150 jeunes israéliens refusés dans les P.-O. : Le gérant mis en examen, un juge d’instruction saisi

L’enquête se poursuit à Perpignan sur commission rogatoire pour vérifier les versions du mis en cause.

Philippe Latgé, procureur de la République adjoint a fait parvenir un communiqué de presse aux rédactions titrée : Enquête pour discrimination à l’égard d’un groupe de 150 jeunes touristes de nationalité israélienne.

“A l’issue de l’enquête de flagrance menée par la brigade de recherches de Prades (66) en co-saisine avec l’Office Central de Lutte contre les crimes contre l’humanité et les crimes de haine, une information judiciaire a été ouverte, ce jour.” Le gérant du parc d’activités de loisirs Tyrovol de Porté-Puymorens (Pyrénées-Orientales) {un parcours aérien de tyroliennes, Ndlr} dont la garde à vue avait été prolongée hier, a été “déféré ce samedi 23 août 2025 au parquet de Perpignan. Un juge d’instruction, désormais en charge de la suite des investigations, est saisi des faits ainsi qualifiés : discrimination fondée sur l’origine, l’ethnie ou la nationalité, refus d’un bien ou d’un service dans un lieu accueillant du public ou pour en interdire l’accès.”

L’enquête va désormais se poursuivre sur commission rogatoire du juge d’instruction

Cette infraction est punie de cinq ans d’emprisonnement et de 75 000 € d’amende. Au terme de l’interrogatoire de première comparution, le juge d’instruction a mis en examen le gérant du parc d’activité de ce chef d’infraction.

Le mis en examen a confirmé, lors de cet interrogatoire, les déclarations qu’il avait faites en garde à vue, expliquant que son refus d’accueillir le groupe de jeunes touristes de nationalité israélienne n’était pas lié à des considérations idéologiques, et invoquant des raisons de “sécurité“.

Le parquet de Perpignan avait formulé des réquisitions de placement sous contrôle judiciaire. Le mis en examen, inconnu de la justice, a été mis en examen mais laissé libre à l’issue de son interrogatoire de première comparution.

“Des responsables politiques banalisent l’antisémitisme”

L’enquête va désormais de poursuivre sur commission rogatoire du juge d’instruction afin de procéder aux vérifications nécessaires, notamment celles relatives à la version du mis en examen, et le cas échéant permettre les éventuels dépôts de plaintes et constitutions de parties civiles des jeunes touristes de nationalité israélienne.

Hier, on apprenait qu’un groupe de quelque 150 jeunes juifs israéliens, âgés de 8 ans à 16 ans, qui résidaient en Espagne, avaient réservé, pour jeudi, une journée dans un parc de loisirs à Porte-Puymorens (P.-O.) “La réservation date de plusieurs semaines”, expliquait ainsi Perla Danan, présidente du Crif Languedoc-Roussillon. “S’attaquer à des enfants parce que juifs, si c’est le cas, c’est pathétique. Le gérant a été placé en garde à vue, c’est un bon signe. Il a dit ensuite qu’il avait eu un ennui technique pour se rattraper. Nous attendons une réponse ferme de la justice. Il faut que ce soit les Français dans leur ensemble qui refusent cela. C’est très important.” Perla Danan a aussi une explication politique désignant des responsables politiques qui banalisent l’antisémitisme le qualifiant de résiduel en France” ; il y a “Macron qui fait des déclarations sur Israël, etc. Les gens se sentent autorisés ; à se dire : on peut dire et faire contre les Juifs…”

Agé de 52 ans, le gérant du parc de loisirs aurait invoqué des “convictions personnelles”, a précisé l’Indépendant. Avant d’invoquer des “raisons de sécurité”. Le parquet de Perpignan, lui, rappelle qu’il s’agit bien d’un délit puni par la loi.

Olivier SCHLAMA