Sécurité : Entre le Maroc et la France, le port de Sète

Contrôles à Sète... la sécurité est une priorité. Photo M. R.

Sète, dans l’Hérault, est le seul port français qui dessert le Maroc, pays où bat le coeur du terrorisme djihadiste. Zoom sur les contrôles effectués ici, conjointement par les douaniers, les policiers et les militaires de l’opération Sentinelle, état d’urgence oblige.

On est lundi matin, au port de Sète, le deuxième port le plus important de la Méditerranée française, après Marseille, en terme de voyageurs, et l’unique port du pays à proposer une liaison en bateau entre la France et le Maroc. Il est 9h15. Alors que le mercure frôle déjà les 25 degrés, un ferry en provenance de Tanger vient d’accoster. Une longue guirlande de fourgonnettes et de voitures lourdement chargées entame sa lente descente vers le port, formidable porte d’entrée du nord de l’Afrique, vers l’Europe.

Les contrôles minutieux nécessitent du temps… Photo M. R.

De contrôles de papiers en fouilles de véhicules, le débarquement durera peu ou prou quatre heures. Il y a quelque 500 véhicules à inspecter. Pour ce faire, une douzaine de policiers, des chiens renifleurs, trente-trois douaniers et huit militaires de l’opération Sentinelle se relaient et coopèrent.

Priorité : la lutte anti-terrorriste

«La priorité, c’est la lutte anti-terroriste », souligne Laurent Siam, le directeur interdépartemental de la police aux frontières (PAF). Et pour cause : depuis les attentats de Madrid, en 2004, et ceux de Paris et Bruxelles en 2015 et 2016, l’on sait que le coeur du terrorisme djihadiste bat dans le nord du Maroc, dans la région très pauvre du Rif, là où prospèrent côte à côte idéologies djihadistes et plantations de cannabis.

Aussi, sur le port de Sète, la tension est palpable. Le Rif n’est pas sans évoquer les zones tribales du Pakistan. Cette région marocaine frontalière de l’Algérie connaît la croissance la plus faible du Maroc, l’analphabétisme féminin y atteint des records, tout comme la mortalité maternelle et la pauvreté : un terreau phénoménal, pour la radicalisation.

« Un fiché S sur chaque bateau »

« Evidemment, on vérifie s’il y a des gens potentiellement radicalisés qui arrivent ou qui partent d’ici vers des zones de guerre», souligne Daniel Miglietta, le chef divisionnaire des douanes de Montpellier. « Sur chaque bateau, il y a au moins un « fiché S » (un « fiché S » est une personne figurant dans le fichier des personnes recherchées. Il s’agit de quelqu’un soupçonné de visées terroristes ou d’atteinte à la sûreté de l’État, mais qui n’a pas pour autant commis un crime ou un délit, NDLR).

Economie souterraine

Hormis la lutte anti-terroriste, l’accent est également mis sur la contrebande, les trafics en tous genres ainsi que sur l’évasion fiscale, à Sète. Ainsi, en 2016, un million sept cent mille euros ont été saisis par les douaniers. De l’argent en partance pour le Maroc. Un chiffre presque atteint en ce début de mois d’août 2017 : depuis janvier, la douane a déjà saisi 1,5 millions d’euros, une fraction seulement de l’économie souterraine existant entre l’Europe et le Maroc.

M. R.