C’est une première. Une association d’astronomie basée à Ustou a eu l’idée de créer cet outil avec une ambition touristique et scientifique. Capable d’accueillir des déficients visuels, il a aussi une vocation d’insertion sociale. Ouverture prévue début 2026.
Le Couserans a fait naître une nature exceptionnelle en Ariège ; la Voie Lactée, a ses “univers-îles”, comme le disait Kant. Eh bien, les deux vont bientôt se rejoindre en quelque sorte par l’entremise d’un projet rare : un observatoire astronomique à Guzet, non loin de la station de ski du même nom à l’enneigement erratique et au ciel particulièrement dégagé où il n’y a pas de pollution lumineuse. C’est justement l’une des raisons de la création de cet observatoire imaginé par l’association Ciel d’Occitanie, basée à Ustou : surfer sur le tourisme de quatre saisons.
Coût : 1 M€ cofinancés par plusieurs partenaires
Selon Jean-Noël Vigneau, maire de Saint-Girons, conseiller général de l’Ariège et président de la communauté de communes Couserans Pyrénées, il en coûtera 1 M€ cofinancé par plusieurs partenaires : la communauté de communes du Couserans, la région Occitanie, le département de l’Ariège, l’Etat, et même des fonds européens. “C’est un projet qui s’inscrit dans la diversification de la station de ski de Guzet. La mise en place des fameuses activités quatre saisons. Il se situe au “Picous”, non loin du télésiège qui vous emmène au départ de la station au premier sommet, très proche d’une chemin permettant de s’y rendre facilement. Nous faisons pas mal de choses, déjà.”
Et Jean-Noël Vigneau de préciser : “Nous avons inauguré une luge d’été et d’autres activités. Nous avons eu cette opportunité de travailler avec cette association locale du Couserans, Ciel d’Occitanie, qui fait beaucoup d’animations et d’observations du ciel l’été et qui avait ce projet d’un observatoire. Et les élus de notre communauté de communes ont décidé de les accompagner et de porter ce projet. Les travaux ont commencé ; les fondations sont terminées et l’été prochain on finalise le bâtiment avec la pose de la coupole et les annexes pour un accueil public et scientifique.”
Pour tous les publics, même les malvoyants

Le bâtiment sera livré au cours de l’automne prochain, entre septembre et octobre 2025. Il devrait ouvrir dans moins d’un an, début 2026. “Cet observatoire aura une partie dédiée aux scientifiques. Ouvert toute l’année, il sera surtout une proposition – payante mais inédite – de plus pour les touristes et s’adressera à tous les publics, même les aveugles et les malvoyants ; il ouvrira sur demande. Les écoles et collèges pourront y venir également”, confie Jacques Croiziers. Président de l’association astronomique Ciel d’Occitanie, il est l’âme de ce projet unique dans la région et peut-être même au-delà. “On va embaucher un astrophysicien qui va gérer la structure. Il y aura même la possibilité de dormir dans ce lieu unique lors de “nuits découvertes”, comme le fait un autre site emblématique : le Pic du Midi.
“Accessibilité physique et également pour les aveugles nous avons recours à des maquettes tactiles”

Ciel d’Occitanie dispose déjà d’un télescope performant de 500 millimètres de diamètre “que nous placerons dans la coupole d’un diamètre de 5,35 mètres de l’observatoire ! Autre originalité, l’insertion sociale est aussi au coeur de ce projet. Les personnes en situation de handicap y auront accès”, dit Jacques Croiziers. Les responsables de l’association ont eu naturellement cette idée aussi parce que l’association aux quelque 160 adhérents est engagée depuis longtemps dans l’insertion sociale. “Accessibilité physique et également pour les aveugles nous avons recours à des maquettes tactiles qui permettent avec le toucher de pouvoir se représenter des planètes”. “Et puis, pointe Jacques Croiziers, nous aurons recours à une application.”
Planétarium sonore et musical pour les aveugles !
Laquelle ? Il fait référence au “planétarium sonore et musical” grâce au son “binaural”. Tout se passe grâce à “l’application, que nous faisons réaliser avec la Fédération des aveugles de France, pour les déficients visuels et pour les aveugles, {qui} est en plein développement ; la première version devrait sortir dans trois ou quatre mois. Le principe c’est que cela repose sur un son spatial : les mouvements de la tête sont géolocalisés et correspondent à une description précise dans le ciel. Ce qui contribue à la création d’images mentales. Ce système bénéficie d’un brevet”. Cette application peut s’adapter à l’astronomie, certifie Jacques Croiziers dont l’association figure parmi les 14 lauréats 2024 d’un appel à projets du ministère de la Culture, grâce à l’investissement de la start-up Runblind. Avec ça, la Voie Lactée, avec ou sans le son, est le plus beau des spectacles, assurément.

Stages en immersion pour les aveugles à Ustou
Au-delà de cette expérience, l’insertion sociale est dans l’ADN de Ciel d’Occitanie : “On essaie, souligne Jacques Croiziers, de trouver des moyens pour faire découvrir l’astronomie pour tout le monde. Mais cette application peut servir à bien d’autres choses. Le toucher… Le sonore… On invente des trucs qui n’existent pas pour que les aveugles puissent découvrir. Tous les 15 jours, on donne des formations pour la fédération des aveugles et déficients visuels ; nous faisons aussi des stages en immersion pour des groupes d’aveugles, à Ustou ; ils font aussi, avec des accompagnateurs, du cheval, du kayak ; de la rando ; de l’escalade… C’est important pour eux et aussi pour nous. Les mecs pensent ne jamais pouvoir le faire. Et ils le font. L’astronomie, ces stages, on s’est rendu compte qu’à partir de là c’est un vecteur d’insertion.
Olivier SCHLAMA