Sports : Avec le ChessBoxing, la tête et les poings font bon ménage

Toute la beauté et a fureur du ChessBoxing dans cette illustration de l'inventeur de la discipline : Enki Bilal. Droits réservés @Enki Bilal

Le chessboxing mélange les échecs et la boxe. Cette notion de combat total, mêlant stratégie intellectuelle et force brute, est née dans l’imaginaire d’une star de la bande dessinée : Enki Bilal. Le combat se joue en onze rounds de 3 minutes alternant les deux disciplines sur le ring. Le vainqueur est consacré par KO ou par échec et mat.

L’équipe de France a effectué un  stage de préparation à Sète et Montpellier, en septembre dernier, afin de préparer les championnats du monde, en décembre en Turquie. Mais en attendant ce grand rendez-vous, c’est à Paris,  samedi 9 novembre, que plusieurs combats sont organisés.

Deux champions régionaux au Cabaret Sauvage

Thomas Cazeneuve (à d.), leader du ChessBoxing en France; photo crédit Wolff / CBGM

Lors d’une soirée évènement baptisée Chessboxing Fights Paris. Sur le modèle des IFC (Intellectual Fight Club), le public pourra découvrir au Cabaret Sauvage (59, Bd MacDonald, dans le 19e arr.) cette incroyable discipline au travers de quatre combats exceptionnels.

Avec notamment, dans la catégories des moins de 70 kgs Paul Ducher de Toulouse, dont ce sera le premier combat officiel , à 27 ans. Il sera opposé à une novice, comme lui, Antoine Lalos de Nantes. Et en moins de 75 kgs, le champion du monde nîmois Thomas Cazeneuve (du club de Montpellier), qui compte 7 victoires en 7 combats, affrontera le grand espoir kosovar de la discipline. Deux autres combats complèteront cette soirée.

Plusieurs initiatives se développent ainsi autour du ChessBoxing ces dernières années en France mais la pratique reste marginale en comparaison avec l’essor
qu’elle a pu connaître voici quelques années chez nos voisins allemands ou britanniques. Cela s’explique en partie par le fait qu’aucun acteur événementiel n’avait réussi à rassembler les chessboxeurs et structurer les clubs. Les choses avancent cependant, avec l’éclosion d’une Fédération de ChessBoxing-France.

Né d’une BD de Bilal, devenu réalité sur le ring !

Né d’une BD signée Bilal… Droits réservés @Enki Bilal

Le chessboxing français peut aussi compter sur ses deux ambassadeurs, Enki Bilal et Thomas Cazeneuve. En 2013, Enki Bilal (*) crée une série de dessins autour du
chessboxing. Étant lui-même un fervent défenseur du sport, il décide de mettre une de ses œuvres en vente afin d’aider à financer et populariser la pratique en France. La toile a donc été dévoilée et mise aux enchères par Artcurial sur les Champs Elysées à Paris.

L’évènement a été un véritable succès réunissant plusieurs centaines de curieux et  couronné par un combat spectaculaire animé par la grande actrice Charlotte
Rampling. Les recettes de l’oeuvre de Bilal ont été utilisées pour monter le Chess Boxing Global (CBG), qui se concentre sur la professionnalisation du sport.

Depuis quelques années, ces initiatives locales rencontrent un réel succès auprès de différentes typologies d’acteurs, que ce soient des joueurs d’échecs, des personnes pratiquant un sport de combat des associations de loisirs… Chaque club développe un réseau sur son territoire. L’arrivée des premiers combats officiels en France devrait permettre de coordonner tous ces différents acteurs afin de donner une nouvelle dimension au ChessBoxing”, soulignent les organisateurs du samedi 9 novembre.

Un Nîmois Champion du Monde en 2017

Thomas Cazeneuve, champin du monde en 2017… Photo crédit Wolff / CBGM

À ce jour, seuls deux français ont pris part à des compétitions officielles : le Nîmois Thomas Cazeneuve et Wilfried Hoareau. La mise en place de clubs à travers la France (dont Montpellier et Toulouse) va permettre la création d’une délégation française qui se rendra en Turquie en décembre pour les Championnats du Monde, avec pour objectif d’avoir un combattant par catégorie.

Figure de proue de la discipline, le nîmois Thomas Cazeneuve a découvert les échecs à quatre ans à l’initiative de son père. Fasciné par la dimension sportive de cette activité plutôt cérébrale. Thomas devient obsédé par la stratégie, la finesse et la rigueur imposées par les échecs, et intègre tout naturellement le club de ‘L’échiquier nîmois qu’il n’a jamais quitté depuis.

Il enchaine les compétitions pendant une dizaine d’années, d’abord au niveau départemental puis régional et enfin national. À son entrée au lycée, il délaisse cette activité pour commencer à pratiquer le kickboxing au club de Saint Geniès de Malgoires. C’est trois ans plus tard, en 2011, que son père lui fait suivre un article présentant le chessboxing. Une occasion inespérée pour Thomas de combiner deux de ses plus grandes passions. Il n’a alors que 18 ans et rêve déjà de devenir champion du monde de la discipline.

Plus de visibilité et développer la pratique

Le rêve du Nîmois va devenir réalité en 2017, en Inde où le chessBoxing est déjà bien développé, ayant pu financer son déplacement grâce à une cagnotte sur le web (à laquelle a d’ailleurs participé Enki Bilal). Une fois les sélections et les phases préliminaires passées, il se retrouve en finale contre un adversaire redoutable, le russe Amin Babachev. Bien que dominé en boxe, Thomas parvient à résister et à tenir jusqu’au round d’échec suivant. Là, profitant d’une erreur de son adversaire, il le met échec et mat et devient champion du monde…

L’événement de samedi pourrait être le déclic pour une meilleure connaissance de ce sport, né dans une bande dessinée d’anticipation, codifié par un artiste hollandais (Iepe Rubingh) et porté au sommet par un champion gardois. L’objectif est de donner plus de visibilité pour augmenter le nombre de pratiquants et faciliter les rencontre inter-clubs

Philippe MOURET

(*) Dans son album Froid Équateur sorti en 1992, Enki Bilal imagine une rencontre mêlant, dans un environnement apocalyptique et fasciste, boxe et échecs. En 2013, Iepe Rubingh, artiste hollandais, a l’idée de donner vie à ette discipline. L’événement, parrainé par Charlotte Rampling, se déroule sur les Champs-Élysées chez Artcurial. C’est à une réflexion autour de ce sport, faisant autant appel au physique qu’à l’intellect et nourrissant l’ambition de devenir discipline olympique.
Cabaret Sauvage :  59 Boulevard Macdonald, 75019 Paris. Ouverture des portes à 19h. Tarif Early Bird : 21,80 euros. Tarif normal : 31,80 euros