À Toulouse, une association de quartier promeut l’autonomie et l’accès aux droits des femmes grâce à une aide de la Région Occitanie dans le cadre des budgets participatifs.

Lauréat du budget participatif de la région Occitanie, le projet a mis en place des ateliers et des formations pour renforcer l’autonomie des femmes, notamment dans les zones rurales. Au-delà de la montée en compétences, il s’agit d’un véritable levier d’émancipation sociale et économique, porté par une dynamique locale forte. Le projet est porté par l’association Femmes de Demain. A ce titre, la Région Occitanie leur a octroyé une aide de 3 000 € à la suite d’un vote citoyen. Ce n’est pas une grosse somme mais elle a été suffisante pour provoquer une dynamique positive.
À Toulouse, Farida Gourmala, qui fut écrivaine publique, fondatrice de l’association l’Atelier du Scribe, lutte pour les droits et l’autonomie des femmes des quartiers populaires. À 74 ans, cette ancienne enseignante, née en Algérie, continue à se battre pour plus d’égalité, de sororité et de dignité.
L’association guide les habitants du quartier des Izards dans leurs démarches administratives et les aide à faire valoir leurs droits. Depuis 2017, faute de financements, il n’y a plus de salariés et plus de local mais les actions se poursuivent en lien avec d’autres associations, notamment Karavan et Partage 31.
“Elles acquièrent davantage de confiance en soi. La parole les libère…”
Mais faute de financements, elle a d’abord dû faire une croix sur son local et le salarié. Mais poursuit ses actions en lien avec d’autres associations locales. “On mutualise nos forces”, explique Farida qui s’éclaire : “Nous avons aussi réussi grâce à cet argent à subventionner ces séjours. À partir ensemble, par groupe d’une dizaine de femmes à chaque fois, du quartier en voyages pour qu’elles s’extraient de leur quotidien difficile : en Tunisie, Marseille, en Espagne, une sortie à Ax-les-Thermes (Ariège).”
L’argent de la région a servi, lui, pour voyager à Malaga et à Tunis. “On y a rencontré des associations locales. Pendant ces moments là, de trêve, où l’on passe les journées ensemble ; les soirées ensemble ; la parole circule. Beaucoup arrivent à prendre du recul et ont le courage de se confier et parfois de prendre des décisions ; il y a eu ainsi beaucoup de séparations enclenchées par des femmes de notre association. Elles avaient tellement subi les affres de la vie conjugale… Au final, elles acquièrent davantage de confiance en soi. La parole les libère… C’est très important.” C’est une façon de promouvoir une nouvelle autonomie de ces femmes du quartier des Izards.
Certaines se voient refuser le renouvellement de leur titre de séjour parce qu’elles ont quitté un mari violent. Elles subissent une double peine”
Au cœur de la charte de l’association : l’égalité femmes-hommes, la lutte contre les violences conjugales et contre la pauvreté. Farida et l’association se battent pour les droits de toutes les femmes, surtout celles qui cumulent les vulnérabilités : femmes immigrées, isolées, âgées ou en grande précarité. “Certaines se voient refuser le renouvellement de leur titre de séjour parce qu’elles ont quitté un mari violent. Elles subissent une double peine”, exprime-t-elle. Un collectif a été créé pour défendre spécifiquement les femmes se retrouvant dans cette situation. L’association organise aussi des ateliers d’écriture, des visites urbaines sur les traces de femmes importantes dans l’histoire de Toulouse, des stands sur les marchés, des actions de sensibilisation aux droits des femmes lors des journées du 8 mars ou du 25 novembre, des expositions.
“On a créé une dynamique”
Farida Gourmala, partie jadis d’Oran au milieu des années 1990, fuit alors un pays où elle est menacée. “En tant que femme seule et indépendante, j’étais une cible”, confie-t-elle. Et de confier : “J’arrête l’association ; on a épuisé nos moyens. les financements sont difficiles à obtenir mais grâce à l’aide de 3 000 € de la Région Occitanie, on a fait des voyages entre femme et surtout on a créé une dynamique et pas mal de femmes se tournent vers d’autres associations. C’était le but. Pour certaines femmes, notre action les a transformées ; elles ont compris qu’elles pouvaient s’en sortir. Et participer à d’autres choses plus émancipatrices.” Aujourd’hui, Fadela Gourmala gère des jardins partagés de 36 adhérents. On ne se refait pas.
Olivier SCHLAMA