Viginum, organisme public, édite un guide pour protéger le débat public, mettant en garde contre les attaques visant à décrédibiliser candidats et élections, à mettre de l’huile sur le feux en développant des fake news, créer la défiance vis-à-vis des médias d’information.
La menace, notamment de la Russie et de l’Iran est immatérielle mais belle et bien réelle. Viginum, organisme public rattaché au Secrétariat général à la défense nationale (SGDN) créé en 2021 pour détecter les attaques numériques de puissances étrangères, lance une alerte pour les élections municipales de mars 2026 et sensibilise les équipes de campagne avec un guide. “La menace d’ingérences numériques étrangères est réelle et Viginum travaille spécifiquement pour protéger le débat public numérique contre ces ingérences », dit l’organisme. Comme ce fut le cas pour de faux sites comme ceux de Brut ou du Monde.
Fausse prime Macron de 100 € !

Marquée par les élections européennes et législatives, l’année 2024 a été le théâtre de tentatives d’ingérences prouvées : 25 opérations numériques menées par des acteurs étrangers ont été détectées sur cette période. Une recrudescence de déstabilisation liée à des acteurs malveillants ou des puissances étrangères, comme la Russie. Déjà identifié, le groupe russe Storm-1516 a profité des législatives anticipées pour créer “un faux site de campagne qui usurpait complètement la charte graphique” de la coalition présidentielle Ensemble et promettait aux électeurs une “prime Macron” de 100 euros en échange de leur vote !
De la même manière, Raphaël Glucksmann, tête de liste PS-Place publique aux Européennes, avait été la cible “de comptes prochinois »,l’accusant “d’être le cheval de Troie des Américains – notamment de la CIA en Europe”. Faux, bien entendu.
“Saper la cohésion, discréditer les institutions et modifier les perceptions sur notre modèle démocratique”
“Saper la cohésion, discréditer les institutions et modifier les perceptions sur notre modèle démocratique.” En jetant de l’huile sur le feu sur des sujets déjà brûlants. On a aussi vécu le 10 septembre dernier autour de la mobilisation du 10 septembre reprise et amplifiée par groupes malveillants prorusses et pro-iraniens.
Les élections municipales des 15 et 22 mars 2026 n’échapperont pas à la règle et sont l’objet de toutes les attentions. Des ingérences étrangères peuvent se glisser au milieu des candidats avec des publications totalement fausses. Ces scrutins “seront visés” et “font d’ores et déjà l’objet de tentatives de déstabilisation d’origine étrangère”, a fait savoir la directrice adjointe de Viginum, Anne-Sophie Dhiver, lors d’une table ronde au Sénat. Sans parler des faux sites créés par IA pour usurper des sites d’infos… Ou manipuler les algorithmes de réseaux sociaux comme TikTok.
Viginum dispose d’une équipe d’une soixantaine de personnes pour mener des investigations en sources ouvertes et identifier les ingérences numériques étrangères. L’organisme a également un laboratoire commun avec l’Inria et créera une académie de lutte contre la manipulation de l’information.
Des risques bien réels

En 10 pages, Viginum décortique les principales menaces exemples à l’appui. Un glossaire complète cette liste pour aider à mieux les identifier. On retiendra l’ usurpation d’identité de sites : Storm-1516 a créé un faux site du parti Renaissance en juillet 2024, promettant 100 euros aux électeurs. La technique combine typosquatting (.fm au lieu de .fr) et copie de la charte graphique du site officiel. La création de faux médias : Storm-2035 a monté quatre sites de presse fictifs lors de la présidentielle américaine. Plus récemment, en France, des sites relayant des infox imitant des organes de presse nationaux français ont été identifiés.
Il y a aussi la « décontextualisation” d’images ou de vidéos Lors des législatives 2024, plusieurs vidéos de violences urbaines ont été présentées comme des conséquences directes des résultats alors qu’elles avaient été tournées avant le scrutin.
La manipulation des informations sur le déroulement du scrutin ou de prétendre que la procédure est frauduleuse, pour décourager la participation. Lors des élections espagnoles de 2023, des acteurs pro-russes avaient diffusé de fausses alertes terroristes et prétendu à la présence de faux bulletins de vote. Mais aussi des publicités sponsorisées : le mode opératoire RRN (pro-russe) en 2023 a diffusé des milliers de contenus anti-ukrainiens sous forme de publicités ciblées sur les audiences françaises. Comptes inauthentiques sur les réseaux sociaux : des armées de bots ou trolls (faux comptes) pratiquent l’astroturfing (donner l’illusion d’un mouvement de masse) ou le copy-pasta (republier massivement une infox). Etc. Et mêmes, au-delà des deepfakes, l’existence d’influenceurs sous contrat : en Roumanie, une centaine d’influenceurs totalisant 8 millions d’abonnés ont été payés via des plateformes pour promouvoir un candidat pro-russe.
Se préparer à la menace
Viginum incite les responsables de campagne à sensibiliser leurs équipes, à identifier les sujets sensibles susceptibles d’être instrumentalisés et à mettre en place une veille (réseaux sociaux, messageries…) dès le début de campagne. L’organisme suggère ensuite d’organiser des exercices de gestion de crise simulant une attaque. Cet exercice contribuera à valider une stratégie de communication de crise et à mieux coordonner le dispositif de réponse interne.
En cas d’attaque, Viginum recommande de faire comme tout bon nournaliste : vérifier ! Avant de répondre. On peut signaler certains fait à l’Arcom et à Pharos les contenus illicites, aux forces de l’ordre toute suspicion de fraude électorale.
Olivier SCHLAMA
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