Des domaines stratégiques tels que le climat, la préservation de la biodiversité, la santé et les maladies émergentes, ou encore les sciences sociales sont touchés par les coupes sombres de l’administration Trump dans le domaine de la recherche. Avec un important soutien de la Région Occitanie, les universités de Toulouse (“Toulouse Safe Place for Science”) et Montpellier (“Choose Montpellier”) ont lancé des appels à candidatures via leurs réseaux et partenaires basés aux Etats-Unis.
La politique très agressive de Donald Trump envers la recherche scientifique inquiète profondément les chercheurs travaillant aux États-Unis. Et “face aux licenciements massifs menés dans certains instituts scientifiques, aux coupes budgétaires, à l’abandon de programmes de recherche et à la menace d’une dégradation sérieuse de la liberté académique, nombreux seraient déjà les chercheurs qui envisagent de quitter le pays” soulignait ainsi le site FuturaSciences.
Soutien fort aux universités de Montpellier et Toulouse
En soutien à l’initiative des universités de Toulouse et de Montpellier d’accueillir une quinzaine de chercheurs dans leurs laboratoires, la Région mobilise 2M€ pour notamment participer à la prise en charge de leurs salaires, aux recrutements de chercheurs ou à l’acquisition d’équipements.
“Quelques mois après le lancement de notre initiative face aux coupes budgétaires et aux restrictions imposées par l’administration Trump aux universités américaines, l’Occitanie franchit aujourd’hui une nouvelle étape. Nous avions annoncé un soutien de 2 M€ aux universités de Toulouse et de Montpellier pour accueillir une quinzaine de chercheurs américains : la première chercheuse est arrivée à Montpellier depuis un mois, et quatre autres chercheuses vont arriver à Toulouse dans les prochaines semaines et mois” explique Carole Delga.
“A l’avant-garde de la défense des libertés académiques”
Pour la présidente de la Région Occitanie Pyrénées-Méditerranée, “en choisissant de poursuivre leurs travaux en Occitanie, elles incarnent l’esprit de résistance et de solidarité scientifique que nous défendons. Leurs compétences viendront renforcer nos dynamiques dans des domaines stratégiques : lutte contre le changement climatique, énergies renouvelables, santé et maladies émergentes, sciences humaines et sociales… Plus que jamais, l’Occitanie se place à l’avant-garde de la défense des libertés académiques et de la coopération scientifique internationale et continue de soutenir la science dans l’Hexagone au service du progrès humain et de la vérité.”
Elles sont cinq, à avoir choisi l’Occitanie afin de poursuivre leurs recherches dans un contexte plus apaisé :
- – Pleuni Pennings, en provenance de l’Université de San Francisco a rejoint

Photo ©Pleunipennings l’Université de Montpellier depuis le 1er octobre. Elle est professeure en écologie, spécialiste de la bio-informatique et de l’IA appliquée à la santé. Elle étudie la résistance des microbes et virus aux traitements (sida, paludisme, E.coli).
Elle a été fortement impactée par les coupes budgétaires dans le domaine de la recherche en santé. Elle a fait le choix de poursuivre ses travaux en Europe, et plus précisément en Occitanie, à Montpellier au sein du laboratoire ISEM, reconnu pour ses travaux sur l’évolution de la biodiversité, avec lequel elle a entamé une collaboration.
- – Ankita Jha, en provenance du National Institutes of Health (Bethesda), elle rejoindra Toulouse d’ici la fin de l’année pour deux ans. Chercheuse en biologie cellulaire, spécialiste de la dynamique des membranes plasmiques et de la morphologie cellulaire, elle étudie leur rôle dans la signalisation intracellulaire et la résistance aux traitements anticancéreux.
Ses travaux ont été affectés par les restrictions américaines sur la recherche biomédicale. Elle a choisi de poursuivre son projet Bleb Morphology in Signaling and Cancer Progression au Centre de Biologie Intégrative de Toulouse, en s’appuyant sur les plateformes d’imagerie et l’expertise locale en biophysique.
- – Cecily Sunday, en provenance du NASA Postdoctoral Program (Université du Maryland), elle rejoindra Toulouse d’ici la fin de l’année pour deux ans. Ingénieure mécanicienne et docteure en astrophysique, elle est spécialiste des interactions engins-surfaces planétaires et a contribué aux missions NASA InSight, Perseverance et JAXA MMX.
Ses travaux ont été fragilisés par les contraintes budgétaires américaines sur la recherche spatiale. Elle a choisi de poursuivre ses recherches à l’ISAE-SUPAERO, en collaboration avec le CNES, l’IMFT et l’IRAP, pour développer des simulations haute-fidélités au service des futures missions d’exploration planétaire.
- – Alexandra E. Hui, en provenance de la Mississippi State University, elle

Alexandra E. Hui. Photo DR rejoindra Toulouse début 2026 pour deux ans. Historienne des sciences, du son et de l’environnement, elle étudie l’expérience sensorielle et auditive dans les processus de restauration écologique, en comparant les fleuves Los Angeles et Havel.
Elle développera à Toulouse, au sein de l’IPEAT, de FRAMESPA et du laboratoire PLH, son projet sur la Garonne, en lien avec le programme TIRIS dédié à la durabilité et au bien-être.
- – Caroline Sequin, en provenance de Lafayette College (Pennsylvanie), elle rejoindra Toulouse à l’été 2026 pour deux ans. Historienne, spécialiste de l’histoire sociale et politique de la France et de l’Empire, elle étudie les liens entre race, genre, sexualité et empire. Ses recherches, fragilisées par les restrictions américaines sur les sciences sociales, l’ont conduite à poursuivre ses travaux en Europe.
Elle rejoindra le laboratoire FRAMESPA pour développer deux projets sur les mariages mixtes dans l’Empire français et sur les “war brides” françaises après 1945, renforçant les échanges franco-américains autour des questions de genre et de race.
Selon une étude menée par la revue Nature auprès de 1 608 participants (citée sur le site https://trustmyscience.com/) “1 200 scientifiques [aux Etats-Unis, NDLR] déclarent être activement en recherche d’opportunités professionnelles à l’étranger, notamment en Europe et au Canada. Les jeunes chercheurs apparaissent comme les plus vulnérables face à cette crise…”
Philippe MOURET
A propos de sciences :
Sciences : Trois chercheuses toulousaines à l’avant-garde de la recherche contre le cancer
Sciences : La Montpelliéraine Claude Grison lauréate du Prix de l’inventeur européen