Espace : Macron à Toulouse pour rallumer les étoiles de l’UE

Emmanuel Macron, à Toulouse... Photo d'archives. D-L

La réunion informelle des ministres chargés de l’Espace, organisée à Toulouse, était l’occasion d’aborder le spatial sous plusieurs aspects : le spatial comme “infrastructure critique de connectivité pour l’économie”, les règles communes d’usage de l’espace, mais également “le spatial au service du climat, de la science et de l’exploration”… Objectif : Faire de l’Union européenne un acteur stratégique de l’espace de demain.

La filière spatiale est une filière d’excellence européenne depuis des décennies, née d’une volonté commune d’autonomie stratégique et c’est l’excellence scientifique qui l’a faite émerger. Toulouse en est le coeur battant.

Les satellites, un défi majeur pour l’indépendance de l’Europe face aux Etats-Unis et à la Chine. Photo © image ESA

Si la France et l’Europe ont su construire une filière qui s’appuie sur des technologies, un savoir-faire et une excellence mondiale, il leur faut cependant, faire face à une concurrence internationale croissante.

L’ambition de “continuer l’aventure spatiale européenne”

Et le pari n’est pas seulement économique, mais aussi stratégique. Il s’agit désormais d’un enjeu crucial de souveraineté ! En particulier face aux Etats-Unis et à la Chine… Mais aussi, a insisté Emmanuel Macron, “l’émergence météoritique d’acteurs privés tels que Space X (Elon Musk, NDLR) ou Blue Origin (Jeff Bezos, NDLR).”

“Notre ambition doit être à la hauteur des défis du secteur spatial, afin que l’Europe continue de jouer, dans le spatial, l’un des rôles de premiers plans, aux côtés des États-Unis et de la Chine”, a d’ailleurs souligné le ministre français de l’economie, bruno Lemaire, “l’aventure spatiale, c’est une course de vitesse et c’est une course d’ambition. Poursuivons les investissements, libérons l’énergie entrepreneuriale dans le secteur et continuons à écrire l’histoire européenne du spatial !”

Lanceurs, “Constellation”, maîtrise des communications…

L’aventure spatiale européenne doit se poursuivre et s’intensifier… photo ©image ESA

Pour cela, l’Union européenne doit capitaliser sur les atouts dont elle dispose : des équipes scientifiques et des industriels de très haut niveau, un engagement de longue date et jalonné de nombreux succès. Mais pour que tout cela fonctionne et demeure compétitif -notamment avec le rôle essentiel des satellites pour la communication et internet HD- , une volonté politique forte est nécessaire de la part de tous les États membres.

La valorisation des données d’origine spatiale, le spatial de défense, le projet de constellation européenne de connectivité sécurisée, le projet Copernicus (programme européen sur le changement climatique) à horizon 2035, ou encore la finalisation du programme Galileo (système mondial de navigation par satellite) étaient les sujets au cœur des discussions de la réunion ministérielle informelle de l’Union européenne ce 16 février 2022 à Toulouse.

Les thématiques de la contribution du spatial à la lutte contre le changement climatique et de l’ambition européenne en matière d’exploration de l’espace étaient également à l’ordre du jour de la réunion ministérielle informelle de l’agence spatiale européenne, qui se tenait le même jour.

La maîtrise de l’espace une question vitale de “souveraineté” 

“L’espace est un bien commun de l’humanité…” Emmanuel Macron à Toulouse… Photo D-L

Emmanuel Macron a donc tenu à affirmer sa volonté d’assurer “une souveraineté spatiale européenne” et en particulier sur les lanceurs… Dans ce domaine, “un progrès extrêmement fort a été réalisé” avec des accords à la fois à l’ESA mais aussi bilatéraux entre la France et l’Allemagne, puis entre la France et l’Italie, qui ont permis de stabiliser le modèle économique d’Ariane 6, qui lancera ses premiers satellites à la fin de l’année 2022 – début 2023…

Comme a tenu à la souligner le chef de l’Etat, “sans maîtrise de l’espace pas de souveraineté technologique, sans maîtrise de l’espace pas de souveraineté industrielle et économique (…) sans maîtrise de l’espace, pas d’influence sur les grands enjeux environnementaux…” et il a tenu à voir se développer des “coopérations entre les acteurs classiques bien installés du secteur et des New-Spaces, émergents et très prometteurs…”

“Tout cela n’est pas de la science-fiction, cela se passe aujourdhui” a tenu à rappeler Emmanuel Macron qui tient à définir le choix d’une urope de l’espace : “l’espace est un bien commun de l’humanité” a-t-il insisté “qui doit être utile à tous (…) nous visons plus l’exploration, la connaissance, l’aventure humaine et scientifique plutôt que la marchandisation (…) mais pour cela il faut coopérer pour bâtir une stratégie spatiale européenne” face à “des choix fondamentaux et civilisationnels…”

Les douze étoiles sur fond bleu azur du drapeau de l’UE symbolisent les idéaux d’unité, de solidarité et d’harmonie entre les peuples d’Europe… C’est sans doute leur éclat, quelque peu terni depuis quelque temps, que se propose ici de rallumer Emmanuel Macron avec cette ambition qui est aussi une question essentielle pour l’avenir du continent et de la planète…

Philippe MOURET

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