Le Syndicat mixte du Pays Haut Languedoc et Vignobles vient d’obtenir le label Grand Site de France pour le territoire Cité de Minerve, gorges de la Cesse et du Brian. Il n’y en a que 24 dans toute la France dont six dans la région. Pour davantage de touristes mais dans un esprit de maîtrise des flux avec des actions concrètes à la clef. Mariant slow tourisme et vie locale.
C’est un label que les élus chérissent, à juste titre. Relativement rare, il n’est pas aisé à obtenir : il marie développement durable, tourisme, protection et mise en valeur du patrimoine et gestion des flux touristiques. Il vise à transformer les contraintes en avantages. A unir les facettes d’une même pierre philosophale difficile à débusquer.
Ainsi, après 16 ans de procédures et d’attente, le Syndicat mixte du Pays Haut Languedoc et Vignobles vient-il d’obtenir le label Grand Site de France pour le territoire Cité de Minerve, gorges de la Cesse et du Brian qui s’étendent sur sept communes : Azillanet, Cesseras, La Caune, La Livinière, Minerve, Siran et Vélieux. Une reconnaissance importante, que vient de décerner la ministre du Tourisme, Monique Barbut, pour huit ans. Qui s’applique sur tout une partie du territoire héraultais, éloigné de la mer, dont la valeur patrimoniale fait de plus en plus d’adeptes.
Label construit autour du « diamant » Minerve

Après le Cirque de Navacelles (250 000 visiteurs par an) ; Saint-Guilhem-le-Désert ; les Gorges du Tarn, de la Jonte et des Causses (en 2024 !), le Canigou ; le Salagou (pour ne parler que des sites labellisés dans notre région), ce 24e label dans l’Hexagone construit autour du “diamant” qu’est Minerve. Selon le réseau des Grands sites de France, ce macaron représente bon an mal an 40 millions de touristes par an.
De quoi valoriser durablement ce territoire, comme l’explique Sylvain Brisa, chargé de mission Grand Site de France : “Au départ, en 2009, l’initiative part de Minerve, également classé plus beau village de France, comme Olargues et Saint-Guilhem-le-Désert. Puis, la démarche s’est naturellement étendue aux villages voisins. S’est lors imposée l’idée, autour de ces paysages remarquables de mieux faire comprendre l’intérêt de notre patrimoine ; mais aussi de mieux faire découvrir et mieux maîtriser, à l’échelle des sept communes, les flux touristiques en même temps que restaurer le petit patrimoine local (vignes, chapelles, capitelles, édifices en pierres sèches…) et le mettre davantage en valeur.” Pour cela, il y a tout un travail en amont, mobilisant les associations spécialisées, entre autres.
Que l’expérience soit bonne pour habitants et touristes

Labellisées il y a quelques jours Grand Site de France, les Gorges du Tarn et de la Jonte rejoignent les rares autres sites élus que sont les Gorges de l’Hérault, la Camargue Gardoise, le Cirque de Navacelles ou le Canigou dont la gestion est qualifiée “d’exemplaire“. Ce label, très difficile à décrocher, entend marier slow tourisme dans des paysages extraordinaires et vie locale, comme Dis-Leur vous l’a expliqué ICI. Ce label s’inscrit dans le cadre d’une loi du 2 mai 1930 sur “la protection des monuments naturels et des sites de caractère artistique, historique, scientifique, légendaire ou pittoresque”, dont le but est de concilier développement économique et touristique, accueil et économie locale. L’objectif est aussi que les autochtones ne soient pas dépossédés de leurs paysages emblématiques et qu’ils en soient les fiers ambassadeurs ; que les touristes puissent, eux, profiter pleinement de leur découverte. Bref, que tout se fasse dans la meilleure des harmonies possibles.
Garde-champêtre, campings-cars, itinéraires, circuits
Un premier plan d’action a été mené – avant l’obtention du label – ; puis, un second avec des actions concrètes. De la coordination et de l’accompagnement des acteurs, bien sûr, mais aussi, puisqu’il faut débuter par le commencement, de la prévention et des missions de surveillance via l’embauche d’un garde-champêtre. “Minerve n’a pas de problème de sur-fréquentation” mais certains jours, au coeur de l’été, cela peut vite être difficile pour tous, riverains comme touristes.” Parmi les idées, émerge celle de créer une aire de stationnement pour campings-cars, pas forcément à Minerve.
Ce label va permettre d’imaginer tracer des itinéraires au niveau de chaque commune et des circuits au niveau des sept villages labellisés Grand Site de France. Il s’agira aussi pour ces communes de se doter d’un PLU (plan local d’urbanisme) communal avec une vision harmonisée et collective sur les enjeux paysagers. Ce plan d’action 2025-2032 se dote d’un budget de 3,4 M€, principalement affecté à la restauration de son patrimoine. “Cette démarche nous permet d’avoir un partenariat financier privilégié avec l’Etat pour accompagner des projets de notre plan d’actions », confie encore Sylvain Brisa, chargé de mission.
Jusqu’à 300 000 visiteurs par an envisagé

Ce dernier complète : “Actuellement, nous accueillons sur les sept communes quelque 200 000 visiteurs par an. Nous pouvons monter à 300 000 visiteurs mais il faut au préalable créer les conditions d’un meilleur accueil. Pour qu’au final, l’expérience du visiteur soit bonne ; qu’il visite les villages alentours et revienne. Dans ce cadre-là, il ne sera pas inutile de réfléchir à « créer les conditions d’un hébergement équivalent à un car de 55 places.” Et à imaginer des activités de nuit ? Le syndicat mixte n’écarte pas la question ; il sait que les pics de fréquentation ne sont pas pendant les journées les plus écrasées de chaleur.
Sylvain Brisa itou : “Il s’agit de mieux optimiser les retombées économiques et que l’expérience soit meilleure pour tout le monde, redit-il. Les six autres villages en plus de Minerve sont embarqués dans la même histoire qui consiste, aussi, à faire venir des touristes au-delà du premier cercle que constitue Minerve, un diamant autour duquel on peut rayonner sur une journée ou dans l’année.” Et de leur faire comprendre l’intérêt patrimonial. A Azillanet, Cesseras, La Caune, La Livinière, Minerve, Siran et Vélieux. Avec davantage d’offres de visites.
“Valoriser un territoire vivant”

C’est grâce à cette cohésion et à la mobilisation générale de tous les partenaires dont le Parc naturel régional du Haut-Languedoc et l’appui constant des services de l’État, que ce travail exigeant a pu être mené. Pour le maire de Minerve, le Grand Site de France doit “valoriser un territoire vivant” à travers son développement économique pour le bien-être de ses habitants.
Pour la maire de Cesseras, l’attractivité des villages et des hameaux sera améliorée. Son homologue de La Caune insiste sur “le développement agricole et pastoral”. La maire de Vélieux signale, elle, que “la problématique de l’eau ne sera pas oubliée”. Quant aux maires de Siran et de La Livinière, ils reconnaissent que le petit patrimoine (capitelles, murets, terrasses…) ainsi que les patrimoines remarquables (édifices religieux) seront bien pris en compte. Enfin, le maire d’Azillanet indique que “le caractère identaire et spécifique du Grand Site sera conforté par des actions de protection et de valorisation du patrimoine naturel et culturel”.
La France compte quelque 2 700 sites classés et 4 500 sites inscrits, soit environ 4 % du territoire national.
Olivier SCHLAMA