Les chiffres-clés de la délinquance enregistrés par la police et la gendarmerie nationales en 2024 font l’objet d’un panorama complet du ministère de l’Intérieur d’où ressort aussi un fort sentiment d’insécurité dans son quartier et les transports en commun. A noter que deux millions de personnes sont victimes de discriminations !
Le service de statistiques du ministère de l’Intérieur (1) vient de publier le panorama 2024 de la délinquance en France – hors collectivités d’Outre-Mer. Qu’y apprend-t-on ? D’abord, que cette photo de l’état de la violence et de la délinquance dans de la société met en relief plusieurs points saillants.
Ces statistiques montrent une augmentation – pas des homicides – des tentatives d’homicides (4 290 victimes, + 7 % et + 8 % par an depuis 2016) ; mais aussi des violences physiques (449 800 en 2024, + 1 %) ; avec 122 400 faits enregistrés, les violences sexuelles ont aussi bondi de 7 % et même + 11 % depuis 2016 (les viols ou tentatives représentant, à eux seuls, 46 100 faits, soit + 9 % et + 15 % par an depuis 2016). Par ailleurs, les services de police et gendarmerie ont recensé 16 400 infractions à caractère raciste, xénophobe ou antireligieux soit une hausse de + 10 % ; les actes anti LGBT est remarquable : + 6 %.
Escroqueries et fraudes aux moyens de paiement : tendance de fond

Autre hausse, celle des atteintes à la probité (934 délits de corruption, trafic d’influence, concussion, détournement de fonds… sur des procédures clôturées en 2024 (soit + 5 % par an depuis 2016) et surtout de l’usage des stupéfiants avec 290 500 mis en cause pour l’usage (+ 11 % en 2024 et + 6 % par an depuis 2016) et 52 300 mis en cause pour trafics (+ 7 % en 2024 et + 3 % par an depuis 2016). Toujours en hausse, les escroqueries et fraudes aux moyens de paiement ; là, c’est une tendance de fond qui se poursuit avec 417 000 victimes recensées (+ 1 % en 2024 et + 7 % par an depuis 2016). Même tendance pour les atteintes à l’environnement dont l’ampleur est étale : 42 900 faits, dont 16 700 infractions sur les animaux (+ 14 % en 2024 et + 9 % par an depuis 2016).
134 homicides conjugaux et 400 tentatives

Le SSMSI a aussi comptabilisé 272 400 victimes de violences conjugales (physiques, sexuelles ou psychologiques) de 15 ans ou plus. Un chiffre stable en 2024. A noter que cette statistique est quand même en hausse de 10 % depuis 2016. Et qu’un chiffre « noir » de cette délinquance – où les dépôts de plainte sont loin d’être systématiques – est sans doute très important. On dénombre 134 homicides conjugaux, 400 tentatives d’homicides dans la même sphère et 173 200 violences physiques et 85 200 violences psychologiques.
Victimes de traite et d’exploitation des êtres humains enregistrées en 2024 à des fins d’exploitation (qu’elle soit à des fins sexuelles, de travail, ou encore de mendicité, elles sont au nombre de 2 127 en 2024 (+ 5 % depuis 2016), dont 1 002 victimes de proxénétisme ; 756 d’exploitation par le travail ; 442 de traite des êtres humains “au sens strict ». Et pour les 2 106 mis en cause ? A 74 % sont des hommes.
Deux millions de victimes de discriminations !

Une donnée est effarante : elle concerne les discriminations en raison de leur
couleur de peau, origine, religion, orientation sexuelle, sexe, d’un handicap ou de tout autre critère reconnu par la loi. Elles représentent 3,7 % de la population victime, soit 2 millions de personnes qui s’en disent victimes ! 45 % d’entre elles avancent leur origine comme cause de cette discrimination ; 34 % leur couleur de peau ; 29 % leur religion, 24 % le sexe et 16 % l’apparence physique. De la même façon, 3,2 % de la population victime (doit 1,7 million de personnes) dit avoir subi des violences (physiques, verbales ou psychologiques) à caractère discriminatoire. Les cinq principaux motifs invoqués par les victimes : sexe (40 %) ; apparence physique (31 %) ; les origines (23 %) ; classe d’âge (21 %) et couleur de peau (18 %).
Quartiers et les transports en commun : sentiment d’insécurité très présent
Autre statistique, on dénombre 398 700 infractions liées au numérique, soit une hausse de 11 % en 2024, dont 62 % concernent des atteintes aux biens commises à l’aide d’un outil numérique ; 33 % des atteintes aux personnes facilitées par un outil numérique et 5 % d’autres atteintes (aux institutions, à la législation spécifique au numérique).
Enfin, ce service spécialisé souligne que le sentiment d’insécurité en France touche 15 % des habitants à leur domicile (14 % en 2016, et + 13 % par rapport à 2023) ; 22 % dans son quartier (20 % en 2016) et 42 % (+ 6 %) dans les transports en commun (+ 6 %).
Olivier SCHLAMA
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(1) Les statistiques de l’édition 2025 des chiffres clés portent sur l’année 2024 pour les données issues des bases statistiques des infractions, des victimes ou des mis en cause pour des infractions enregistrées ou élucidées par la police et la gendarmerie nationales et sur 2023 pour les données de l’enquête de victimation du SSMSI (Vécu et ressenti en matière de sécurité édition 2024). Les statistiques sont relatives à la France, hors collectivités d’Outre-mer, pour les données des bases statistiques du SSMSI et sont relatives à l’ensemble des personnes âgées de 18 ans et plus vivant en logement ordinaire en France (hors Guyane et Mayotte) pour les données de l’enquête de victimation. Les données de population utilisées sont celles de l’Insee.