Toulouse : Deux ministres en prison… pour vanter la “valeur travail”

Visite ministérielle au Centre de détention de Muret (Haute-Garonne). Photo ©ATIGIP

Elisabeth Borne, ministre du Travail, de l’Emploi et de l’Insertion et Eric Dupont-Moretti, garde des Sceaux, ministre de la Justice, se sont rendus au centre de détention de Muret (Haute-Garonne), la semaine passée, accompagnés des représentants de grandes entreprises françaises (Suez, Schneider Electric, Vinci, Microsoft, Safran…) pour détailler les dispositifs mis en place par l’État afin d’attirer les entreprises…

“Si la prison vise à punir les délinquants et à protéger la société, elle doit aussi permettre la préparation de la réinsertion des détenus qui ont vocation à en sortir. Le travail, en tant que valeur importante de notre société est un lien entre la détention et le monde extérieur. Le gouvernement est pleinement engagé pour le réaliser”, a commenté Eric Dupont-Moretti, lors de la visite.

Un nouveau type de contrat, depuis le 18 novembre 2021

C’est l’un des objectifs prioritaires de la loi pour la confiance dans l’institution judiciaire adoptée par le Parlement en novembre 2021, qui réforme le statut de la personne détenue au travail. Elle crée en effet un contrat d’emploi pénitentiaire entre un donneur d’ordre (entreprise, organisme d’insertion par l’activité économique, entreprise adaptée…) et le détenu, afin de “clarifier les règles, de sécuriser la relation de travail et d’encourager les entreprises à s’engager dans la démarche.”

Ce contrat d’emploi précise également les garanties dont bénéficie le travailleur en détention : durée de la période d’essai, montant minimal de la rémunération, durée du travail, etc.

Les chefs d’entreprise présents ont pu découvrir les outils mis en place pour aider les entreprises à s’engager en faveur du travail pénitentiaire et de la réinsertion professionnelle des personnes placées sous-main de justice. pour Elisabeth Borne : “Le temps de la peine doit aussi être un moment mis à profit pour acquérir des compétences, se former et faciliter autant que possible la réinsertion à la sortie. En clarifiant les règles de travail en détention, la loi permet d’encourager un maximum d’entreprises à se lancer dans la démarche, désormais bien encadrée, tout en sécurisant les droits du détenu…”

Le rôle des entreprises est “déterminant” pour la réinsertion

Parmi ces outils mis en place par la loi, la plateforme IPRO360° de l’agence du TIG (travail d’intérêt général) et de l’insertion professionnelle (ATIGIP). Cette pateforme propose une cartographie des lieux d’activité du travail pénitentiaire aux entreprises à la recherche d’informations sur les activités implabtées, les capacités de production et les caractéristiques des ateliers.

La plateforme Les entreprises s’engagent, a également été évoquée. Lancée le 22 octobre dernier, par le ministère du Travail et le haut-commissaire à l’emploi et à l’engagement des entreprises, qui intègre désormais une nouvelle catégorie d’actions en faveur des persones placées sous-main de justice et recense les opportunités d’engagements offertes par l’ATGIP aux entreprises. “J’invite donc les entreprises à s’engager et à contribuer à la réinsertion des détenus dans la société”, a poursuivi Mme Borne.

“Le rôle des entreprises est déterminant pour la réinsertion professionnelle des détenus”, a tenu à rappeler Thibaut Guilluy, le haut-commissaire à l’emploi… Un constat partagé notamment par Safran, implantée en détention depuis 50 ans et très satisfaite de ce dispositif, intéressant économiquement comme socialement.

Muret, un centre de détention symbolique

Le centre de détention de Muret, où 63,5% de la population écrouée travaille, fait figure de modèle dans ce domaine. “Cet établissement a été conçu autour du concept de travail, nécessaire à l’insertion professionnelle en sortie de prison et à la lutte contre la récidive. Aujourd’hui, on ne peut plus envisager un établissement pénitentiaire sans activité travail”, a assuré Eric Dupond-Moretti.

Parmi les domaines d’activité concernés au centre de détention de Muret, figurent en particulier des activités liées à l’industrie : bois, cuir et textile, mécanique (travail des métaux et outillage), plastique, caoutchouc, traitements thermiques et traitements de surfaces… Ainsi que centre et grande distribution.

En 2021, 31% de la population carcérale, soit 20 000 personnes détenues travaillent chaque mois en moyenne, dont 9 000 au sein des ateliers. Près de 400 entreprises sont implantées en détention.

Philippe MOURET

Le centre de détention de Muret est un établissement pénitentiaire qui n´accueille que des personnes détenues condamnées. D´une capacité de 621 places, c´est l´un des plus importants établissements pénitentiaires réservé aux condamnés. L´effectif en personnels est de 233 fonctionnaires auxquels viennent s´ajouter les personnels hospitaliers, les personnels de l´éducation nationale, ainsi que les employés du secteur privé qui encadrent le travail des personnes détenues. Sa superficie est de 14 hectares intra-muros, sa zone industrielle d´environ 15.000 m² d´ateliers. Le Centre de détention jouxte la Maison d´arrêt qui est située sur la ville de Seysses. Ces deux établissements aux missions très différentes n´ont pas de relations directes.
ATIGIP : L’agence du travail d’intérêt général et de l’insertion professionnelle des personnes placées sous-main de justice est un service à compétence nationale du ministère de la Justice. Elle développe en lien avec l’administration pénitentiaire, le travail d’intérêt général, alternative à la prison et l’activité professionnelle des personnes suivies par la justice en élaborant des dispositifs d’orientation, de formation, de travail en détention et d’accompagnement vers l’emploi.

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