Voitures : L’occase sans l’arnaque

Présent à Toulouse et Montpellier depuis quelques mois, Carizy se définit comme un intermédiaire de confiance dans les achats et ventes de voitures d'occasion entre particuliers. S'appuyant sur un réseau d'experts qui couvre tout l'Hexagone. Photo : DR.

Dénicher la bonne affaire correspondant à ses critères relève du parcours du combattant. A lui seul Le Bon Coin réunit deux-tiers des annonces de vente de voitures… Après onze années d’expérience dans les directions commerciales de grands groupes comme Bouygues Telecom, Atos et Le Figaro (il a notamment piloté le projet de transformation digitale de Mc Donald’s et la gestion de grands comptes comme Casino, FNAC, Cdiscount, Monoprix ou Intersport), Mathias Hioco, diplômé de l’EM Lyon,  a créé Carizy en 2016. Plate-forme d’achat entre particuliers, la start up 100% digitale se veut intermédiaire de confiance, appointée bien sûr, pour vendre ou acheter une voiture d’occasion en toute sécurité.

La start-up Carizy est présente partout en France depuis 2015. En moyenne, actuellement elle permet à 120 voitures par mois de changer de main sur six millions de transactions par an dans l’Hexagone, dont l’Occitanie où la jeune pousse est présente (Toulouse et Montpellier depuis janvier 2017). Et ce n’est pas fini : selon l’observatoire Cetelem, en 2015, un tiers des Français seraient susceptibles d’acquérir une voiture via son écran d’ordinateur. Entretien.

Carizy se veut un peu comme le nouvel AirBnB de l’auto d’occase. Curieusement, la vente de voitures d’occasion s’est digitalisée depuis seulement peu de temps ? Pourquoi ?

C’était déjà un peu le cas avec l’immobilier il y a quelques années. Effectivement, l’auto, c’est le second plus gros marché après celui de l’immobilier. Il a peu évolué. C’est aussi principalement dû au fait que ce sont de très gros acteurs et des acteurs historiques qui le dominent. Depuis quelques années, c’est la priorité justement de ces acteurs-là d’investir l’internet. Mais c’est très récent.

Mathias Hioco (au centre) et les trois autres associés de Carizy, la start-up 100% digitale qui se propose d’être intermédiaire de confiance entre acheteurs et vendeurs de voitures. Photo : DR.

Il existe déjà des sociétés qui vendent de l’occasion très récente, voire des occasions-neuves…? Il y avait déjà, avant vous, une volonté de rapprocher client et vendeur ?

Ce genre de société un peu plus digitale que les poids lourds du secteur c’était une offre nouvelle mais proposait de faire de la reprise. Tous les véhicules étaient sur leur site ; ils proposaient de prendre rendez-vous directement sur le site… En revanche, en terme de proposition de valeur, ils n’apportent pas la sécurité entre particuliers. Ils rachètent des véhicules, les reconditionnent et les revendent. Ce n’est ni plus ni moins qu’un concessionnaire digital.

Mathias Hioco : “Il y a entre 10 % et 15 % de fraude”

Et vous ?

Il y a d’autres start-up qui s’y mettent mais Carizy  est l’acteur, l’intermédiaire, le tiers de confiance entre particuliers, acheteur et vendeur. Et en France ce qui est dingue, c’est qu’il presque six millions de transactions par an ; les deux-tiers des transactions se font entre particuliers.

L’occasion est marché qui a été délaissé au profit du neuf par les gros acteurs. Finalement, le neuf a baissé ; l’occasion ne fait qu’augmenter : c’est trois fois  plus gros que le neuf… Les gens n’ont pas d’autres alternatives que se débrouiller entre eux sur Le Bon Coin pour essayer de faire la meilleure affaire. La difficulté, ce sont les problèmes inhérents de qualité de véhicules, de sécurité, les arnaques… Il n’y a pas de chiffres officiels mais on sait qu’il y a au moins 10 % à 15 % de fraude. Après, il y a différentes types de fraudes. Des vices cachés, des arnaques de paiement, sans compter le temps perdu avec des gens pas sérieux. Vendre sa voiture, c’est un parcours du combattant : il faut faire des photos, faire l’annonce, il y a plein de gens pas sérieux ; il y a ceux qui essaient de négocier. Après, il y a toutes les formalités qui peuvent être stressantes pour certains.

Vous apportez quoi ?

Nous, on apporte des services de qualité et de sécurité grâce au digital. Tout en ayant un prix très compétitif. Certaines sociétés dont on parlait tout à l’heure vous reprendront votre voiture en 24 heures mais vous allez perdre 30 % à 35% de sa valeur. Cette solution-là qui répond à une petite tranche de la population qui a besoin de vendre vite, très vite, var ils ont besoin de cash à cause d’un divorce ou autre. Mais quelqu’un qui veut vendre son véhicule en toute sécurité et qui n’a pas envie de se faire avoir, on lui apporte professionnalisme et sécurité. On prend 5% à 6% du prix de la vente. Sachant que l’on valorise la voiture. Nous avons un partenariat avec des experts diplômés : ce ne sont pas des salariés de chez nous qui vont faire l’estimation mais bien des pros indépendants qui viennent chez vous et contrôlent durant une heure sur 100 points de contrôle et qui vont remettre un rapport qui est mis sur notre site. Ils en sont responsables. On a plus de 130 cabinets – soit 600 experts à piloter- qui couvrent l’Hexagone et présents dans toutes les grandes villes. On trouve l’acheteur, en moyenne en trois semaines. On peut même se le faire livrer ! Le rendez-vous d’expertise est donné dans les 48 heures. Et derrière tout va très vite : on a une application mobile pour les expertises. Il faut compter en moyenne trois semaines pour vendre le véhicule.

“Le juste prix, c’est le bon prix.”

Le juste prix, n’est-ce pas le prix trop bas ?

Pas du tout. Si on était trop bas, les gens ne passeraient pas par nous. Le juste prix, c’est au contraire, le bon prix. C’est-à-dire le prix de transaction. On ne fait pas de reprise ! C’est vrai que l’on essaie de s’écarter de cotations qui, aujourd’hui, ne reflètent pas la réalité. On le voit avec certains acteurs de cotations qui sont au dessus de 15% de la côte du marché ou d’autres qui ne sont pas basées sur des transactions. On s’appuie sur un partenaire qui va enregistrer tous les prix de transaction qui ont été effectivement réalisés. Tout en valorisant le véhicule qui bénéficie sur notre site de 50 photos HD. Une garantie de six mois pour l’acheteur. C’est un vrai plus par rapport à un véhicule inconnu sur un site quelconque. Sans oublier que nous sécurisons le paiement.

Pourquoi personne n’y a pensé avant ?

C’est comme tout ! (rires). J’ai découvert cela aux USA. Je me suis dit la même chose… J’ai rapidement constitué une équipe de quatre personnes, mes associés, tous ont 15 ans d’expérience et sont spécialistes dans leur secteur. C’est ce qui a permis de décoller grâce aussi à notre réseau. En commençant en région parisienne. C’est ce qui nous a permis une levée de fonds d’un million d’euros  auprès de la Macif et de la Matmut et un déploiement dans toute la France. Et là on va recommencer prochainement. Aujourd’hui, on intervient sur un peu plus de 120 voitures par mois. Le panier moyen tourne à 12 000 euros. On sert d’intermédiaires aussi beaucoup sur des véhicules d’une valeur de 6 000 euros à 7 000 euros. Et aussi pour des premium à 18 000 euros à 19 000 euros. De la citadine à la berline.

Pourquoi est-ce plus cher en concession ?

Parce qu’ils ont des coûts de structures qui sont d’environ 15 % à 20 %. Ils ont des vendeurs en concession ; ils ont des stocks qui coutent très cher. Il faut déjà de la trésorerie pour acheter les véhicules, les stocker et les entretenir… tout l’intérêt de notre service c’est que l’on n’a pas tout ça. Et comme on est digital, et que l’on n’achète aucune véhicule, on peut faire de gros volumes.

Cent-vingt voitures vendues par mois sur six millions de véhicules vendus en France par an, vous avez de la marge…

Oui. Il y a un gros marché. C’est pour cela que l’on fait une seconde levée de fonds. On va recruter. structurer les équipes en terme commercial que pour tout le secteur digital. Une partie importante du budget sera investi dans la communication. Pour se faire connaître.

Les motos et les véhicules électriques  vous concernent-il ?

Les motos, pas encore. On se concentre sur les voitures. Mais rien n’empêchera demain de dupliquer ce service aux deux-roues à moteur. Déjà beaucoup de nos experts sont capables d’expertiser des motos. En revanche, nous faisons voitures hybrides et électriques. Nous avons des experts pour ça. Ils évaluent bien sûr les batteries.

Recueilli par Olivier SCHLAMA

Yvan Ruquet, l’expert : “Si la voiture n’est pas entretenue, je ne l’expertise pas…”

Yvan Ruquet est l’un des treize experts automobiles du cabinet Ruquet-Mora-Robinet, situé à Saint-Jean, près de Toulouse. “En un an, nous avons expertisé une quarantaine de voitures”, explique-t-il. Quels types de véhicules ? “Pas question de prendre une voiture de 15 ans et de 200 000 km, confie-t-il. On ne prend pas de risque. On accepte plutôt des voitures de trois à cinq ans. Celles que nous avons le plus expertisées datent de 2011, 2012 et 2013. d’un peu toutes marques. Ce que l’on veut, c’est du fiable. D’ailleurs, on refuse régulièrement des voitures.” Il ajoute : “Ça se passe comme ça : je fais déjà un premier tri au téléphone ; il faut que la voiture son suivi d’entretien à jour. Si elle n’est pas entretenue, je ne l’expertise pas.” Par ailleurs, Yvan Ruquet note que “le vendeur et Carizy ont ensuite une discussion sur le prix et met l’annonce en ligne. Nous, en tant qu’expert, nous ne faisons que valider l’état de la voiture et on certifie qu’il n’y a aucun souci, aucun vice caché. Et que l’annonce soit en rapport avec la réalité. ”

O.SC.

Un acheteur : “Le rapport d’expertise déterminant”

Tanguy de Saint-Aubin est notaire dans le Morbihan. Il vient d’acheter une C 8 Citroën de 2011 à 13 990 euros affichant 73 000 kilomètres au compteur. Pour lui, cette occasion était “à un bon prix”. C’est ce qui l’a décidé à conclure l’affaire et même à faire le trajet depuis sa Bretagne jusqu’à Toulouse pour prendre possession de sa nouvelle berline ! “J’ai d’abord consulté les annonces sur le Bon Coin, comme tout le monde, dit-il. Et je suis tombé sur une belle annonce qui était en fait publiée par Carizy. Je ne connaissais pas du tout cette société qui est toute jeune. L’élément déterminant pour moi ça a été le rapport d’expertise. Ce fut une agréable surprise de me rendre compte que c’était un véritable expert qui l’avait écrit, souligne cet acheteur. La moindre rayure y était consignée ! C’est la première voiture que j’achète ainsi. Le vendeur était sympa. On a signé dans les locaux de l’expert à Toulouse.”

O.SC.