Enercoop : Deux nouveaux parcs solaires en Occitanie

Dans l'Aude et dans le Gers, deux nouveaux parcs solaires auxquels Enercoop s'associe.. Photo D.-R.

Enercoop invite citoyens et entrepreneurs d’Occitanie à se ré-approprier localement leur énergie électrique.  Alors que Enercoop et le développeur audois, Soleil du Midi, réalisent ensemble, le développement de parcs solaires innovants dans l’Aude et le Gers, Simon Cossus, directeur général d’Enercoop Languedoc-Roussillon répond à nos questions.

Simon Cossus, qui êtes-vous ?

Je suis actuellement directeur général de la coopérative Enercoop LR. Dès mon enfance, j’ai été sensibilisé à l’environnement par mon grand père avec lequel je nettoyais chaque année les cours d’eau proche de la demeure familiale. J’ai également été chef d’un projet éolien au sein de la Compagnie du Vent, où j’ai pris conscience de la nécessité d’apaiser les tensions au sein des territoires : rassurer les craintes de chaque citoyen pour répondre aux besoins non satisfaits d’aménagement du territoire. En matière d’énergies renouvelables, en réalité il est davantage question d’innovation sociale que d’innovation technologique.

Qu’est ce qu’Enercoop ?

C’est un projet citoyen global de transition énergétique qui doit permettre aux usagers, aux producteurs et aux collectivités locales de se ré-approprier leur production d’énergie électrique. Enercoop a le statut d’une société coopérative d’intérêt collectif, ce qui permet d’encadrer la gouvernance et la rémunération des actionnaires citoyens en garantissant l’utilité sociale de la structure. Son financement est assuré par une plateforme en ligne de financement participatif regroupant 30 000 sociétaires citoyens -Enerfip-. Quant au développement du parc de producteurs d’énergies renouvelables, il est confié à Soleil du Midi SAS avec l’objectif à terme que ce soient les territoires qui en deviennent propriétaires.

Pourquoi avoir développé cette coopérative ici en Occitanie ?

Après deux années à l’étranger, j’ai pris conscience que les dirigeants en France et en Europe n’avaient pas de véritable stratégie énergétique. Leur modèle génère des problématiques environnementales, sociales, démocratiques et géopolitiques croissantes.

Leurs prises de décision sont opaques, éloignées du citoyen et centralisées sur Paris ou Bruxelles, tandis que les ressources fossiles sont inégalement réparties sur la planète, faisant naitre des conflits sans fin. De retour sur Montpellier, j’y ai rapidement pris racine avec la ferme conviction que dorénavant ce serait aux territoires et aux citoyens de reprendre en main leur propre politique énergétique. La météo en Occitanie étant également plutôt favorable, il me semblait logique de développer ici en 2012 un outil coopératif et solidaire comme Enercoop LR.

Avez-vous d’autres projets dans le cadre européen ou méditerranéen ?

Oui, depuis 2008 le projet Rescoop consiste à mettre en réseau toutes les coopératives européennes entre elles afin notamment de pouvoir travailler sur l’équilibrage de leur production électrique: les énergies solaires, éoliennes et hydrauliques étant par nature intermittentes. En revanche, concernant la Méditerranée et l’Afrique, nous avons des contacts avec le Cameroun, le Sénégal et la Tunisie, mais pas de projets concrets pour l’instant.

Vos coûts de productions sont-ils croissants ou décroissants ?

Ils sont clairement décroissants : plus on développe nos sites de production, plus on abaisse nos dépenses. Et quand les investissements sont amortis, il n’y a quasiment aucun coût d’entretien. Les fabricants garantissent par exemple 80 % minimum du rendement initial de leurs panneaux photovoltaïques après 20 années de fonctionnement : mais dans les faits, si leur surface est nettoyée convenablement, on constate même jusqu’a 92% du rendement initial. Demain l’énergie électrique en elle même deviendra gratuite, c’est son intelligence qui sera payante. Les développements en cours autour des SmartGrids et autres BlockChains doivent ainsi être l’occasion pour les territoires et leurs citoyens de se ré-approprier leur propre production énergétique.

Propos recueillis par Aurélien Voirin

Le projet Enercoop/Soleil du Midi :

A Luc-sur-Aude (Haute-Vallée de l’Aude), c’est le premier parc solaire citoyen de France qui a été mis en service le 15 décembre 2017. Développé clefs-en-main par Soleil du Midi et soutenu par la commune et Enercoop Languedoc-Roussillon, ce projet a été lauréat en novembre 2014 du premier appel à projets régional pour des « ENR coopératives et solidaires ». Une campagne de levée de fonds menée début 2017 par la société montpelliéraine Enerfip, a rapidement réuni 287 actionnaires citoyens. Son équilibre économique a été trouvé grâce à l’aide de l’Ademe, de la Région Occitanie et à l’implication du réseau Enercoop qui a signé un contrat d’achat de l’énergie produite à un tarif préférentiel sur 30 ans.

L’électricité: énergie positive au service des citoyens. Photo D.-R.

A Auterrive, près d’Auch (Gers), le premier parc solaire coopératif de France a quant à lui été inauguré le 5 mai dernier. Développé par Soleil du Midi pour le compte exclusif d’Enercoop Midi-Pyrénées, qui a participé, avec ses sociétaires, au financement du projet, il n’a bénéficié d’aucune subvention. Il sera exploité pendant 30 ans et fournira de l’électricité 100% renouvelable aux clients d’Enercoop. Il est le premier d’une dizaine de parcs solaires coopératifs qu’Enercoop Midi-Pyrénées a demandé à Soleil du Midi de développer et construire dans les deux prochaines années dans la région Occitanie, pour ensuite les exploiter en propre pendant une trentaine d’années. Le réseau Enercoop garantit la viabilité économique via le tarif d’achat octroyé.

Inauguration de la centrale solaire photovoltaïque du Grand Marché MIN Toulouse Occitanie et signature de l’accord partenarial entre Toulouse Métropole et l’Ademe : Toute l’information sur ce sujet en cliquant ICI.