Pour fêter son 30e anniversaire, le festival BD de Sérignan (Hérault) a mobilisé un plateau d’exception, avec une trentaine d’auteurs de premier plan. Et fidèle à sa tradition, l’événement du samedi 7 juin sera le “Prix de la Ville” qui récompense “un dessinateur pour la qualité de son premier album édité en France.” Et cette année, ce sont quatre dessinatrices qui ont été sélectionnées. Pour en savoir plus sur ce “carré de dames” aux talents prometteurs et particulièrement divers, c’est par ici !
Juliette Bertaudière, Tout le bleu du ciel (Albin Michel)
Juliette Bertaudière est née en 1999, elle a quitté sa Corse natale pour rejoindre Paris et étudier l’illustration à l’École de Condé. Major de promo en 2022, elle se plonge aussitôt dans la réalisation de son premier roman graphique, Tout le bleu du ciel, adaptation du roman de Mélissa Da Costa, avec Carbone au scénario. À la suite de ce projet, elle enchaîne, avec les éditions Les Arènes, la réalisation d’un autre roman graphique Superdys’ aux côtés de Christelle Bébouche à paraître à la rentrée 2025.
Dans ce premier album, Joanne répond à une annonce proposant d’accompagner dans son road trip un jeune homme souffrant d’un alzheimer précoce. Trois jours plus tard, avec un grand chapeau noir et un sac à dos, elle monte dans le camping-car d’Émile, direction les Pyrénées. Ce qui pousse Émile à fuir, on le sait : il entend profiter pleinement et librement du temps qu’il lui reste. Pour Joanne, mystère. Ainsi commence un voyage stupéfiant de beauté, à la rencontre des autres et à la découverte de soi.
Lucille Corbeille, Abîmes (Delcourt)
Après avoir travaillé en tant que comédienne, elle part pour un voyage à bord d’un voilier. Pendant ce périple sur la mer Méditerranée, elle se met à la photographie et à la réalisation de films d’animation. Toujours à la recherche d’une forme de fragilité, elle explore les notions que sont l’intime, le sensible et l’onirique. Elle travaille ses clichés, paysages ou portraits, au pinceau.
C’est tout à fait par hasard qu’elle a découvert ce qui est devenu sa technique favorite. L’encre de l’impression est diluée, ce qui donne à l’image des airs d’aquarelle, brouillant les lignes et faisant disparaître pas mal de détails pour laisser place à une nouvelle image, plus énigmatique. C’est avec ce procédé qu’elle illustre son premier roman graphique. Abîmes est l’histoire d’une quête intime et familiale qui se confronte à la lutte des classes et au patriarcat. Un texte hybride, mêlant journal de bord introspectif, retranscription d’entretiens et scènes d’auto-fiction, dialoguant avec ses photos d’archives familiales et séries d’autoportraits.
Priscille De Rekeneire, Le cœur à contresens (Editions Eyrolles)
Illustratrice et graphiste de métier, elle vit à Montpellier. Après des études d’arts et de graphisme, elle intègre une maison de création de parfums à Paris au sein de laquelle elle s’attache à pratiquer le dessin. Elle travaille aujourd’hui, en tant qu’illustratrice indépendante, pour différents domaines dont la presse et le film documentaire. Le cœur à contresens est sa première bande dessinée.
Résumé : En avril 2021. Selma, 27 ans, vit tranquillement dans le Sud de la France. Lassée par le rythme lent des couvre-feux et motivée par son amie, elle s’inscrit sur une application de rencontres et matche avec Erwan, un Parisien. Très vite, Selma est happée par cette idylle, tout se passe très bien… Peut-être même trop bien ? Ce récit, suspendu entre le Sud et Paris, nous dévoile les sables mouvants de l’emprise. À travers un trait sensuel et épuré, qui fait la part belle aux corps, Le coeur à contresens dessine l’engrenage, de la joie aux doutes puis à la douleur. Priscille de Rekeneire nous plonge dans ces apparentes histoires d’amour qui déroutent et violentent sans porter de coups, et que l’on peine souvent à expliquer.
Sixtine Dano, Sybilline (Glénat)
Diplômée d’un master en Cinéma d’animation aux Gobelins-Ecole de l’image, Sixtine Dano est animatrice 2D, illustratrice dans l’associatif et l’édition jeunesse, ainsi que professeure d’animation. Avec trois camarades, elle réalise en 2018 son court-métrage de fin d’études, Thermostat 6, eco-fiction primée et sélectionnée dans de nombreux festivals.
Sixtine mène également une double vie d’activiste climat auprès de plusieurs associations. Elle contribue en parallèle à la création de plusieurs collectifs d’artistes engagés. Avec Sibylline son premier roman graphique, Sixtine partage le récit intime et complexe d’une étudiante qui tombe dans la prostitution. Cette histoire est inspirée de témoignages bouleversants de réelles escort girls et sugar babies rencontrées à Paris sur plusieurs années.
Ph.-M.
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