prix pour la spiritualité

Le Prix Méditerranée-Roussillon distingue les Facéties et paysages contés en Pyrénées-Orientales de Caroline Chemarin (Les Presses littéraires) et le roman d’Eric Dupuis, Apaches (Les Presses du Midi). Enfin dans la catégorie Spiritualités d’aujourd’hui, deux essais sont distingués ; A Marie d’Anne Lecu, (éd. Cerf) et Giordano Bruno, un génie martyr de l’Inquisition de Jacques Arnould (Albin Michel).

Ph.-M.

Ces récompenses littéraires sont parrainées par la Ville de Perpignan, le Conseil départemental des Pyrénées-Orientales et la région Occitanie Pyrénées-Méditerranée.