Incendies : Dans les P.-O., on teste le déploiement de huit médiateurs forestiers, cet été

Les médiateurs en formation... Photo Alain Tendero – Région Occitanie

Depuis quelques années, en Occitanie, le changement climatique a notamment comme conséquences d’étendre les territoires soumis au risque d’incendie de forêt et d’allonger la période estivale de risque renforcé. Dans le cadre des mesures de prévention et de lutte face aux incendies, le Parc naturel régional (PNR) des Pyrénées Catalanes, le PNR Corbières-Fenouillèdes et le Pays Pyrénées-Méditerranée, soutenus par la Région Occitanie et le département des Pyrénées-Orientales, ont engagé un programme de recrutement et de formation de huit “médiateurs forestiers” en juillet et août 2024.

Les nouveaux médiateurs forestiers ont débuté une formation commune, cette semaine, au sein de la Maison de Région de Perpignan, puis sur le terrain à Força Réal (Pyrénées-Orientales). Leur déploiement par binôme doit suivre, dans chaque territoire concerné. Ces nouveaux médiateurs ont pour vocation de sensibiliser les usagers sur le terrain, au risque d’incendie de forêt, aux pratiques interdites et aux bons comportements à adopter.

Neuf incendies sur dix ont des origines humaines !

Photo Alain Tendero – Région Occitanie

“Face aux risques accrus d’incendies, la région met en place une véritable politique de lutte contre les incendies, adaptée à chaque territoire, en mobilisant des moyens supplémentaires, humains et matériels. Cette année, nous allons encore plus loin notamment sur le volet de la prévention. Lorsqu’on sait que 9 incendies sur 10 sont d’origine humaine, il est primordial de sensibiliser les publics aux risques, et aux bonnes pratiques en forêt. C’est tout l’enjeu de cette expérimentation que nous voulons mener dans les Pyrénées Orientales avec le renfort de huit médiateurs forestiers”, souligne Carole Delga, présidente de la Région Occitanie. Surtout qu’un printemps pluvieux ne limite pas le risque d’incendie… au contraire.

Apprendre aussi les gestes qui sauvent… Photo : Alain Tendero – Région Occitanie

Cette expérimentation a reçu 25 000€ de soutien de la part de la Région Occitanie. Le déploiement ultérieur de cette action à un territoire plus large pourra s’envisager selon le retour d’expérience.

Une initiative qui s’insère dans un dispositif plus large

Cette nouvelle initiative vient compléter un large dispositif déjà en place pour lutter et prévenir les incendies, avec le financement des infrastructures (pistes, citernes, points de surveillance ou coupures de combustibles) par le Fonds européen agricole de développement rural (Feader : 10 M€ entre 2014 et 2022), le département des Pyrénées-Orientales et la Région Occitanie, notamment.

À titre d’exemple en 2023, ce sont 24 projets d’infrastructures qui ont été financés. Mais également avec le soutien aux campagnes de communication de l’établissement public l’Entente Valabre pour sensibiliser tous les publics au risque d’incendie (visuels, supports numériques et animations sur les aires d’autoroute du Sud de la France), pour un montant annuel de 17 000€ (*).

Philippe MOURET

Françoise Matheron : “Arriver à déployer ce dispositif là où on en a besoin”

La conseillère régionale déléguée à la prévention du risque incendie est à l’origine de ce corps de médiateurs forestiers.

Élue régionale, Françoise Matheron est également maire de Saint-Bauzille-de-Montmel, dans l’Hérault, et vice-présidente de la communauté de communes du Grand Pic-Saint-Loup, a pris exemple sur ce qui se fait déjà dans la Région Sud, “très investie en matière de lutte contre les incendies et où se genre de brigade a porté ses fruits. Ils obtiennent des résultats mais pas seulement grâce à cette brigade mais à beaucoup de moyens investis dans la lutte et la prévention. L’Occitanie, elle, est une région plus étendue où la culture du risque est différente en fonction des départements. Dans le Gard et l’Hérault, nous sommes confrontés aux incendies depuis fort longtemps. On connaît », rappelle cette ancienne prof d’arts plastiques.

“Les P.-O. connaissent un risque accru d’incendie”

Illustration. DR

Pourquoi tester ces médiateurs forestiers dans les P.-O. ? Françoise Matheron aurait pu le faire, par exemple, à Saint-Bauzille-de-Montmel, 1 500 habitants, proche de Montpellier. Car sa commune est, certes, connue pour sa nature protégée de labels mais aussi malheureusement pour ses incendies, notamment un, historique, le 31 août 2010, où 3 000 hectares avaient été détruits – dont la moitié du village, 1 000 hectares – et où la population crut cette nuit-là que tout le village allait être la proie des flammes.

Le débroussaillement y est, depuis, obligatoire 100 mètres autour des maisons. “Nous avons aussi la chance d’avoir des sapeurs forestiers sur la commune ainsi que des services civiques de l’ONF pour surveiller, souligne Françoise Matheron. Tout cela est lié à la politique active du département de l’Hérault en la matière. On n’a jamais assez de moyens mais, disons que chez nous il nous en manque moins qu’ailleurs.” Or, confrontées à une sécheresse historique depuis deux ans les P.-O. “connaissent un risque accru d’incendie”. La présidente de ce département, Hermeline Malherbe, avait d’ailleurs écrit à Macron à ce sujet, comme Dis-Leur vous l’avait expliqué ICI. C’est donc tout naturellement que l’expérimentation va y être menée.

Se promener dans un endroit à risques, c’est comme faire du ski avec un risque d’avalanche ou aller se baigner quand la mer est démontée…”

Françoise Matheron, élue régionale chargée de la prévention du risque incendie

Françoise Matheron est certaine que rencontrer les gens sur place, en forêt, est important. Que la sensibilisation est une très bonne approche. “Il y a de plus en plus de départs de feu. Les autochtones qui habitent là depuis longtemps savent d’emblée qu’en été quand il fait chaud ; que le vent souffle ; eh bien, il vaut mieux remettre à plus tard sa balade en forêt ou en garrigue.”

Françoise Matheron.

Elle prolonge : “Ces médiateurs pourront expliquer cela entre autres y compris en distribuant des fascicules. Moins il y a de personnes dans un endroit sec, moins il y a de risques de départ de feu, sachant que 90 % des incendies, accidentels ou volontaires, sont d’origine humaine. Certains peuvent, par exemple, fumer pendant leur balade…”

Cette brigade sera aussi là pour rappeler des choses simples pendant que les touristes seront dans le lâcher prise : “Enfourcher sa moto en forêt, c’est aussi risqué ; un moteur peut générer une étincelle… Se promener dans un endroit à risques, c’est comme faire du ski avec un risque d’avalanche ou aller se baigner quand la mer est démontée…”

“La prévention, c’est l’affaire de tous”

Ces huit jeunes qui ont été recrutés ont des profils différents. L’un d’eux à travaillé au Sdis (Service d’incendie et de secours) ; un autre a suivi des études agricoles. “Nous attendons le retour d’expérience fin août pour savoir comment ils ont été perçus par les touristes et la population. Ils auront distribué des documents ; ils auront échangé… Mon idée, c’est d’arriver in fine à déployer ce dispositif là où on en a besoin en Occitanie. C’est le but que je poursuis. Face au réchauffement climatique, prendre soin des forêts, c’est répondre à un enjeu de séquestration de carbone, notamment. La forêt c’est magique. Et la prévention, c’est l’affaire de tous.”

Olivier SCHLAMA

(*) La Région a aussi financé la réalisation d’une plateforme éducative relative au risque d’incendie, avec différents modules de formation. L’existence de ce nouvel outil, accessible à tous et gratuitement, a vocation à “être partagée vers le plus grand nombre, et en particulier vers les acteurs, structures et personnes engagées en faveur de la prévention des incendies, afin de contribuer à la réduction du nombre de départs de feux sur le territoire régional.” : https://la-region-occitanie.valabre.fr/#/

À savoir :

22 000 hectares de forêts sont détruits chaque année en France par près de 5 000 feux dont 90 % sont d’origine humaine. Selon le site globometer.com : “75% des communes touchées par les incendies de forêt se situent dans la moitié Sud de la France. Dans les années 90, les surfaces détruites par les incendies étaient en moyenne deux fois plus élevées qu’aujourd’hui (37 000 ha).” – https://globometer.com/deforestation-incendies-france.php

À lire également sur Dis-Leur !

Sécheresse-Incendies : “Catastrophe humaine”, Hermeline Malherbe écrit à Macron

Feux de forêt : Les pluies du printemps ne diminuent pas le risque incendie, au contraire…

Incendies : En première ligne, les parcs naturels font feu de tout bois !